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Dans la même série que le Masque de Venise (clic) que je vous montrais l'année dernière à peu près à la même époque,
j'avais fait aussi
un Masque en Dentelle Russe
Il est fait dans un mélange de lin 60/2, de fil métallisé et de coton perlé
C'est un bon petit exercice de quelques techniques particulières à la dentelle russe :
le lacet avec une façon de travailler le coton perlé au milieu qui donne l'impression qu'on a fait du point de chainette
et puis les fameuses petits araignées russes.
Pour les "point de chainette", le principe est simple. Vous placez deux paires de fils fantaisie au milieu de votre lacet. Dans le masque, il s'agit de 2 paires de coton perlé, une argentée et l'autre verte.
Sur mon dessin, j'ai une paire noire et l'autre jaune.
Imaginons que nous soyons en train de travailler le dernier rang (signalé par la flèche bleue).
On travaille le lacet normalement, et, arrivé au milieu, on soulève la paire jaune et on passe les voyageurs au milieu des 2 paires de coton perlé : au DESSUS de la paire noire et au DESSOUS de la paire jaune.
Avant le prochain passage des voyageurs, il vous faudra inverser la position des deux paires de coton perlé,
c'est à dire dans notre cas passer vos fils jaunes à l'extérieur
( Torsion à gauche et Croisement à droite )
Ce sont donc vos fils noirs qui seront au milieu lors du prochain passage des voyageurs.
C'est simple comme tout, et ça fait un effet spectaculaire .... que vous pouvez utiliser au milieu de n'importe quel lacet, même si vous n'êtes pas en train de faire du russe
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Alors, où en sommes nous ?
Et bien, comme vous le voyez, j'ai continué mon petit carré.
Pour ne pas être gênée par le gros noeud de fils et par les épingles du démarrage (qui se situaient au niveau du trait bleu sur la photo),
j'enlève les épingles au fur et à mesure que j'avance
même celles du début
(contrairement au crochetage où on doit les laisser).
Je peux donc denteler tranquillement, en continuant à enlever mes épingles au fur et à mesure, la place est ainsi toujours libre autour de moi.
Avec cette technique, si je travaille une grande dentelle sur une galette à cubes, je peux déplacer les cubes comme je veux puisque je n'ai pas à garder le démarrage en place.
J'ai donc toujours la dentelle au milieu de la galette, bien en face.
Et si je n'ai pas une galette à cube, et bien une dentelle, ça se déplace (vi vi ... on en reparlera un jour).
Rien de tel pour faire de la vilaine dentelle que de se tortiller pour denteler tout au bord du carreau, voire même d'avoir ses fuseaux ... en dehors du carreau.
Après bien des effort et de loooooongues heures de travail
je me retrouve enfin au niveau de ma ligne d'aponçage idéale (en rouge sur la photo).
Youpi c'est fini !
Ben non ... et ça, c'est le gros inconvénient de l'aponçage : il faut encore continuer sur 3 cm environ.
Ah bon ?
ça c'est vache !
a-y-est ... c'est terminé, j'ai réalisé mes 3 cm supplémentaires.
Je ne fais pas de noeuds, rien du tout, j'abandonne mes fils comme ça
je noue la botte de fils sur une grosse épingle,
et je coupe les fils à mi chemin entre le noeud et la dentelle
(petits traits rouges sur la photo).
J'enlève toutes mes épingles pour retirer la dentelle de la galette.
Comme vous le voyez, il y a donc toute une partie en double, plus ou moins longue selon le temps qu'il m'aura fallu au départ pour me mettre au point.
L'essentiel est que, sur la ligne d'aponce, si on les met l'une sur l'autre,
les deux "couches" de dentelle doivent coïncider PARFAITEMENT
Je vais aponcer sur la ligne de réseau juste à gauche des tirets rouges, et comme vous le voyez, on ne se rend pas compte qu'il y a deux couches de dentelle, elles se chevauchent parfaitement.
Pour me faciliter un peu le travail d'aponçage, j'ai faufilé des deux côtés de mon aponce pour que les deux morceaux restent bien soudés à la bonne place, quand je vais coudre.
Plus tard, quand j'aurai l'habitude, je pourrai me passer de faufiler, mais au départ, c'est plutôt conseillé.
