• Année 1868

    Regardez comme elles sont belles  !
    dans leurs ravissantes tenues de bal, en grand décolleté, bras nus

    .....  en plein hiver !!!!


    Bon, là, ça va, elles sont au bal : une  polka endiablée et  quelques coupettes de champagne, ça fouette le sang et ça réchauffe.

    Mais à la maison, tranquilles,  comment faisaient-elles pour ne pas mourir de froid ?

    Pour le savoir,  j'ai feuilleté très attentivement ce  magazine de mode de 1868 et je vais vous donner tous leurs "trucs" afin qui vous ayez le temps de bien vous équiper avant que le froid n'arrive.

    Ca vous sera bien utile, car je ne sais pas si vous avez remarqué comme moi  que les magasins de vêtements, depuis quelques années, ne proposent plus que des chemisiers ou des petits t shirts légers, même en plein hiver . 
    Charge à vous de régler le chauffage sur 30° !
    Vive l'écologie !







    Tout d'abord, l'incontournable "Damart" de l'époque : la Camisole.

    Vous la tricoterez vous même bien sûr, " avec de la laine fine sur de grosses aiguilles de bois. Ce tricot forme un tissu élastique, et n'a besoin ni d'augmentations, ni de diminutions, pour prendre la forme du buste."

     Wahou ! moulante !
    et tellement charmante avec son petit  ruban à l'encolure !











    Pour compléter, vous pourrez aussi vous tricoter ce délicieux "petit caleçon pour dame".


    Voui ....  là, j'ai comme l'impression que je vais pas réussir à vous le faire porter,  non ?
    vous m'avez l'air super réticentes !

    Bon, tant pis, oublions le caleçon, d'ailleurs l'article précise qu'il est plutôt destiné aux "personnes très frileuses ou de santé délicate".






    Alors à la place, je vous propose ce très beau jupon au crochet.
    c'est mieux ?
    Je  vous explique en 2 mots : "ce jupon à pointe est fait au crochet tunisien, avec de la grosse laine blanche, et de la même laine rouge. Le bord inférieur a une garniture rouge et blanche"




    Vous voilà déjà bien protégée du froid.

    Quand on s'active, ça va, mais vous savez c'que c'est, quand on reste sans bouger,
    à lire ou broder,
    il vaut mieux enfiler un petit "Paletot de maison",
    aussi appelé "Veste coin de feu".




    Je vous propose deux modèles :



    Le premier Paletot de maison est très chic :


    "en cachemire violet, il est doublé de lustrine noire, brodé en perles blanches, crayeuses, et en ganse de soie, noire et blanche".




















    J'avoue cependant avoir un petit faible pour le deuxième,
    peut être moins élégant mais qui me semble plus chaud et douillet.

    "Ce paletot est fait en molleton-cachemire blanc, et brodé soit avec plusieurs couleurs vives, soit d'une seule teinte, noire, brune ou Havane clair".







    Pour combattre les petits vents coulis, je vous conseille de vous confectionner aussi une petite "Pèlerine", ou un "Fichu".




    La Pèlerine est un petit mantelet ne couvrant que le haut du dos et de la poitrine. 



    Le Fichu est une pièce de tissu souple (un lainage au crochet comme ici, mais il peut être aussi en dentelle ou  en soie), généralement de forme triangulaire, qui couvre le cou et les épaules (parfois aussi la tête s'il est destiné à être porté à l'extérieur). Il est généralement croisé sur la poitrine et souvent noué ou serré à la taille.


    Ça y est, vous avez de plus en plus chaud ?


    Ah ben non !  .... j'ai oublié notre point faible ..... nos pieds !
    Rien de pire que d'avoir les pieds gelés.


    ALors voici des pantoufles !
    Bien sûr, même les pantoufles, c'est à vous de les faire : "cette pantoufle est brodée de point russe avec de la soie d'Alger verte, légèrement ouatée, et doublée de lustrine verte piquée; la semelle est en liège; une ruche de ruban vert sert de garniture."





    Raffinées, mais pas très chaudes les pantoufles, aussi notre magazine nous propose-t-il  toutes sortes de modèles de chaussons, au tricot, au crochet, ou cousus en grosses toiles .

    Vous vous dites que vous allez échanger vos élégantes pantoufles contre ces chaussons ?

    Que nenni !

    Vous allez vous tricoter ces chaussons que vous enfilerez par dessus vos pantoufles !!!






    Je vous conseille de vous en tricoter plusieurs paires car les usages ne manquent pas. La revue précise que vous pouvez les porter aussi par dessus vos chaussures en voiture, en train ou à l'église, ou encore tout simplement au lit.

