• Vous connaissez mon goût pour la mode ?

    Toutes les nouveautés, tout ce qui vient de sortir 
    il me le faut !


    D'ailleurs, cet après midi, je lisais très attentivement ma revue de mode préférée

    voui ...c'est vrai ....  j'ai un peu de retard dans mes lectures, elle est du mois d'avril



    heuuuuuu



    en fait, en regardant mieux, je me rend compte que j'ai un peu accumulé le retard  car elle est d'avril ....
    1896


    mais bon , aucune importance, j'ai vu une pub pour ça !

    oui ça !   c'que vous voyez la-haut .... hyper pratique , non ?
      

    Quoi !!!!!   vous savez pas c'que c'est ?


    bon,  j'vous laisse chercher, j'suis sympa, 
    tout le monde ne peut pas être "au top" comme moi



    Et  si vous trouvez pas, demain  je vous rajoute un petit indice

    J'vous en file un tout de suite d'ailleurs : ça n'a pas de rapport avec la dentelle .

    allez, au boulot, on se creuse les méninges !







    Ça y est, on est "demain", alors voici mon indice  !!!!!

    Hier je vous ai montré l'invention de 1896,
    mais en 1882, on avait déjà inventé un objet pour le même usage,
    Il est là, à gauche ....



    Ahhhhh  c'est facile maintenant, non ?


    Non ?  j'ai l'impression que vous faites la grimace ?
    Vous trouvez que c'est pure méchanceté de ma part, hein ?
    du pur sadisme !
     





    hi hi
    alors pour me faire pardonner, voici 4 indices supplémentaires :

    C'est un accessoire qu'on voit ! (inutile donc de déshabiller la dame ... )
    Un seul suffit.
    C'est plutôt fait pour porter à l'extérieur.
    La publicité dit que ça évite d'avoir des crampes .

    Je suis au boulot, alors je vais pas pouvoir vous répondre au fur et à mesure,
    mais la Solution est pour ce soir !







    Et voilà la réponse : il s'agit d'un

    Saute-ruisseau

    aussi appelé "Suivez moi jeune homme"

    ou encore, de façon moins poétique mais plus explicite, un "relève-jupe"


    Pour ne pas salir leur longue jupe lors des promenades, les dames étaient obligées de les soulever légèrement.

    Cette petite pince leur permettait de tenir la jupe relevée :
    celle de 1896 était attachée à une cordelette fixée à la taille.
    Pour celle de 1882, la petite chaînette remplaçait la cordelette.


    J'ai vu deux explications sur la façon d'utilser cet accessoire :

    La première laisse entendre que la cordelette était assez longue pour ne pas relever la jupe sans qu'on y touche.
    La dame devait donc tirer sur la cordelette pour soulever le bas de la robe.
    Cela lui évitait de se baisser (ce qui était tout à fait inconvenant !) mais, dans cette hypothèse, elle ne devait pas lâcher la cordelette pour maintenir la jupe relevée.

    La deuxième implique que la cordelette était assez courte, et que la dame pinçait le bas de sa robe quand c'était nécessaire.
    La jupe restait ainsi relevée sans qu'elle ait besoin de tenir quoi que ce soit, laissant ses mains libres.







    Cette deuxième explication semble mieux correspondre à ce qu'en dit la Mode Illustrée (d'où sont issues ces gravures) puisque la chaînette du saute ruisseau de 1882 est assez courte,
    et qu'ils précisent bien dans la publicité de 1896 que ce système évitait les crampes,
    ce qui veut dire que la dame n'avait pas besoin de tenir sans cesse sa robe relevée.










    L'image n'étant peut être pas très nette, je vous recopie le texte de 1896 :

    Laquelle de nos lectrices n'a jamais eu à se plaindre de la fatigue occasionnée par le fait de relever sans cesse sa jupe en marchant ?
    Ce maintien est parfois si lassant que l'on arrive à éprouver de véritables crampes.
    Le petit appareil que nous donnons ici supprime cet ennui.
    ...

    Et voici les explications données pour l'utilisation du saute ruisseau de 1882 :

    Par la forme et le volume, c'est une sorte de chaîne ne montre pouvant être mise dans un porte-monnaie.
    La chaînette qui compose se relève jupe se termine à chaque bout par un porte-mousqueton anglais qui, légèrement pressé, saisit un anneau qui a été fixé vers la ceinture; et par l'autre extrémité, le porte-mousqueton se rattache à plusieurs petits anneaux cousus sur la robe aux différentes places qui permettent de la draper gracieusement, de telle sorte que ce relève-jupe est à la fois un objet d'utilité et un ornement de toilette.


    Je fais remarquer que le la Mode Illustrée de 1882 et 1896 est bien placée pour savoir comment on s'en servait et comment cela s'appelait; hors ils ne parlent que de" relève-jupe", sans faire allusion aux autres noms.

    Sont-ce des appellations tardives, ou avaient elles une connotation un peu trop coquine pour être utilisée dans une revue "de qualité" ?







