• (h: 24cm   lin 80/2)

    Pour une exposition dont le thème était "les îles", j'ai voulu créer ce petit modèle de phare en dentelle,  tout simple, rapide et distrayant à faire.

    Comme à mon habitude, je me suis amusée à mélanger les fonds (Mariage, fond à la rose, Diamant, Dieppe ...),.
    A certains endroits, dans le mat,  les passées (CTC) sont remplacées par des passées tordues (CTCT) afin de donner une impression de mur crépi.


    Pour le toit, j'ai utilisé un mat fantaisie dans lequel les paires pendantes sont croisées entre elles en passées (CTC) tous les deux rangs (voir gros plan et schéma)

    Vous pouvez l'employer à la place d'un mat classique, pour donner une petite touche personnelle à n'importe quel modèle de dentelle Torchon.

    Utilisez le par exemple si votre fil est un peu trop fin et que vous trouvez que vos mats classiques sont trop légers. Ce mat fantaisie remplira mieux l'espace.






  • Je voudrais vous faire découvrir une grande dentellière : Leni Matthaei.

    Si la dentelle allemande aujourd'hui est aussi vivante,  aussi créative, c'est un peu, c'est même beaucoup grâce à elle (1).

    Leni Matthaei est née en 1873 , elle a donc commencé à faire de la dentelle à un moment où l'industrie dentellière était condamnée par la mécanique et par l'évolution de la mode.
    Il fallait  donner une nouvelle vie à la dentelle, une autre chance.

    Leni Matthaei a eu envie de "libérer" la dentelle, de la débarrasser de toutes ses couches, de tous les rajouts ornementaux accumulés à travers les siècles, de toutes les règles techniques contraignantes, il fallait retrouver la pureté des points de base et leur donner une expression nouvelle.
    Avec elle (et d'autres) la dentelle qui ne pouvait plus être une industrie, a fait ses premiers pas dans l'artisanat d'art.
    Terminés les motifs traditionnels, gracieux, élégants, mais si "standardisés", les dentelles allaient devenir des oeuvres uniques et expressives.

    On aimera plus ou moins chacune des créations de Leni Matthaei, mais toutes témoignent de ses recherches : comment utiliser de façon novatrice les points de dentelles, même les plus simples .... et surtout les plus simples.




    Sa dentelle nous interpelle, elle nous accroche, elle nous provoque, elle fait parler notre imaginaire.
    Ce que je trouve extraordinaire dans ses oeuvres, c'est le mouvement , comme sur cette photo .
    Le titre de cet ouvrage est "Strom".
    Je ne connaissais pas la signification de ce mot, je viens de l'apprendre : "Courant " ; et pourtant, depuis toujours j'ai vu dans cette dentelle une coulée, la coulée d'un glacier, le lit d'un fleuve.  Preuve que le langage de la dentelle  est universel.


    Pour une créatrice de dentelle, les ouvrages de Leni Matthaei sont une source d'inspiration et d'idées inépuisable (et beaucoup de créatrices actuelles sont ses "filles", je pense notamment à Brigitte Bellon que nous sommes nombreuses à apprécier et qui s'est beaucoup inspirée de Leni Matthaei).
    Je ne peux pas mettre toutes les photos de ses oeuvres, j'espère seulement vous avoir donné envie d'aller à sa rencontre, d'aller voir les sites et les livres indiqués à la fin de l'article.

    Vous aimerez, vous n'aimerez pas, mais vous ne pourrez pas être indifférente.



    Voici une photo que j'aime beaucoup de Leni  : elle est là, droite, élégante, l'esprit vif, la répartie au bord des lèvres, le coup de crayon assuré et toujours aussi novateur, et elle a ..... 105 ans sur cette photo !

    Oui, amies dentellières, Leni a continué à dessiner et à denteler jusqu'à sa mort, en 1981, à 108 ans !


    Alors nul n'est besoin pour nous d'investir dans une console nintendo DS avec le "programme d'entraînement cérébral" d'un docteur inconnu : nous avons nos fuseaux, et visiblement ...  ça conserve ! 












