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Vous souvenez vous du classeur de Michèle .
J'avais dit que nous continuerions à le feuilleter.
Alors continuons aujourd'hui avec une page qui va nous intéresser particulièrement, celle du
Montage des dentelles sur le tissu
Michèle nous propose toutes la série des points de montage les plus utilisés :
avec rouleauté
au point de bourdon
au point de feston
au point de Paris
au point turc
avec jours échelles
(dans son ordre de présentation)
Je vais vous proposer une série d'articles qui détailleront tous ces points de montage.
Mais pour aujourd'hui, je vais me contenter d'énoncer quelques généralités
C'est un peu barbant, je sais .... mais c'est très important
Règle numéro 1
Non non non !!!!!!!
Comme ça, on fait pas !
On a passé des heures à faire une dentelle main ....
on fait un montage main !!
bande de tricheuses !!!!
2 - Choisir son tissu
Choisissez votre toile en fonction de votre dentelle.
Une bonne et solide toile de lin est parfaite pour un Cluny, mais beaucoup trop rustique pour une légère dentelle à fond clair qui préférera une fine batiste ou un linon
A moins d'être experte, préférez le lin et le coton : ce sont des matières pacifiques et dociles.
Alors que le synthétique et même la soie sont au contraire des matières fantasques et extrêmement indépendantes qui feront tout .... sauf ce que vous souhaitez, avec au final un montage trop serré ou qui gondole.
Pensez aussi qu'au lavage votre tissu synthétique va peut-être réagir différemment de votre dentelle qui est en lin ou en coton, et vous risquez d'avoir un ouvrage tout déformé dès la première lessive.
Attention aussi aux couleurs : si vous choisissez un fil fantaisie pour votre dentelle, assurez vous que vous aurez une toile qui ne va pas affadir, ou au contraire écraser votre dentelle.
3 - Choisir son point de montage
Choisissez votre point de montage en fonction de l'usage que vous allez faire de votre ouvrage : si c'est une dentelle utilitaire destinée à être lavée, il sera préférable de faire un montage avec ourlet.
Si c'est juste une dentelle à encadrer, vous pourrez vous permettre de couper votre tissu au ras de votre joli montage au point de Paris par exemple.
Choisissez aussi votre montage en fonction de votre dentelle : un gros point turc et même un point de bourdon seront trop grossiers pour une fine dentelle de Bayeux par exemple.
4 - Joindre l'agréable à l'utile
Votre point de montage ne doit pas être uniquement un point utilitaire,
Laissez parler votre imagination et votre créativité. Votre point de montage doit être un ornement, il doit mettre en valeur votre dentelle
Regardez par exemple ce petit entre deux en Torchon,
tout ce qu'il y a de plus basique comme dentelle.
Le voilà monté au point de bourdon ..... c'est bien ....
on a même rajouté un petit jour échelle de chaque côté .... louable effort
Mais bon .... au final, ça ne casse pas 3 pattes à un canard
et voici le même petit entre deux avec un montage sur un ourlet bordé d'un jour fantaisie.
Ca fait un tout, un ensemble cohérent. La dentelle parait plus large et plus raffinée
Pas mal, non ?
5 - Faire les choses dans l'ordre
Enfin, si vous avez envie de broder le centre du tissu, vous devrez surtout le faire AVANT de monter la dentelle autour.
Je me souviens de ce carré torchon (modèle de Brioude) que j'avais monté de façon ... parfaite !
Trouvant le centre en tissu trop imposant, j'ai voulu rajouter un petit jour échelle au milieu.
La broderie du centre a eu pour effet de resserrer la toile .... et le montage s'est mis à gondoler.
J'ai été obligée de tout recommencer.
Voili voilou pour la petite mise en bouche d'aujourd'hui.
La prochaine fois, on attaque avec le montage classique au point de bourdon si vous voulez bien.
Bon week end
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Vous souvenez vous de ce rêve de la Renaissance :
Rendre le linge transparent,
et arriver à faire des petites dents décoratives en bordure ?