  • A une période ou on ne parle que de mouchoirs jetables, j'ai eu envie de revisiter l'époque où 

    le mouchoir
    était "roi".



    D'abord, pas de mouchoirs au moyen age !   on utilisait... ses doigts !



    Ce n'est qu'au XIVème siècle que l'on commence à en trouver trace dans les inventaires. Ils étaient alors appelés

    "mouchoirs" ou "pleuroirs",

     et sur les images de l'époque, on voit effectivement les nobles dame essuyer leurs jolis yeux.

    J'ai bien dit les "nobles dames" car réserver ne serait-ce qu'un tout petit bout d'étoffe à ce seul usage était un véritable luxe.

    Mais même s'il était signe de richesse, le mouchoir restait malgré tout un objet utilitaire, qui devait surtout être doux et confortable.







    Les 3 siècles suivants vont voir le mouchoir se généraliser, mais c'est toujours un objet réservé aux plus fortunés,
    et les moralistes qui essayent de persuader le peuple de son utilité vont se contenter finalement de conseiller de se moucher .... avec les doigts de la main gauche, car c'est celle qui ne touche pas les aliments !

    ou bien de se moucher dans sa manche

    (et je vous fait remarquer qu'aujourd'hui à nouveau, on nous conseille d'utiliser notre manche pour éternuer !  )






    Progressivement, le mouchoir ne va plus être utilitaire mais va devenir un véritable accessoire de mode, au fur et à mesure qu'il va s'orner de broderies, de dentelles d'or et d'argent, de riche Point à l'aiguille, et plus il sera beau, plus on va vouloir le montrer,  au point qu'il fera même partie intégrante du costume de cour en Espagne , excusez du peu !


    Et oui, c'était un accessoire royal, en témoignent  ces 3 portraits de reines en noir :



    en 1617, à droite, notre Marie de Médicis, reine de France, avec bien sûr un mouchoir en dentelle à l'aiguille .... sinon, ce ne serait pas Marie de Médicis !

    Vers 1650, en haut, vous avez Marie Anne d'Autriche, Reine d'Espagne (et maman de notre petite infante du début) avec un mouchoir peu orné ....mais à l'échelle de sa robe !

    Enfin, à gauche, à la fin du XIXèmes siècle, Victoria, Reine d'Angleterre posait encore avec un mouchoir.






    Ces messieurs aussi avaient leurs mouchoirs, même s'ils le portaient plus discrètement, roulés dans la main ou à la ceinture.
    Ainsi, tous les matins, présentait-on à Louis XIV trois "mouchoirs de point" (c'est à dire en dentelle à l'aiguille) pour qu'il puisse choisir.

    Savez vous que jusqu'au XVIIIème siècle, le mouchoir avait toutes les tailles et les formes possibles : carré, rectangulaire, rond .... et c'est Louis XVI qui va ordonner par lettre patente que le mouchoir soit toujours carré (sur les conseils de Marie Antoinette parait-il qui trouvait cette forme plus pratique et élégante).



    A partir de là, le mouchoir ne va plus être un accessoire "royal", il va se généraliser, se colorer ... puis se jeter ... mais c'est une autre histoire ...


    Je vous propose de découvrir ICI  quelques mouchoirs de cette grande époque,
    et LA
     , vous avez quantité de "portraits au mouchoir".
    Bonne visite.





     

     
    Avec dans les rôles principaux, et dans leur ordre d'apparition à l'écran :

    L'infante Marguerite-Thérèse (1651-1673) par Jaun Bautista Martinez del Mazo - Le Prado
    Guenievre , Tristan de Léonois, Vers 1470 (BNF Paris)
    Marie Anne d'Autriche (1634 1696) par Diego Velasquez - Musée du Louvre
    La reine Victoria par Lady Julia Abercromby - National Portrait Gallery
    Marie de Médicis par Frans Pourbus II le jeune - Château de Versailles 16177
    et enfin, le mouchoir d'Isabelle de Bourbon 1621 - Peint par Rodrigo de Villandrando - musée ?






  • Oui, les vacances sont finies, mais pour les prolonger un peu,
    je vous propose un petit air marin tunisien avec

    l'île de Djerba .



    Elle est travaillée en Point de Paris,  avec du coton Égyptien 70/2
    Chaque carré mesure 8cm.


    Le réseau du Point de Paris, comme celui du Flandre ou de la Valenciennes, se fait avec 4 paires.

    Il est travaillé entièrement en passées tordues : une passée tordue au milieu, puis une de chaque côté.










     






    c'est une vraie dentelle à fils continus


    Donc, contrairement à ce qu'on voit  hélas trop souvent dans les modèles et les livres de Point de Paris,
    on ne devrait pas rajouter de paires dans les motifs !



    Regardez par exemple : même pour la mosquée où le mat est très large, il n'a pas été nécessaire de rajouter de paires .
