Comme on ne voyait pas trop mon fil à faufiler bleu clair sur la photo, j'ai mis des points bleus sur mes lignes de faufilage qui encadrent donc ma ligne d'aponce (en rouge)
Une petite chose .... toute bête ... mais très importante à faire quand vous avez fini la préparation.
Mettez votre dentelle à plat avant de commencer à aponcer.
Pourquoi ?
Et bien on est tellement obnubilé(e) par ces deux petits morceaux de dentelle qu'on doit bien appliquer l'un contre l'autre
....qu'on ne fait pas attention au fait que la dentelle s'est tournée
comme ça, sur la photo de gauche
Bien sûr, sur un tout petit carré comme celui ci, on le voit tout de suite.
Mais sur une grande dentelle, un tour de nappe à thé par exemple, je vous assure que ça peut arriver très facilement sans qu'on s'en rende compte (vi vi , c'est du vécu)
Et vaut mieux s'en apercevoir maintenant qu'une fois toute la couture faite !
Bon, et maintenant, j'aponce avec quoi ?
avec une aiguille plus ou moins fine selon la grosseur de ma dentelle.
Et avec du fil ... et le fil .... c'est le big problème de l'aponçage !
AVANT même de commencer la dentelle,
vérifiez que vous aurez le bon fil pour aponcer
Pour aponcer, il faut un fil de coton en général,
un fil beaucoup plus fin que celui de la dentelle,
et de la même couleur exactement
(ou un tout petit peu plus clair .... mais vraiment un tout p'tit peu)
Ne pas utiliser de synthétique : ça ne réagit pas de la même façon au lavage et ça ne vieillit pas de la même façon non plus.
Même si votre dentelle est en lin, 'n'utilisez pas un lin plus fin.
Même très fin, le lin n'est pas assez souple.
Alors si votre fil de dentelle est blanc ou noir, vous ne devriez pas avoir trop de problèmes à trouver un fil de coton plus fin (attention quand même aux différentes intensité de blanc : blanc, blanc optique, 1/2 blanchi, etc)
Si votre fil dentelle est grège, déjà ça se complique, car il y a plein de teintes de grèges différentes.
Et si votre fil à dentelle est bleu, rouge, vert ou n'importe quelle autre couleur ... là, ça va être galère de trouver le fil d'aponçage !
Enfin si votre dentelle est polychrome, en général, il vaut mieux oublier l'aponçage et crocheter.
Si vous n'avez pas le bon fil, oubliez le démarrage avec la botte de fils, démarrez avec les paires à cheval et crochetez
Et maintenant, vous enfilez une aiguillée,
et là commence le véritable travail d'aponçage
..... qu'on verra la prochaine fois !
Sadique ! je suis sadique, je sais ...
Pffff et ça m'amuse en plus : je devrais avoir honte.
Pour nouer la botte de fil en fin de travail :
Alongez éventuellement un peu vos fuseaux pour avoir une dizaine de cm de fil environ entre la dentelle et les fuseaux.
Pincez toute la botte de fil entre vos doigts, et passez l'épingle comme indiqué sur le schéma A :
par le haut et par la gauche,
et vous la tournez dans le sens des aiguilles d'une montre.
Vous mettez votre épingle bien à l'horizontale, et vous la faites éventuellement glisser plus près des fuseaux afin d'avoir une longueur de fil suffisante au dessus.
Tandis que vous tenez toujours votre épingle de la main droite, vous prenez la botte de fil au dessus de l'épingle avec la main gauche, et vous formez une boucle (voir dessin B)
Vous enfilez la pointe de l'épingle dans cette boucle (en passant par dessous)
Et voilà, c'est solide
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Des souris sur des palissades ?
De quoi vais-je bien pouvoir parler avec un titre pareil ?
et bien .... de coiffure, et plus exactement,
de coiffure à la Fontanges
Imaginez la charmante scène que je vais vous conter :
lors d'une partie de chasse, Marie Angélique, duchesse de Fontanges, la ravissante favorite de Louis XIV, se trouve soudain décoiffée par un malencontreux coup de vent ...
ou une branche d'arbre ... on ne sait plus très bien ....
... et puis on s'en fiche, là n'est pas le sujet.
Bref, pour ne pas être gênée, elle prend alors un ruban
(certains disent même qu'il s'agissait en fait d'une jarretière )
pour nouer ses cheveux en haut de sa tête.
Le roi trouve cette coiffure improvisée si charmante qu'il lui demanda de la garder
et du coup ... toutes les dames de la cour vont se coiffer de la sorte.
