• Napoléon




    Et oui, c'est bien Napoléon !

    Que vient-il faire ici ?

    Mais il a sa place, oui oui, il a sa place sur un blogue de dentelle,
    car il a "bataillé" pour elle !

    Ce ne fut pas une défaite .... mais ce ne fut pas une grande victoire non plus !


     Napoléon a essayé d'aider les industries du luxe, peut être plus pour des raisons de prestige d'ailleurs, que pour des questions économiques.

    Parmi ces industries : la porcelaine, les soieries lyonnaises par exemple ... et la dentelle qui avait particulièrement besoin d'aide à cette époque.
    Ce n'était  pas la révolution qui avait tué la dentelle, l'industrie dentellière était déjà sur son déclin. Il suffit de comparer la place qui lui était faite sur les costumes Louis XIV et Louis XVI pour s'en rendre compte.





    Pour mener la bataille et sauver la dentelle, Napoléon avait deux armées prestigieuses :

    les dentellières d'Alençon et celles de Bruxelles.

    Et oui, Bruxelles aussi , qui faisait partie à ce moment là de l'empire français!
    L'application de Bruxelles d'ailleurs se prêtait à merveille aux motifs d'abeilles, aigles et couronnes de laurier du style napoléonien.

    Il accorda d'abord des fonds importants destinés à ouvrir des écoles, à organiser des concours, mais l'effet de ces mesures sera de courte durée.


    Pour relancer l'industrie dentellière il fallait surtout relancer les commandes, et pour relancer les commandes, il fallait mettre les dentelles en valeur, leur faire de la "pub".





    Pour cela, Napoléon emploiera deux méthodes :

    Les commandes impériales et les expositions internationales.



    De  nombreuses et importantes commandes impériales donnèrent une bouffée d'oxygène à cette industrie.


    Ces commandes donnaient parfois à Napoléon l'occasion de faire des visites de prestiges
    ,
    à Bruxelles en 1803 dans la firme de Mme Vanderborght,

    à Alençon le 31 mai 1811 chez Mme Crérambault à qui il avait commandé une garniture de lit pour Joséphine, garniture de lit "parsemée d'abeilles et bordée de branches de lilas"
    ....  qui fut terminée un peut trop tard pour Joséphine et qui nécessita  un changement d'initiales de dernière minute pour mettre celles de Marie Louise.


    Il s'agissait véritablement de visites de prestige puisque Napoléon  arriva à Alençon avec un cortège composé de "50 voitures, attelées de de 250 chevaux de poste, 17 bidets pour les piqueurs, 6 brigades de chevaux de selle, 6 berlines de ville, 3 calèches à la Daumont, et 50 chevaux de carrosse. Il y avait pour les escortes 150 grenadiers, 230 chasseurs, autant de dragons et 15 gendarmes d'élite" (1) . 

    Et les dentellières de Mme Crérambault étaient là à l'arrivée,  pour lui faire une démonstration de leur art .
    A-t-il dit  les phrases que l'on entend à chaque démonstration : "il faut de bons yeux" .... "j'aurais pas la patience" ....      
         ...    ça m'amuse de l'imaginer   




    Les expositions nationales et internationales étaient aussi l'occasion de mettre les dentelles à la main en valeur, car n'oublions pas qu'elles étaient menacées, étouffées par la concurrence des ouvrages mécaniques anglais.

    Commandes impériales et expositions  suscitèrent un nouvel intérêt pour la dentelle, entraînèrent quelques commandes qui permirent de à la dentelle de prestige et à quelques grandes firmes de survivre, mais pas à l'industrie dentellière de faire vivre les milliers de petites dentellières des siècles précédents.



    Comme sous la monarchie où le port de la dentelle était obligatoire, Napoléon exigea aussi que l'on porte de la dentelle pour les réceptions officielles .
    Pour les hommes, même sur les costumes d'apparat, il n'y avait guère que le jabot qui était en dentelle. Et en dehors des très riches costumes de  cour, elle n'était pas présente sur les tenues masculines.

    Quant à Napoléon, à part le petit jabot d'Alençon et le col à la Médicis de son couronnement .... on ne le voit guère porter de dentelle sur les différents portraits connus !









    Par contre, les dames de l'empire portaient beaucoup de dentelles (au moins sur les robes d'apparat) .

    On aime beaucoup aussi à l'époque les cols relevés "à la Médicis", un peu comme celui de Joséphine que l'on voit ci contre

    La dentelle d'application de Bruxelles était la plus appréciée, mais on portait aussi beaucoup de  Blonde qui avait surtout l'avantage d'être peu chère.












    Les robes en Point d'Alençonsont quand même plus rare .... imaginez le temps que j'ai passé à admirer cette robe entièrement en Alençon lors d'une exposition des Musées Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles (hélas la photo ne lui rend pas  vraiment hommage) . 

    Regardez bien : toute en Point d'Alençon !!!!!





    Les photos "dans leur ordre d'apparition à l'écran" :
    - Napoléon en costume de sacre par Robert Le Fèvre
    - Voile en application de Bruxelles sur réseau Drochel
    - Portrait du Maréchal Duroc en  costume de cour par Baron Gros
    - Josephine - Détail du Sacre de Napoléon par Jacques-Louis David
    - Robe en Point d'Alençon 1805. Musées Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles
    (1) "La dentelle d'Alençon". Felix Boulard  1924


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