  • Nous avons déjà parlé du lin et du coton, pour lesquels la finesse du fil est mesurée en fonction de sa longueur :
     
    Le numéro indique une longueur  de fil pour un poids donné.

    Plus il faut de longueur de fil pour obtenir un poids donné, plus le fil est fin.

    Donc plus le numéro est élevé, plus le fil est fin.





    Et bien pour la Soie, c'est l'inverse : le fil est mesuré selon son poids

    Le numéro indique un poids pour une longueur donnée.

    Pour une longueur donnée, plus le fil est lourd, plus il est gros

    plus le numéro est élevé, plus la soie est grosse







    pour mesurer la finesse de la soie, on utilise généralement

     le denier (den) ,

    il indique le poids en grammes de 9000 mètres de fil.



    Une soie de 10 deniers :  9000 mètres de fil pèsent 10 grammes

    Une soie de 90 deniers  : 9000 mètres de fil pèsent 90 grammes, donc bien sûr elle est plus grosse que la précédente.


    Les titrages sont parfois annoncés avec 2 numéros séparés par une petite barre oblique :
    Soie 20/22 par exemple.
    Cela veut dire que le titrage de ce fil peut légèrement varier entre 20 et 22 deniers.


    Ce système sert aussi aux fibres synthétiques, c'est ce que vous regardez pour acheter vos collants.
    Un collant 15 deniers est plus fin qu'un collant 40 deniers !






    Pour convertir le denier en Nm , en Nel (lin) ou en Nec (coton)

     

    Nm

    Nel

    Nec

    Formule de conversion du denier en Nm, Nel ou Nec
    (conversion en 1 seul fil)

    9000/den

    14880/den

    5315/den

    Exemple pour une soie 600 den en Nm, Nel ou Nec 1 fil

    9000/600
    = 15/1

    14880/600
    = 25/1

    5315/600
    = 9/1

    Exemple pour une soie 600 den en Nm, Nel ou Nec 2 fils
     =  résultat précédent x 2

    30/2

    50/2

    18/2


    La formule de conversion est valable pour 1 fil.
    La soie 600 deniers serait donc égale à un seul  fil de grosseur 25 nel

    Mais notre fil à dentelle est composé de plusieurs fils tordus ensemble (le nombre de fils est indiqué derrière le /)
    Donc, pour savoir ce que donne la soie 600den en lin 2 fils : (14880/600) x 2 = 50/2






    Pour convertir du Nm , et du Nel (lin) ou du  Nec (coton)  en deniers

     

    Nm

    Nel

    Nec

    Formule de conversion du Nm, Nel ou Nec  en deniers
    (conversion en 1 seul fil)

    9000/Nm

    14880/Nel

    5315/Nec

    Exemple pour un fil de 50 Nm, Nel ou Nec

    9000/50
    = 180 den

    14880/50
    = 298 den

    5315/50
    = 106 den

    Exemple pour un fil de 50 Nm, Nel ou Nec en 2 fils
     =  résultat précédent x 2

    360 den

    596 den

    212 den





    Inutile de vous dires que ces correspondances sont on ne peut plus approximatives !

    En effet, vous imaginez bien que même à grosseur mathématiquement équivalente , la texture même du fil fait que le travail est tout à fait différent entre un lin et une soie !!!!









    Je vais compléter la  "Page"  consacrée au titrage dans les jours qui viennent

    ... et je vais tout de suite rajouter la réponse au dernier petit jeu de l'été.

    Et oui !  les vacances sont finies  !!! 



  •  




    Il me semble que vous aviez bien apprécié le petit jeu des fuseaux,
     
    alors pour clore cette série des jeux de l'été, je vous propose une nouvelle série .



    il s'agit de reconnaître :

    le fuseau français
    le fuseau espagnol
    le fuseau russe
    le fuseau danois
    le fuseau belge




    Et voilà, seulement 5 fuseaux cette fois ci,
    .... pour une rentrée en douceur


    A vous de jouer










     

    REPONSE







    n°1 = le fuseau danois.  Typique avec une boule ornée de petites perles corail multicolores

    n° 2 = Fuseau Belge,   pour la Rosaline (une "cousine" de la Duchesse  )
    Bizarrement, plusieurs d'entre vous utilisant ce type de fuseau pour la Duchesse on pensé qu'il s'agissait du fuseau français. Mais non : la Duchesse est une dentelle 100% belge !

    n° 3 = le fuseau espagnol

    n°4 = le fuseau français, des Vosges. Vous remarquerez que contrairement à ceux du Puy ou de Bayeux par exemple, il a une tête simple (comme les fuseaux belges) c'est à dire qu'on fait le noeud sur le fil et non sur la tête.

    n° 5 = le fuseau russe. Un peu la même forme que le fuseau espagnol  : normal, les deux sont faits pour être attrapés par dessous, la dentelle étant travaillée sur des rouleaux.


    Bravo à toutes celles qui ont trouvé bien sûr

    mais surtout un grand bravo à toutes celles qui ont cherché  !