C'est ainsi que naquit vers 1675 la coiffure à la Fontanges, mode qui dura plus d'une vingtaine d'années.
Alors non, n'imaginez pas que toutes les dames se promenaient avec une jarretière sur la tête
J'imagine que la coiffure improvisée et naturelle d'origine devait un peu ressembler au portrait que j'ai mis en début d'article (même s'il est beaucoup plus tardif)
Mais tout le monde chercha à rivaliser, c'était à qui mettrait le plus de rubans, de dentelles ou de bijoux dans ses cheveux, cheveux que l'on se mit à coiffer de plus en plus en hauteur.
La coiffure à la Fontanges consiste donc à dresser sur la tête une véritable pyramide de boucles et de tortillons
on rivalisait d'inventions, et chaque façon de mettre une mèche de cheveux avait un nom :
Les choux pour les cheveux noués en chignon,
la passagère , touffe bouclée près des tempes, devenait une favorite si elle pendait sur la joue.
Une cruche était une petite boucle sur le front, la même petite boucle plus près des oreilles devenait une confidente, ou un crève coeur si elle était plaquée sur la nuque ,
ou encore un berger si, tournée vers le haut, elle formait une houppette.
Les rubans, les épingles et autres colifichets que l'on mélangeait avec les boucles avaient aussi leurs noms :
souris (voilà la souris du titre ), duchesse, firmaments, guêpes, papillons, etc
Bien sûr, il va sans dire que les cheveux de ces dames n'y suffisaient pas, et que nombre de ces mèches étaient des postiches.
Les coiffures devenant de plus en plus hautes, et les rubans et autres dentelles de plus en plus nombreux, il fallut consolider ces édifices avec des armatures de laiton.
Pour simplifier, on peut dire qu'il y aura, alternativement,
deux types de coiffures à la Fontanges
Une en cheveux
et l'autre ... en fil de fer
La coiffure à la Fontanges
devint progressivement une sorte de
bonnet à la Fontanges :
une véritable palissade dressée sur la tête et constituée de plusieurs étages de dentelle (sans doute beaucoup de Point de France à l'aiguille)
La hauteur devint telle que les dames durent se courber pour passer les portes.
Cet édifice savant de fer et de dentelle se composait de plusieurs éléments qui portèrent eux aussi des noms délicieux :
la palissade (et voilà la palissade ), le monte-là-haut, la commode, la culbute, etc....
On y fixait aussi parfois une ou deux longues bandes de dentelles dites les cornettes
(ou la jardinière s'il n'y en avait qu'une),
ces deux bandes de dentelles pouvaient flotter dans le dos, ou bien elles étaient ramenées sur le devant, dans le cou, telle une mèche de cheveux .... en dentelle.
Il va sans dire que ces coiffures devenaient vraiment risibles au fur et à mesure qu'elle prenaient de la hauteur, et de nombreux contemporains s'en agacèrent et s'en moquèrent, on fit même des pièces de théâtre qui les tournaient en ridicule.
Même Louis XIV n'aimait plus, et il tenta maintes fois d'interdire le port de ces coiffures surdimensionnées.
Alors, sous la pression, ces dames revenaient pour un moment à des coiffures plus basses, à l'idée des cheveux noués par un simple ruban,
mais très vite ...
hop .... hop .... hop ....
la Fontange remontait encore un petit peu plus haut sur la tête.
Et oui, même le grand Louis XIV ne faisait pas ce qu'il voulait en son royaume !
Et qui réussit là ou le roi soleil échoua ?
Une anglaise !
Oui, une anglaise qui se pointa un jour de 1714 à la cour avec une coiffure plate qui fit fureur et mit à terre d'un seul coup toutes les Fontanges de France
Le roi fut vexé parait-il, qu'une "guenille d'Angleterre, avec une petite coiffe basse" ait réussi là où il avait échoué.
Évidemment bien sûr .... je n'ai rien inventé et rien découvert, j'ai butiné mes infos entre autre dans les ouvrages suivants :
Histoire de la mode et du costume - James Laver
Histoire du costume en France - de Monsieur Quicherat, si précis (c'est chez lui que j'ai trouvé tous les petits noms des mèches de cheveux) et au langage si délicieux.