Ce magnifique col nous prouve que cette recherche n'a pas été vaine,
tout y est : la transparence et le bord dentelé
Pour ce qui est de la transparence, la solution avait déjà été trouvée depuis longtemps :
on brodait des jours.
On connaît tous la technique de base des jours très simples comme celui ci, à droite :
on enlève quelques fils de trame et/ou de chaîne, et on brode les fils restants avec des points variés.
Bien sûr, nos brodeuses de la Renaissance étaient beaucoup plus expertes :
elles enlevaient de plus en plus de fils de trame et/ou de chaîne
pour faire des jours de plus en plus larges,
et elles inventèrent une multitude de points de remplissage de plus en plus riches et décoratifs.
Regardez ce sampler anglais du 17ème,
il permet de comprendre mieux ce qu'était devenu cette technique au fil du temps.
Quand on voit ces broderies si riches,
on croirait voir de la dentelle, non ?
Et pourtant ce sont bien des jours sur toile
....
puisqu'il y a une toile au départ .
Mais cette toile disparaît, on la voit de moins en moins.
C'est une aberration !!!!!!
on achète, fort cher, une belle toile fine
pour en retirer la majorité des fils,
et recouvrir le peu qui reste par de la broderie.
Il devient urgent de se pencher sur le problème.
alors, penchons nous aussi sur ce problème
à quoi nous sert la toile en fait ?
Elle nous fournit juste quelques fils de trame (en jaune) et de chaîne (en bleu) pour délimiter des carrés.
Ces fils vont servir de support, de point d'ancrage, à la broderie de remplissage.
Si on a besoin de points d'ancrage supplémentaires, en diagonales par exemple (rouge), on les fait soi-même en tendant quelques fils
(voir flèche rouge qui montre une ligne diagonale en cours de fabrication)
....
Bon mais alors ....
puisqu'on sait tendre des fils de support en diagonales,
pourquoi ne pas faire tout le tour du carré de la même manière,
et ne plus utiliser de tissu ?
en voilà une idée qu'elle est bonne , non ?
Quelques brodeuses
(italiennes sans doute)
vont donc avoir l'idée géniale de prendre un petit bout de velin ou de parchemin, et de tracer leur dessin dessus.
Sur les bords du carré et en diagonale, elles vont bâtir leur armature en posant quelques fils qui vont juste suivre le motif, sans jamais traverser le parchemin.
C'est avec une autre aiguillée et un fil fin qu'elles vont faire quelques points espacés
(qui eux, traverseront le parchemin)
pour maintenir les fils d'armature en place.
Puis, elles vont tranquillement faire leur remplissage comme d'habitude.
Il faut préciser qu'aucun de ces points de remplissage ne va traverser le parchemin.
Les fils d'armatures et les points de broderie sont donc tous à la surface du parchemin.
Quand l'ouvrage sera fini, il suffira de couper les petits points de bati pour qu'il se détache de son support provisoire.
(*)
Et cette technique nouvelle va donner des idées à nos petites brodeuses :
pourquoi toujours faire des carrés maintenant qu'on n'a plus la contrainte des fils de trame et de chaîne ?
bon sang .... mais c'est bien sûr .....
on peut enfin faire des dents avec cette technique !
nos brodeuses ont donc travaillé à la main
avec une aiguille
sans support permanent (sans tissu en l'occurrence)
elles viennent donc de remplir les 3 conditions obligatoires pour leur reconversion
elles sont devenues .... des dentellières !!
La dentelle à l'aiguille était née.
Regardez ce col superbe :
il est juste à la croisée des chemins :
Il est en Reticella :
c'est le nom donné à cette technique de jours poussée à l'extrême que l'on vient de regarder de près.
On voit bien tous ces petits carrés formés en retirant les fils de trame et de chaîne, et que l'on rebrodait de mille points de fantaisie.
et les dents de la bordure du col sont en Punto in Aria
c'est le nom donné à ces toutes premières dentelles à l'aiguille
Bien sûr, les motifs géométriques vont être progressivement abandonnés,
cette nouvelle technique permettait de réaliser n'importe quel motif.