    (heu ... en train ou à l'église, non ... mais au lit ... même 141 ans après .... j'avoue que c'est parfois utile.
    Je sais pas si vous pouvez vous endormir les pieds gelés, mais moi, non !). 






    Si vous restez longtemps assise, n'oubliez pas de vous équiper d'une petite chancelière.

    Regardez ce tabouret-chancelière .... z'avez pas envie de glisser vos petits pieds dedans ?













    Voilà, maintenant, vous avez chaud de la tête au pied !

      la tête ! 

    Et oui, pour la tête, pensez à mettre votre bonnet de nuit.

    Regardez comme il est bien conçu : même vos petites oreilles seront protégées !




    Une collègue me racontait l'autre jour que son médecin lui avait conseillé pour ses maux de tête .... de dormir avec un bonnet de nuit !!!!
    (et on en fait d'ailleurs porter aux nouveaux nés)



    Voilà, j'espère que ce petit retour en arrière vous aura amusé(e)s.

    La camisole, le caleçon, le bonnet de nuit ... aujourd'hui on dirait que ce n'est pas "sexy",
    et pourtant,
    je les trouve charmante nos jolies dames de 1868, non ?



    c'est vrai qu'on n'est pas super élégantes dans les  bons gros pulls en tricot,
    mais qu'est-ce qu'on est bien !


     









  • Le mardi soir, c'est sacré, je ne rate jamais mon  rendez vous avec les

    Desperate Housewives


    Ben oui, que voulez vous ...  je suis fan ....
    on a tous nos faiblesses .....



    Donc hier soir, j'étais tranquillement installée devant ma télé, en feuilletant de ravissants magazines de mode pour préparer mon prochain article, 

    quand  la terrible nouvelle que je craignais depuis la semaine dernière a été confirmée :

    Oui : Edie nous a quittés, elle est morte, électrocutée !!!!!!

                 

    J'étais bouleversée,
    en larme bien entendu,

    et tout d'un coup, que vois-je dans mon magazine ?
    hasard extraordinaire !

    une photo d'Edie, en maillot de bain , 

    ben oui .... en maillot de bain bien sûr ... voyons  ... sinon ce ne serait pas Edie


    Alors, à vous toutes qui comme moi regardez la série,
    à vous qui allez regretter Edie, sa démarche et ses vacheries,

    et surtout aux quelques messieurs qui lisent ce blog et qui n'auront plus aucune raison dorénavant de regardez Desparate Housewives,

    je vous offre cette dernière photo de notre belle Edie.









    Ben quoi ?

    depuis le temps que vous lisez ce blog, vous savez pas encore que quand je parle de magazines de mode , il s'agit bien sûr de magazines de ....  1868  ?   !!!
    ....

    Alors je suis désolée, mais en 1868, même Edie aurait porté .... ça !






  •  





    Voilà, je vais me mettre dans un nouvel article .... dont je n'ai pas encore choisi le sujet
    j'suis mal partie ....

     alors pour vous faire patienter, je vous propose d'admirer ce
    petit bijou


    Et voilà, j'en étais sûre !!!
    vous faites la grimace !!!


    Vous savez pourtant que je vous vois,
    et que ça me fait de la peine 

    Elle vous plait pas ma dentelle ?


    hé hé ....  parce que vous ne la voyez pas "en situation",
    mais moi je vous dis que c'est un petit bijou


    Je vous laisse un peu cogiter et imaginer la façon dont elle a été utilisée pour passer de

    "dentelle aux fuseaux maladroite et pas géniale"
     à
     "petit trésor à faire fondre"



    A demain







    Dimanche 18 Octobre



    j'ai un peu triché hier : la dentelle parait grosse et rustique,
    en vérité elle est très fine (2cm de large)



    et





    et


     



    et elle orne une ravissante ancienne petite robe de bébé


    Hauteur 38cm



    Je suis toujours songeuse devant ce travail, cette finesse du tissu, de la dentelle, des petits plis religieuses, de tous les petits détails de ce travail d'une infinie délicatesse.






    j'espère que vous n'êtes pas
    déçu(e)s  par ce que je trouve être un véritable petit bijou de blancheur et de finesse


    Bon dimanche


    et si vous aimez, il y en a
    d'autres chez  Marie









    (et n'oubliez pas qu'autrefois, ces robes étaient portées par les petites filles ET les petits garçons)




  • A une période ou on ne parle que de mouchoirs jetables, j'ai eu envie de revisiter l'époque où 

    le mouchoir
    était "roi".



    D'abord, pas de mouchoirs au moyen age !   on utilisait... ses doigts !