Le costume français - ouvrage collectif chez Flammarion
Les différentes coiffures vous ont été présentées par :
La duchesse de Beaufort, 1714. par Nicolas de Largillière. Paris, musée Cognac-Jay
Une inconnue, dont le portrait a été fait par Nicolas de Largillière vers 1710
2 dames Par Nicolas Bonnart
et enfin la petite Marie Thérèse Sturat, Par Nicolas de Largillière encore. National portrait Gallery de Londres
et pour les impatientes de l'aponçage .... le prochain article, promis, on s'y remet
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Voici un
fer à coque
vouiiiiii ..... et j'en fais quoi , moi, de ce fer à coque ?
et bien vous allez vous en servir pour gonfler les coques de vos rubans bien sûr !
comment avez vous pu vous en passer jusqu'à maintenant ?
Bon, allez, soyons sérieux : il s'agit donc d'un petit instrument de repassage avec une tête en fer en forme d'oeuf, et un long manche terminé par une poignée en bois qui permettait de ne pas se brûler quand on retirait le fer de la braise.
Celui que je vous montre fait 30 cm de long par exemple, mais il en existe de toutes les tailles, avec des têtes parfois énormes ou minuscules.
Leur nom vient du fait qu'ils servaient beaucoup à mettre en forme
les "coques" des rubans
c'est à dire les boucles des noeuds faits avec des rubans
Et oui, les noeuds et les rubans ont longtemps été un élément très apprécié pour orner les toilettes, on en mettait partout, on s'en couvrait parfois de la tête au pied
Ainsi donc, selon la taille du ruban, il fallait bien sûr un fer à coque plus ou moins gros pour donner du gonflant aux boucles.
On trouve souvent ce type de fer dans les brocantes, mais rarement le petit socle en bois qui va avec.
Il s'agit généralement d'un petit socle rond avec un trou au milieu dans lequel on piquait le manche en bois, après avoir fait chauffer le fer sur la braise.
Ainsi le fer était-il à la verticale, et la repasseuse n'avait pas besoin de le tenir : elle avait les mains libres pour manipuler les rubans et se servir de la boule pour les repasser et les mettre en forme.
Ce fer ne servait pas qu'aux rubans, il servait aussi beaucoup à donner du gonflant aux manches ballon, aux bonnets de dentelle, tous ces éléments si difficiles à repasser avec un fer plat qui écrase tout.
On les appelaient aussi parfois fers à bouillonner
Pour l'avoir essayé, je puis vous assurer que c'est vraiment magique pour donner du volume aux petites manches des anciennes robes d'enfants par exemple, aux dentelles froncées, aux coiffes ...
Non, non, je n'ai pas mis mon fer coque sur la braise .... j'ai investi dans un fer ultra moderne
" le fer à coque électrique universel "
" le Coq Babeth "
"Ultra moderne" est peut être un peu exagéré, dans la mesure où ce fer date des années 1950.
C'est à la fois très loin et très proche : dire que dans les années 50, on avait encore besoin de fer à coque, au point d'en créer une version électrique !
Il est donc électrique, plus besoin de braises, et en plus vous avez vu : il se tient droit tout seul !
En position droite, le mode d'emploi dit qu'il est parfait pour "les velours, tissus gaufrés, nids d'abeille, smocks, voilettes, manches ballon, bouillonnés large"
Mais en plus, le coq Babeth est équipé d'une astuce technique révolutionnaire :
une béquille
Vous êtes abasourdi(e)s n'est-ce pas ?
C'est normal, car imaginez que cette béquille, qui tourne autour de l'axe, vous permet de le pencher de tous les côtés!
Ainsi, la pointe en l'air comme sur la photo , il convient pour "toutes les fronces, volants de rideaux et autres, petites dentelle type Valenciennes".
En position 3, pointe en bas, il servira aux 'hauts des manches, bouillonnées étroits, fronces entre les smocks, soutien-gorge, casquettes, mise en forme du feutre".
En position 4, position couchée, il servira à "certains bouillonnés et les bords roulés des chapeaux".
Enfin en position 5, à l'envers, on le prendra à pleine main pour "les pointes de col et l'ouverture des coutures"
Ce fer a remporté un "gros succès aux salons des arts ménagers" précise la notice
et il fut médaillé d'or à Paris en 1950 et Bruxelles en 1953
non mais .....
mon fer coq nécessite aujourd'hui un petit transformateur (merci Eric ) car il marche au 210.