La célèbre dentelle d'Alençon sera réalisée 2 ou 3 siècles plus tard exactement de la même manière que ces premiers petits motifs réalistes encore un peu maladroits.
Cette technique va coïncider avec la mode des fraises.
Alors croyez bien que les élégantes de le Renaissance ne vont pas se faire prier pour porter autour de leur cou des mètres et des mètres de dentelle,
avec des dents démesurées à faire pâlir les requins.
(*) Ces photos de dentelle à l'aiguille en cours de réalisation sont tirées de l'ouvrage "Un bordo Aemilia Ars"
C'est un petit livret très bien fait qui vous permet de réaliser le motif qui se trouve en couverture, motif qui aurait tout à fait pu orner les cols de nos belles dames de la Renaissance.
Il est en italien et en anglais, hélas pas en français, mais il est très bien expliqué, pas à pas, avec beaucoup d'illustrations.
Vous pourrez vous imaginer être la petite brodeuse qui découvrit la dentelle à l'aiguille.
Vous pouvez vous le procurer chez Barbara Fay (clic sur la photo)
Le sampler anglais provient des collections du Victoria and Albert Museum de Londres
Le grand col en Reticelle et punto in aria peut être admiré au Rijksmuseum d'Amsterdam
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J'ai bien peur de beaucoup vous décevoir :
et oui, c'est triste, mais il n'y a pas de "truc" miracle pour réussir son mat en Flandre
Je crois même que vous n'allez pas aimer du tout ce que je vais vous dire
à savoir :
il faut changervotre façon de travailler,
il faut changer votre carreau,
et il faut peut être aussi changer vos fuseaux
et même votre fil !
Pourquoi changer son carreau ?
Si vous travaillez sur une galette plate, une galette à cubes, vos fuseaux sont passifs, inertes,
c'est donc à vous de tendre les fils.
et entre "tendre" et "tirer", la frontière est mince
Une tension légèrement trop appuyées .... et le mat se déforme.
Dans la nature n'ont survécu que les espèces les mieux adaptées à leur milieu.
Il en est de même pour la dentelle.
N'ont survécu que les carreaux et les fuseaux les mieux adaptés à la dentelle de leur région.
Ainsi le carreau de Flandre est-il légèrement bombé pour que les fuseaux pendent et c'est donc uniquement le poids du fuseau qui tend doucement le fil.
Comme le carreau est en pente, ils ne peuvent pas rester au milieu, ils roulent systématiquement d'un côté ou de l'autre et ainsi étalent naturellement le mat.
Sur la photo, le carreau vous parait peut être plat, mais sur la carte postale ancienne un peu plus loin dans l'article, vous vous rendrez mieux compte de sa forme en dôme.
J'utilise aussi beaucoup la galette ronde et bombée.
Vi, j'avoue que tout parait plat sur mes photos ,
et pourtant je vous assure, elle est bombée
Changer sa façon de travailler ?
Bon d'abord il faut arrêter de tirer sur ses fuseaux, ça je vous l'ai déjà assez seriné la dernière fois,
mais il faut aussi
apprendre à denteler .... avec les genoux.
Parfois ce type de carreau est posé en entuer sur les genoux, mais souvent il est trop grand pour cela.
Le bas du carreau est alors posé sur les genoux de la dentellière,
et le haut est appuyé sur un pied légèrement surélevé,
ce qui permet d'accentuer la pente et donc la tension des fils.
De plus, en soulevant un peu les genoux, ou en soulevant uniquement le droit ou le gauche, la dentellière accentue ou diminue la pente selon le besoin, et surtout fait rouler naturellement ses fuseaux d'un côté ou de l'autre.
Et oui, avec cette technique, les fuseaux sont "vivants",
ils bougent, ils s'étalent, ils s'éloignent ou se rapprochent
sans qu'on y touche.
On joue avec ce va et vient pour tendre ses fils, étaler et donner un mouvement à son mat.
Vous avez vu comme je suis chou sur la photo avec mes tites lunettes sur le bout de mon nez ?
Oui,
on n'est pas tout de suite à l'aise avec ces carreaux dont on n'a pas l'habitude.
