• Des souris sur des palissades

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    Des souris sur des palissades ?


    De quoi vais-je bien pouvoir parler avec un titre pareil ?

    et bien ....  de coiffure, et plus exactement,

    de coiffure  à la Fontanges


    Imaginez la charmante scène que je vais vous conter :

    lors d'une partie de chasse, Marie Angélique, duchesse de Fontanges, la ravissante favorite de Louis XIV, se trouve soudain décoiffée par un malencontreux coup de vent ... 
    ou une branche d'arbre ... on ne sait plus très bien ....
    ...  et puis on s'en fiche, là n'est pas le sujet.  

    Bref, pour ne pas être gênée, elle prend alors un ruban
    (certains disent même qu'il s'agissait en fait d'une  jarretière )  
    pour nouer ses cheveux en haut de sa tête.

    Le roi trouve cette coiffure improvisée si charmante qu'il lui demanda de la garder
     et du coup ... toutes les dames de la cour vont se coiffer de la sorte.



    font5 p300 C'est ainsi que naquit vers 1675 la coiffure à la Fontanges, mode qui dura plus d'une vingtaine d'années.

    Alors non, n'imaginez pas que toutes les dames se promenaient avec une jarretière sur la tête


    J'imagine que la coiffure improvisée et naturelle d'origine devait un peu ressembler au portrait que j'ai mis en début d'article (même s'il est beaucoup plus tardif)

    Mais tout le monde chercha à rivaliser, c'était à qui mettrait le plus de rubans, de dentelles ou de bijoux dans ses cheveux, cheveux que l'on se mit à coiffer de plus en plus en hauteur.


    La coiffure à la Fontanges consiste donc à dresser sur la tête une véritable pyramide de boucles et de tortillons

    on rivalisait d'inventions, et chaque façon de mettre une mèche de cheveux avait un nom :
    Les choux pour les cheveux noués en chignon,
    la passagère , touffe bouclée près des tempes, devenait une favorite si elle pendait sur la joue.
    Une cruche était une petite boucle sur le front, la même petite boucle plus près des oreilles devenait une confidente, ou un crève coeur si elle était plaquée sur la nuque ,
    ou encore un berger si, tournée vers le haut, elle formait une houppette.

    Les rubans, les épingles et autres colifichets que l'on mélangeait avec les boucles avaient aussi leurs noms :
    souris (voilà la souris du titre ), duchesse, firmaments, guêpes, papillons,  etc



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    Bien sûr, il va sans dire que les cheveux de ces dames n'y suffisaient pas, et que nombre de ces mèches étaient des postiches.

    Les coiffures devenant de plus en plus hautes, et les rubans et autres dentelles de plus en plus nombreux, il fallut consolider ces édifices avec des armatures de laiton.

    Pour simplifier, on peut dire qu'il y aura, alternativement,
    deux types de coiffures à la Fontanges

    Une en cheveux

    et l'autre ...  en fil de fer


    La coiffure à la Fontanges
    devint progressivement une sorte de

    bonnet à la Fontanges :

    une véritable palissade dressée sur la tête et constituée de plusieurs étages de dentelle (sans doute beaucoup de Point de France à l'aiguille)

    La hauteur devint telle que les dames durent se courber pour passer les portes.



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    Cet édifice savant de fer et de dentelle se composait de plusieurs éléments qui portèrent eux aussi des noms délicieux :
    la palissade (et voilà la palissade ), le monte-là-haut, la commode, la culbute, etc....

    On y fixait aussi parfois une ou deux  longues bandes de dentelles dites les cornettes  
    (ou la jardinière s'il n'y en avait qu'une),
    ces deux bandes de dentelles pouvaient flotter dans le dos, ou bien elles étaient ramenées sur le devant, dans le cou, telle une mèche de cheveux .... en dentelle.


    Il va sans dire que ces coiffures devenaient vraiment risibles au fur et à mesure qu'elle prenaient de la hauteur, et de nombreux contemporains s'en agacèrent et s'en moquèrent, on fit même des pièces de théâtre qui les tournaient en ridicule.

    Même Louis XIV n'aimait plus, et il tenta maintes fois d'interdire le port de ces coiffures surdimensionnées.



    Alors, sous la pression, ces dames revenaient pour un moment à des coiffures plus basses, à l'idée des cheveux noués par un simple ruban,

    mais très vite ...
    hop .... hop .... hop ....
    la Fontange remontait encore un petit peu plus haut sur la tête.



    Et oui, même le grand Louis XIV ne faisait pas ce qu'il voulait en son royaume !

    Et qui réussit là ou le roi soleil échoua ?

    Une anglaise !

    Oui, une anglaise qui se pointa un jour de 1714 à la cour avec une coiffure plate qui fit fureur et mit à terre d'un seul coup toutes les Fontanges de France


    Le roi fut vexé parait-il, qu'une "guenille d'Angleterre, avec une petite coiffe basse" ait réussi là où il avait échoué. 


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    Évidemment bien sûr ....  je n'ai rien inventé et rien découvert, j'ai butiné mes infos entre autre dans les ouvrages suivants :

    Histoire de la mode et du costume - James Laver
    Histoire du costume en France - de Monsieur Quicherat, si précis (c'est chez lui que j'ai trouvé tous les petits noms des mèches de cheveux) et au langage si délicieux.
    Le costume français - ouvrage collectif chez Flammarion




    Les différentes coiffures vous ont été présentées par :

    La duchesse de Beaufort, 1714. par Nicolas de Largillière. Paris, musée Cognac-Jay
    Une inconnue, dont le portrait a été fait par Nicolas de Largillière vers 1710
    2 dames Par Nicolas Bonnart
    et enfin la petite Marie Thérèse Sturat, Par Nicolas de Largillière encore. National portrait Gallery de Londres

    et pour les impatientes de l'aponçage .... le prochain article, promis, on s'y remet  


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