    Ce n'est qu'au XIVème siècle que l'on commence à en trouver trace dans les inventaires. Ils étaient alors appelés

    "mouchoirs" ou "pleuroirs",

     et sur les images de l'époque, on voit effectivement les nobles dame essuyer leurs jolis yeux.

    J'ai bien dit les "nobles dames" car réserver ne serait-ce qu'un tout petit bout d'étoffe à ce seul usage était un véritable luxe.

    Mais même s'il était signe de richesse, le mouchoir restait malgré tout un objet utilitaire, qui devait surtout être doux et confortable.







    Les 3 siècles suivants vont voir le mouchoir se généraliser, mais c'est toujours un objet réservé aux plus fortunés,
    et les moralistes qui essayent de persuader le peuple de son utilité vont se contenter finalement de conseiller de se moucher .... avec les doigts de la main gauche, car c'est celle qui ne touche pas les aliments !

    ou bien de se moucher dans sa manche

    (et je vous fait remarquer qu'aujourd'hui à nouveau, on nous conseille d'utiliser notre manche pour éternuer !  )






    Progressivement, le mouchoir ne va plus être utilitaire mais va devenir un véritable accessoire de mode, au fur et à mesure qu'il va s'orner de broderies, de dentelles d'or et d'argent, de riche Point à l'aiguille, et plus il sera beau, plus on va vouloir le montrer,  au point qu'il fera même partie intégrante du costume de cour en Espagne , excusez du peu !


    Et oui, c'était un accessoire royal, en témoignent  ces 3 portraits de reines en noir :



    en 1617, à droite, notre Marie de Médicis, reine de France, avec bien sûr un mouchoir en dentelle à l'aiguille .... sinon, ce ne serait pas Marie de Médicis !

    Vers 1650, en haut, vous avez Marie Anne d'Autriche, Reine d'Espagne (et maman de notre petite infante du début) avec un mouchoir peu orné ....mais à l'échelle de sa robe !

    Enfin, à gauche, à la fin du XIXèmes siècle, Victoria, Reine d'Angleterre posait encore avec un mouchoir.






    Ces messieurs aussi avaient leurs mouchoirs, même s'ils le portaient plus discrètement, roulés dans la main ou à la ceinture.
    Ainsi, tous les matins, présentait-on à Louis XIV trois "mouchoirs de point" (c'est à dire en dentelle à l'aiguille) pour qu'il puisse choisir.

    Savez vous que jusqu'au XVIIIème siècle, le mouchoir avait toutes les tailles et les formes possibles : carré, rectangulaire, rond .... et c'est Louis XVI qui va ordonner par lettre patente que le mouchoir soit toujours carré (sur les conseils de Marie Antoinette parait-il qui trouvait cette forme plus pratique et élégante).



    A partir de là, le mouchoir ne va plus être un accessoire "royal", il va se généraliser, se colorer ... puis se jeter ... mais c'est une autre histoire ...


    Je vous propose de découvrir ICI  quelques mouchoirs de cette grande époque,
    et LA
     , vous avez quantité de "portraits au mouchoir".
    Bonne visite.





     

     
    Avec dans les rôles principaux, et dans leur ordre d'apparition à l'écran :

    L'infante Marguerite-Thérèse (1651-1673) par Jaun Bautista Martinez del Mazo - Le Prado
    Guenievre , Tristan de Léonois, Vers 1470 (BNF Paris)
    Marie Anne d'Autriche (1634 1696) par Diego Velasquez - Musée du Louvre
    La reine Victoria par Lady Julia Abercromby - National Portrait Gallery
    Marie de Médicis par Frans Pourbus II le jeune - Château de Versailles 16177
    et enfin, le mouchoir d'Isabelle de Bourbon 1621 - Peint par Rodrigo de Villandrando - musée ?





  • Je ne sais pas si l'accessoire de mode le plus adapté à la dentelle n'aura pas été  les engageantes, ces volants de dentelles ou de fines broderies blanches , parfois ornés de rubans, qui prolongèrent les manches mi longues des robes pendant un peu plus d'un siècle, de 1670 environ, sous Louis XIV, jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, jusqu'à la révolution.

    Voyez sur cette photo combien ces engageantes sont faites pour mettre magnifiquement en valeur la dentelle, mais aussi ... et surtout....  la grace et la féminité de cette main.







    Les engageantes apparaissent sur les robes somptueuses du règne de Louis XIV, ces robes surchargées de noeuds, de rubans, de broderies d'or, d'incrustations de dentelles.