Oui,
il faut un certain temps d'apprentissage,
mais croyez moi après ... on ne peut plus s'en passer
Oui,
contrairementaux galettes à cube, ces carreaux vous obligent à déplacer votre dentelle
et NON,
ce n'est pas la mer à boire.
C'est très impressionnant la première fois qu'on le fait,
mais croyez moi, c'est pas difficile du tout .
(voilà un truc qu'il faudrait que j'explique à l'occasion )
Changer ses fuseaux ?
Bien sûr, pour tendre les fils, il ne faut pas de fuseaux légers
(genre les fins fuseaux de Bayeux qu'on fait actuellement)
Il ne faut pas de fuseaux trop lourds non plus qui titreraient trop sur le fil
(genre la grosse olive du Puy)
Le fuseaux flamands à droite sont parfaits, mais difficilement trouvables.
Perso, j'utilise les fuseaux fins du Puy à gauche,
en choisissant des bois pas trop légers.
Changer son fil ?
Je sais qu'on se précipite toujours sur les fins cotons égyptiens quand on veut faire du Flandre.
On trouve ça tellement plus joli.
et puis.... ça cache la misère l'air de rien.
Sur du plus gros fils, les défauts se voient mieux.
Alors pour vos exercices, vos échantillons, utilisez par exemple du lin 80/2.
Justement pour mieux voir les défauts, et donc mieux les corriger.
Ensuite, pour les ouvrages finaux, faites vous plaisir bien sûr en utilisant les fils que vous voulez.
mais d'ailleurs, la dentelle de Flandre d'origine n'était pas systématiquement une dentelle de fin fil.
C'était aussi une dentelle rustique, qui bordait les draps et les nappes, et qui nécessitait un fil solide.
Je trouve qu'elle a aussi son charme en fil de lin, un petit air rustique et charmant.
Z'êtes décu(e)s , hein ?
Si vous faites du Flandre (du Paris ou de la Valenciennes) juste pour connaître la technique, juste quelques échantillons et quelques pièces par ci par là, ça ne vaut pas le coup de mettre en oeuvre tout ce que je viens de dire.
Mais si vous voulez vraiment travailler ces dentelles à long terme, et être satisfait(e)s de votre travail, croyez moi, c'est INDISPENSABLE.
Bon allez, je vois vos mines déconfites, alors je vais vous donner quand même deux petits 'trucs" qui peuvent vous aider.
Mais attention, à consommer et surtout à manipuler avec modération.
Ils doivent être effectués avec douceur et légèreté,
si vous tirez ou serrez trop fort .... vous aurez des trous dans votre mat ...
pas au mêmes endroits, mais des trous quand même !
1er "truc" : pour les entrées de paires.On a vu la dernière fois que le fait de tirer sur les anciens voyageurs (paires marquées 1 sur le schéma) avait pour effet de ratatiner le mat, et de créer un grand jour entre lui et le cordonnet.
Alors, pour bien coller toutes ces paires au cordonnet, j'ai appris à compter jusqu'à 2 ! OUI Madame !
Quand je travaille mon mat,
je ne fais rien de spécial avec la première paire pendante traversée (ex-voyageurs)
et, juste après avoir traversé la deuxième paire, je l'écarte légèrement en direction du cordonnet (symbolisé par les petites flèches en pointillé).
Ce n'est pas tellement important pour l'entrée de paire qui vient de se faire, c'est surtout important pour les entrées de paires précédentes, si, comme sur mon schéma, j'ai eu plusieurs entrées successives.
Ainsi, si j'ai eu trois entrées successives, je vais faire cette manoeuvre trois fois
1 - 2 j'écarte
1 - 2 j'écarte
1 - 2 j'écarte
Si par mégarde j'avais un peu trop tiré sur les anciens voyageurs des entrées précédentes, cette petite astuce va me permettre de rapprocher ces anciens voyageurs du cordonnet,
et donc de boucher les trous en quelque sorte.
2ème "truc" : pour les sorties de pairesDans ce cas, c'est le fait de trop tirer sur les nouveaux voyageurs qui va ratatiner mon mat et l'éloigner du cordonnet.