    Pour voir d'autres oeuvres de LM, vous pouvez aller sur le site de Rosanna, et voir qq photos du dernier congrès des dentellières allemandes (dont un des fameux napperons "corail"), cliquez      ici
    Une autre dentelle de LM en cliquant ici
    Et enfin voir les trois dernières photos de l'article que vous lirez en cliquant ici







    Voici 2 livres consacrés à Leni Matthaei, les deux sont épuisés ... il faudra donc fouiner sur le net :
    Leni Matthaei ein Leben für die Klöppelspitze. Auteur Inge Möhlensiepen. Editeur M & H Schaper- Hannover 1980.
    Ce livre est en allemand, je ne connais pas l'allemand, les photos sont de très médiocre qualité .... et pourtant je ne me lasse pas de le regarder.

    Deutsche Klöppel-spitzen von Leni Matthaei -  Editeur: Verlag für die Frau - Leipzig 1995
    48 petits modèles de Leni Matthaei, avec les cartons (explications en allemand)

    (1) un MAGNIFIQUE livre édité par le Deutscher Klöppelverband témoigne de l'extraordinaire créativité des dentellières allemandes de 1950 à 2000.
    Encore un livre que je serais capable de feuilleter tous les jours. Vous y trouverez plusieurs photos de dentelles de Leni Matthaei.
    Le titre de ce livre : Klöppelspitze in Deutschland ihre Weiterentwicklung von 1950 bis 2000
    Vous pouvez vous le procurer sur le site du Deutscher Klöppelverband.




  • C'est l'époque du carnaval de Venise, c'est donc l'occasion de vous montrer ce masque.

    Tous les ans, le groupe de dentellières dont je fais partie expose sur un thème donné. Selon le thème, je suis plus ou moins inspirée ... 
    Une année le thème a été Venise et là, ce fut un régal. J'aurai donc l'occasion de vous montrer progressivement d'autres créations réalisées pour cette exposition.


    C'est vrai que ce masque n'est peut être pas tout à fait adapté pour Venise :  un masque aux fuseaux pour LA ville de la dentelle à l'aiguille !
    C'est un masque avec des volutes travaillées à la façon du Fleuri de Bruges : petit clin d'oeil de la Venise du Nord à la Venise du Sud !
    Il a été réalisé en lin Bockens 60/2 noir et bleu marine.



    Si Venise fut surtout connue au XVIe et XVIIe siècle  pour sa dentelle à l'aiguille, on y a aussi travaillé la dentelle aux fuseaux.
    Mais cette production aux fuseaux a laissé peu de traces pour plusieurs raisons :
    • La dentelle aux fuseaux vénitienne a été en quelque sorte étouffée par la renommée des points à  l'aiguille  
    • Elle n'a jamais développé son style propre : elle s'est contenté d'imiter les dentelles à l'aiguille. La copie a eu bien sûr moins de succès que l'originale. 
    • Enfin, elle était aussi terriblement concurrencée par les dentelles flamandes aux fuseaux plus appréciées, entre autre parce qu'elles utilisaient un lin beaucoup plus fin et de bien meilleure qualité



    Seules traces de cette production aux fuseaux : les inventaires (*) et les livres de modèles.
    En effet, au XVIe siècle, on publiait déjà des livres de modèles, comme aujourd'hui !
    Ces livres proposaient essentiellement des modèles pour dentelle à l'aiguille, indiquant parfois cependant qu'ils pouvaient aussi être réalisés aux fuseaux.


    (*) les inventaires sont une source de renseignements très précieuse pour les historiens de la dentelle.
    En effet, les dentelles étant considérées comme des biens de grande valeur (autant que les terres, les maisons, ou les bijoux), elles figuraient donc avec beaucoup de détails dans les inventaires établis lors des mariages, décès, saisies, etc.




  • Savez vous ce qu'est l' engrêlure ?

    C'est un étroite bande généralement aux fuseaux qui était cousue sur le bord des dentelles.

    Pourquoi rajouter cette petite bande ?    Parce que la dentelle est fragile et qu'elle a toujours été très chère !!

    Il n'était donc pas question de l'abîmer en la lavant en même temps  que la chemise ou le col auxquels elle était fixée.
    On devait donc découdre la dentelle avant de laver, et la recoudre ensuite.
    Bien sûr ces opérations plusieurs fois répétées risquaient d'abîmer le bord de la dentelle, c'est pour cela qu'on a eu l'idée d'ajouter cette petite bande sans valeur qui pouvait être changée quand elle était trop abîmée.