    Les manches de la robe s'arrêtaient légèrement au dessous du coude et étaient bordées de deux, trois ou parfois même quatre  couches de dentelles.

    Ces flots de dentelles, ces rangs de linon mousseux accompagnaient à merveille les gestes élégants et gracieux de ces bras à la peau si blanche, comme le voulait la mode à l'époque.






    Par contre ... l'hiver ...comme le montre ce dessin de Nicolas Bonnard, le manchon n'était pas superflu !










    Les portraitistes du XVIIIème siècle nous permettent enore  aujourd'hui d'admirer les engageantes les plus spectaculaires, notamment celles de Mme de Pompadour ci dessus.

    A ce moment là, les robes se sont allégées (bien que toujours très richement ornées malgré tout). On porte la robe dite "à la française" avec ses manches à double ou parfois triple pagode : 2 ou 3 volants du même tissu que la robe sont fixés à la manche par une large bande froncée.

    Comme les engageantes dont ils sont l'écrin, ces volants sont étroits à la saignée du bras et beaucoup plus longs à l'arrière.
    C'est ce type de manche que l'on voit sur le détail du portrait de Mme de Pompadour , ainsi que sur la photo en tout début de l'article, photo en noir et blanc d'une robe présentée lors d'une exposition du Musée de la Mode et du Costume de la ville de Paris, avec des engageantes en Valenciennes.




    Par la suite, même si les larges robes à la française seront toujours portées à la cour jusqu'à la révolution pratiquement, les engageantes vont nettement se simplifier et même disparaître progressivement avec l'arrivée des "polonaises" et des "robes  à l'anglaises", comme le montre la photo ci contre ou le simple petit volant de dentelle ne rappelle que de très loin les spectaculaires engageantes passées.








    Les engageantes étaient  constituées de plusieurs  volants superposés ,volants de dentelle ou volants de broderie blanche sur du linon léger, de la mousseline.

    Comme l'explique Anne Kraatz dans son ouvrage "Dentelles", il était rare de voir des dentelles fabriquées spécialement pour les engageantes.
    En effet, ces dentelles devaient alors  être étroites aux extrémités et très  larges au milieu .
    Des engageantes faites "en forme" coûtaient donc extrêmement cher.
    Comme de plus, une grande partie des volants étaient cachée par les volant supérieurs, les engageantes étaient très souvent fabriquées à l'économie :  en cousant une dentelle droite au bord  d'un large  tulle simple sans motif (le marli).
    Seule la bande de dentelle était donc visible, le marli étant caché par les volants  supérieurs.



    Qu'ils soient entièrement en dentelle, en dentelle et marli, en broderie, ou en simple mousseline légère, ces volants étaient froncés et fixés sur une bande de tissu, bande qui était ensuite cousue au bord des manches de la robe, à grands points, afin de pouvoir être facilement décousus et lavés.



    La photo de droite vous montre un exemple d'engageante en broderie de Dresde.
     Ce type de broderie blanche a beaucoup concurrencé la dentelle au XVIIIème siècle, pour les engageantes, mais aussi pour les fichus et les tabliers (qui étaient à cette époque un accessoire de mode très richement travaillé et pas du tout utilitaire !).








    Si vous voulez voir ces dames "en entier ":
    Vous pouvez voir le portrait de Mme de Pompadour par Maurice Quentin de la Tour ici.
    Pour voir d'autres tenues et d'autres engageantes de la même dame, vous pouvez aussi cliquer ici et ou encore  où vous remarquerez aussi la largeur de la dentelle en bas de la robe.
    Marie Antoinette par Vigée le Brun est ici.
    Et pour le plaisir de voir d'autres belles dames aux belles engageantes : ici Marie Leczibnska par Jean Marc Nattier, ici Dorothy Quincy par J Singleton Copley, et  Davig Garrick et sa femme par William Hogart





    Et si nous nous remettions à porter des engageantes ?

    Pas en dentelle ou en broderie blanche, non.

    Mais pourquoi pas  des chemisiers  ou même des  t shirt aux manches mi longues, avec des engageantes en tissus de fantaisie,  de matières et de couleurs différentes, ornés de broderies, breloques, boutons.....
    Il y a quelques créatrices dont je visite souvent les blogues ... et qui j'en suis sûre, feraient ça très bien ....





    Une partie de la bibliographie utilisée pour cet article :
    Le costume Français - Jacques Ruppert
    Dentelle - Anne Kraatz
    Histoire de la mode et du costume - James Laver
    Catalogue de l'exposition Mode en dentelle - Musée de la mode et du costume de la Ville de Paris.1983
    Embroidered with white by Heather Toomer





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