Mais j'ai vu qu'il en existait qui fonctionnaient au 220v , et je sais même qu'il s'en est fait avec thermostat !
oui madame !
hyper pratique le thermostat (because le mien, je suis obligée de le débrancher régulièrement pour ne pas qu'il chauffe trop et brûle les dentelles)
La notice du Coq Babeth parle de chapeau
et il semble effectivement que les fers à coque aient aussi servi aux chapeliers pour
coquer
c'est à dire à "donner une forme arrondie aux bords d'un chapeau"
Dans leur "dictionnaire des textiles", M Baum et C Boyeldieu parlent du
coq
"petit fer à repasser à manche, il est terminé par une pièce sphérique ou oblongue, servant à tirer à chaud le tissu ou le feutre dans la fabrication des chapeaux"
Je n'ai jamais su s'il s'agissait vraiment du même fer que les fers à coques des repasseuses ?
Si certain(e)s ont des infos plus pointues à ce sujet .....
Si vous voulez vous régaler et voir toutes sortes de fers à repasser aux forme très inattendues parfois, vous pouvez vous plonger dans le petit ouvrage de F. Crestin-Billet : "La folie des fers à repasser" , vous y verrez entre autre bien sûr plusieurs modèles de fers à coque dont certains avec leur petit socle de blois.
On trouve encore ce petit livre : 9,40€ , c'est pas une ruine.
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Voilà, imaginons que j'ai soudain une furieuse envie de commencer tout de suite ce petit napperon (1),
là ... maintenant ... tout de suite
Oui, mais mon cours de dentelle n'est que la semaine prochaine
il va falloir que j'attende les conseils de la prof, qu'elle me dise où et comment commencer, combien de fuseaux préparer, où les placer, etc ....
Sauf .... sauf si au lieu de crocheter, je décide que je vais aponcer !
alors là, je peux me lancer, je peux oser, toute seule, comme une grande, sans filet !
Donc, d'abord je suis les conseils de l'article précédent (ici),
pour choisir ma ligne d'aponce "idéale"
(que j'ai dessinée en rouge sur la photo du dessus).
Et je prends ma botte de fuseaux
Quelle botte de fuseaux ?
Souvenez vous, c'était ici : les fuseaux que je mets en botte à la fin d'une dentelle et que j'installe comme ça, en vrac, pour en commencer une autre, comme sur la photo.
Pas besoin de préparer des paires à cheval, même pas obligatoire de compter ses fuseaux ... tout se mettra en place tout seul en travaillant.
Donc voilà, j'ai choisi l'endroit de l'aponce, j'ai mis le carton et les fuseaux sur le carreau
C'est parti !
Mais où commencer ?
Il faut de toutes les façons commencer AVANT la ligne d'aponce (en rouge).
Si je suis une dentellière expérimentée et que je sais que je n'aurai aucune difficulté à réaliser ce modèle, que tout sera parfait dès le départ, je démarre 3 ou 4 cm au dessus de ma ligne d'aponce.
Si je me sens moins sûre de moi, si je sais que je risque de tâtonner, de faire des erreurs, je démarre plus haut pour me laisser le temps de maîtriser mon modèle
Le plus simple pour ce petit modèle est de démarrer dans le réseau.
Je me dis que le modèle n'est pas trop difficile, je devrais y arriver assez vite, alors je choisis de démarrer sur la ligne bleue, en suivant le réseau.
Le premier point que je vais faire sera ce point de réseau, en plein milieu, au milieu du rond orange.
Je sépare ma botte de fuseaux en 2 paquets (au pif, je ne compte jamais rien).
Pour faire mon point de réseau (en Dieppe), il me faut 4 fuseaux :
j'en prend 2 dans le paquet de droite et 2 dans le paquet de gauche
et je fais mon point de Dieppe comme d'habitude
C T je pose l'épingle C T T
Ça ne ressemble pas à grand chose ?
Il est tout "déformé" mon point de Dieppe ?
Je m'en fiche ... tout est normal ... tout baigne ... no stress
et je continue en travaillant mon fond en diagonale jusqu'à la lisière
et voilà le travail !
Ma diagonale est terminée !
S'il me manque des fuseaux à gauche en cours de travail .... je vais en piquer dans le paquet de droite
Et s'il me reste des fuseaux inutilisés à gauche en fin de diagonale, je les bascule dans le paquet de droite.
pfffff trop facile !
et maintenant, je vais faire ma diagonale de l'autre côté afin de finir d'installer tous les fuseaux nécessaires.