Voici donc une petite astuce pour obliger le nouveau voyageur à rester collés au cordonnet.
Une fois que les deux paires sont sorties et on traversé la paire de ceinture, on fait une très courte tresse, 1 ou 2 jetées suffisent (*)
ATTENTION : ce n'est pas du Cluny! on fait une tresse légère, sans serrer comme une malade surtout, sinon on fera plus de mal que de bien.
Cette tresse a pour effet de "coincer" la nouvelle paire de voyageurs contre le cordonnet.
Bien sûr, avant de se mettre à travailler le réseau, on n'omettra pas de défaire au préalable toutes ces petites tresses.
(*) un tresse = une corde = un trait bleu sur le dessin technique.
Une tresse = 1 passée (CTC) + un certain nombre de jetées (TC)
Comme vous le voyez, les douces dentelles flamandes demandent toute une rééducation, éventuellement un nouveau matériel,mais elles sont si belles
qu'on ne peut rien leur refuser.
La dentellière au chat est un tableau de Paul Haesaert
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Nous sommes au XVème siècle et un nouvel élèment fait son entrée dans le costume :
le linge
Porter du linge sur la peua, c'est agréable
mais ce n'est pas donné à tout le monde, c'est un luxe.
Alors, puisque c'est un signe de richesse, il est hors de question de le laisser à sa place, sous le vêtement ,
non, il faut le montrer.
Ce linge blanc, immaculé, va couvrir le cou et la tête, avec des superpositions de drapés.
Il va magnifiquement éclairer le visage. On le veut parfait, empesé, plat et surtout le plus fin possible.
Regardez le portrait, on voit le front et la coiffe sous le linge .... il est très fin, ça ne peut pas vous échapper.
Mais la Renaissance va vite se lasser de cette rigueur quasi monacale.
On va élargir le décolleté,
on va donner du mouvement au linge,
on va adoucir,
on va arrondir les lignes.
Et puis surtout, on va déborder d'imagination ,
on va jouer avec le linge,
on va le froncer, le gonfler, le plisser
Le cou ne suffit plus, il faut en rajouter,
il va ressortir aux poignets
et on va même faire des trous, des "crevées" dans les costumes pour en faire ressortir des bouillonnés gigantes ques de linge blanc.
Mais c'est pas tout ça
il faut que la technique suive
Car au bord des encolures et des poignets, il faut consolider la toile, tout en laissant l'impression de légèreté et de transparence.
Alors plutôt qu'une simple couture, on va utiliser une technique bien connue depuis longtemps : la broderie
Au départ, ces broderies étaient donc surtout utilitaires.
Sur cet homme, une petite broderie en forme de dents pour l'encolure arrondie.
Et plutôt qu'un simple couture, on a assemblé la manche avec un petit jour décoratif.
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On trouve ça joli
...
Il est joli ce petit jour, ça donne envie d'en faire plus.
et cette petite dent en haut,
elle est délicate comme tout,
...
C'est même dommage qu'elle ne soit pas dans l'autre sens, elle se serait détachée sur le col sombre, cela aurait été magnifique.
Ajourer et faire des dents
Ajourer et faire des dents
Ajourer et faire des dents
Ajourer et faire des dents
Cela va devenir quasi obsessionnel
Pour ajourer, c'est facile, on va broder des jours, ça, on sait faire
Ce linge qu'il était si important de montrer,
on va maintenant s'acharner à le faire disparaître sous la broderie.
Les jours vont occuper toute la place.
Mais hélas, on ne peut faire que des bandes.
Les jours sont tributaires des fils de trame et de chaîne de la toile.
C'est droit
C'est désespérément droit
Pas de dents possibles
Car si on coupe le tissu en forme de dents, une petite broderie ne suffira pas à consolider, on aura de la charpie.
On va avoir une nouvelle idée :
utiliser la broderie comme trompe l'oeil
On fronce, et on fait une broderie sur le bord qui donne un impression de petites dents
Pas bête , hein
ça fait son p'tit effet, non ?
On va même accentuer cet effet en brodant en noir.