    Sur cette photo, vous voyez la délicatesse du pied (*) d'une dentelle de Malines.
    On comprend aisément qu'il ne puisse supporter de trop nombreuses manipulations.


    (*) Pour les non dentellières :  le "pied" est le bord lisse,en haut de de la dentelle, qui sera cousu au tissu (ou cousu à l'engrêlure qui sera elle même cousue au tissu)








    (H: 7cm)





    (H: 3cm)
    Sur cette photo, vous voyez une dentelle de Malines faite à la main avec, en haut, une engrêlure (mécanique) qui se différencie bien du reste de la dentelle.

    Fait à la main ou mécanique, c'est ce modèle d'engrêlure qu'on rencontre le plus souvent : un entre deux guipure entièrement en passées tordues pour être bien solide.



    Les engrêlures étaient généralement faites aux fuseaux : c'étaient parfois les "exercices" des petites apprenties dentellières (ces petites filles de 5 ou 6  ans qu'on faisait denteler 10 heures par jour !), ou les travaux de vieilles dentellières qui n'y voyaient plus guère.
    Mais à la grand époque de la dentelle, cela ne suffisait pas : aussi certaines villes s'étaient -elles spécialisées dans la confection des engrêlures !
    Puis, avec l'arrivée de la mécanique, la petite bande de fuseaux a été le plus souvent remplacée par un étroit entre-deux mécanique.



    Il  ne faut jamais juger une dentelle sur son engrêlure  !

    En effet, les techniques (fuseau / aiguille / mécanique) de la dentelle et de l'engrêlure peuvent être différentes, les époques différentes, la qualité du travail différente, les fils différents, etc



    Après l'exemple d'engrêlure mécanique vu plus haut, voici un exemple d'engrêlure main :  il s'agit d'une ancienne dentelle à l'aiguille, bordée d'une engrêlure (de la même époque sans doute) aux fuseaux.

    Dans cet exemple, l'association est heureuse et l'engrêlure se fond bien à la dentelle elle même.











                                                                                             (H:6.5cm)



    On était tellement habitué à voir l'engrêlure au bord des dentelles que la mécanique a fini par imiter l'ensemble.
    Ainsi, sur l'exemple ci dessous on croit voir une dentelle bordée d'une engrêlure très classique.
    En fait non, il s'agit d'un travail mécanique où les deux ont été tissés en même temps.
    (H:4.5cm)






  • Vous prenez un carreau de cuisine que vous avez sous les yeux tous les matins au petit déjeuner, du papier, un crayon, des fils de lin et des fuseaux, vous mélangez des techniques de dentelle belges et slovènes plus un soupçon de technique française, et vous obtenez un ...  oiseau bleu.


    Les ailes et la queue sont travaillées comme la "dentelle chrysanthème" belge (chrysantenwerk) qui doit son nom à la fleur qui entre dans la plupart de ses compositions.

    Au Fleuri de Bruges belge j'ai aussi emprunté le fond que j'appelle "grillage à poules".

    Les fleurs sont inspirées des fleurs de la dentelle d'Idrija

    Et la petite touche de technique très française : c'est la longue tige enroulée qui prolonge le bec de l'oiseau et qui est travaillée en roulotté.
    Ce roulotté si joli, mais surtout si pratique pour camoufler les fils de couleurs différentes, pour ajouter et/ou supprimer des paires proprement.

    Quand aux petites étoiles en tresses picotées, elles sont universelles : Cluny, Fleuri de Bruges, Idrija, dentelle Russe, etc .... chacun ayant cependant sa façon de les travailler !




    Et voici le résultat final, travaillé en lin Bockens 60/2  (Carré de 22cm)





    Les pétales de la dentelle Chrysanthème (c'est à dire les plumes de mon oiseau) sont travaillés avec un premier côté toujours en mat et un second côté travaillé en grille ou avec point fantaisie (sortes d'araignées) comme sur le schéma ci dessous.

    Le bord extérieur est épinglé à 2.
    Le bord intérieur du mat est épinglé à 4 afin de pouvoir faire un accrochage en relief au retour.






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