Comme vous le voyez sur la photo, j'ai travaillé mes deux diagonales,
tous les fuseaux dont j'avais besoin sont donc installés
(et vous avez vu : je n'ai rien eu besoin de compter !).
J'avais même quelques fuseaux en trop que je vais enlever.
Et si au contraire il m'avait manqué des fuseaux ?
Et bien j'en aurai embobiné au fur et à mesure de mes besoins, que j'aurais rajouté aux autres en les nouant sur la grosse épingle qui tient la botte de fils du départ.
Voilà, y a plus qu'à travailler ma dentelle maintenant
et le jour du cours de dentelle arrive
je montre triomphalement mon démarrage à la prof
qui normalement est toute fière et émue de voir que son "petit poussin" s'est lancé comme une grande,
d'où de chaleureuses félicitations
je rougis de bonheur
.... oui, mais voilà ... c'est la prof .... elle a l'oeil .... alors elle me signale quand même qu'il y a une grosse vilaine erreur dans ma grille
je rougis .... de honte cette fois ci
....
voui, c'est vrai, je m'en étais rendue compte d'ailleurs .... mais comme c'est AVANT ma ligne d'aponce, je savais que ça n'avait pas d'importance:
ça va disparaitre avec l'aponçage.
Et puis elle me signale une autre erreur :
j'ai fait un bord lisse à droite, à l'extérieur, au lieu de le faire sur le pied de ma dentelle
aïe ... ben oui, ça, j'avais pas vu ....
alors quoi que je fais ?
je pleure et je défais tout ?
tout ce travail pour rien ?
non non non non
la paire derrière l'épingle qui est en trop à droite ... je la prends et je lui fais traverser en ligne droite la dentelle pour la mettre à gauche, à sa vraie place.
C'est ça qui est génial, j'ai droit à toutes les erreurs de la terre, j'ai le droit d'apprendre sans pleurer, sans défaire !
Sur la photo juste en dessous, on voit la grosse vilaine erreur de la grille, et j'ai marqué en jaune le fil que j'ai changé de côté et qui traverse tout .... vous voyez, tout ça n'a pas d'importance.
Et je continue maintenant ma dentelle avec application jusqu'à arriver à ma ligne d'aponce "idéale"
C'est le moment de vérité
il faut absolument que la dentelle soit parfaite à ce moment là
Si c'est le cas, roule ma poule, j'ai plus qu'à faire le tour de mon napperon.
Si ma dentelle est encore irrégulière, si j'ai des défauts, si je me rend compte que j'ai encore fait des erreur
pas grave, je peux "déplacer" mon aponce : au lieu de la ligne rouge, je ferai mon aponce sur la bleue , j'ai donc encore quelques centimètres pour tout mettre au point ... et d'ailleurs la ligne d'aponce bleue n'est pas plus mal, au contraire, elle sera plus discrète.
Et si je suis pas encore au point à la ligne bleue ?
et bien je ferai mon aponce sur la ligne verte (oui, ça m'oblige à faire un angle en plus, mais pas pour "rien" puisque ça va me donner le temps de bien mettre au point ma dentelle)
et si je suis toujours pas au point à la verte ?
heu .... là .... faut p't'être songer à arrêter la dentelle
Voilà, j'ai été un peu longue sur le sujet car il me tient à coeur.
J'ai vu des dentellières chevronnées ....
qui ne savaient pas commencer leur dentelle !
C'était toujours leur prof qui le faisait pour elle !
Alors, j'ai toujours fait travailler mes élèves débutantes avec la botte de fil
(en leur faisant croire que l'aponçage était la seule méthode connue )
... et comme ça, j'ai rarement eu à commencer leur napperon, elles se sont débrouillées naturellement :
commencer un napperon ou un échantillon .... c'était la même chose pour elles.
J'aime cette méthode qui rend les dentellières indépendantes, même les débutantes, elle permet d'essayer seule, de faire des erreurs et de les corriger, et ainsi,
on apprend beaucoup plus vite.
Et ensuite ?
ben.... comme j'ai commencé ce petit motif hier soir, exprès pour prendre des photos pour cet article ....
et bien ensuite faut me laisser le temps de le terminer pour vous expliquer la fin avec les photos qui vont bien
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(1) petit napperon que vous pouvez trouver dans le livre de Lysaine Brulet Tome 1