C'est ainsi que la broderie noire devint brusquement à la mode.
Le contraste de la broderie noire sur le linge blanc donnait une impression de pleins et de vides,
d'ajourages
et avec les fronces, on croyait voir des petites dents aux encolures
C'est pas mal, mais c'est pas encore ça.
on a réussi à ajourer, mais les dents ....
il faut qu'on arrive à avoir des dents !!!!
Regardez la à droite, elle est tout prête, elle a adopté la toute nouvelle mode des grands cols relevés, elle rêverait d'un col bordé de dents très longues, très pointues et très ajourées
viiiiiiite
il y a urgence
Il faut qu'on trouve une solution
et oui, il ne faut pas croire que la dentelle (*) est un art millénaire,c'est une invention de la fin de la Renaissance,
le fruit de longues recherches techniques .
Une quête acharnée de la "dent" qui donnera bien entendu son nom à cette extraordinaire invention qui est sur le point d'arriver.Les coquettes et les coquets qui ont défilé pour vous sont :
Roger van der Weyden - portrait de femme - 1460- National Gallery Londres
Ambrosius Benson - Jeune femme lisant -1520 - Musée du Louvre Paris
Agnolo Bronzino - Marie de Medicis - Gallerie desOffices
Raphaël -Jeanne d'Aragon - musée national du château de Fontainebleau
Hans Memling - portrait de Jacob Obrecht - Kimaball art museum
Agolo Bronzino- Portrait d'homme - Musée du Louvre
François Clouet- Charles IX de France -1561 - Kunsthistorisches Museum Vienne
Agnolo Bronzino - Portrait de femme - 1530 - Collection Royale Windsor
Agolo Bronzino - Lucrece di Cosimo - 1560 - Galerie des Offices Florence
Hans Holbein le jeune - Catherine Howard - 1540 - Toledo museum of Art
Ce petit diaporama vous permet de les voir "en entier"
... et d'en voir d'autres.
(*) Le terme dentelle au sens strict désigne des ouvrages réalisés :A la main (on ne devrait pas dire dentelle mécanique)
Avec des fuseaux ou une aiguille (exit la frivolité, le crochet, etc....)
Sans support permanent (donc pas de broderie qui se fait sur un tissu)
Ce qu'on voit sur les têtes des jolies dames de l'antiquité, c'est peut être du filet, en tout cas pas de la dentelle.
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Oui, c'est une terrible nouvelle
non non, ce n'est pas à cause de la pollution, de la déforestation ou du réchauffement de la planète,
c'est à cause de l'industrialisation
Car le singe des Flandres, ce n'est pas celui là, la haut,
(là haut, c'est un singe japonais qui va très bien)
Je vous parle de celui ci, en bas
Vous ne voyez pas de singe sur cette dentelle ?
Je vous rassure, j'ai mis très longtemps à le voir moi aussi.
Les dentellières de la fin XIXème et du début XXème faisaient des mètres et des mètres de petits galons sans grand intérêt pour gagner leur vie, sous la pression de la dentelle mécanique.
A tous ces petits motifs qu'on retrouvait régulièrement, elles donnaient un nom.
Il y avait par exemple le Chapeau de curé, les Lunettes, l'oeil de poisson, etc.
Et à ce motif très fréquent et très célèbre dans les petites dentelles de Flandre,
on donnait le nom de Singe.
Alors si, comme moi vous avez du mal à visualiser ce fameux singe, je vous propose de regarder ce dessin.
Martine Bruggeman s'était amusée il y a quelques années à faire un petit prospectus sur lequel elle avait dessiné à sa façon quelques uns des motifs traditionnels des dentelles flamandes.
Et maintenant, grace à elle, je vois enfin le fameux
Singe de la dentelle de Flandre.
Mais, pour en revenir au début de cet article,
il faut bien avouer que ce pauvre petit singe flamand a pratiquement disparu, terrassé par l'industrie de la dentelle.
car les dentellières amateurs actuelles ont envie de travailler des motifs plus .... élaborés ....
ça s'comprend
Bon week end à toutes et tous