• Les engageantes




    Je ne sais pas si l'accessoire de mode le plus adapté à la dentelle n'aura pas été  les engageantes, ces volants de dentelles ou de fines broderies blanches , parfois ornés de rubans, qui prolongèrent les manches mi longues des robes pendant un peu plus d'un siècle, de 1670 environ, sous Louis XIV, jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, jusqu'à la révolution.

    Voyez sur cette photo combien ces engageantes sont faites pour mettre magnifiquement en valeur la dentelle, mais aussi ... et surtout....  la grace et la féminité de cette main.







    Les engageantes apparaissent sur les robes somptueuses du règne de Louis XIV, ces robes surchargées de noeuds, de rubans, de broderies d'or, d'incrustations de dentelles.

    Les manches de la robe s'arrêtaient légèrement au dessous du coude et étaient bordées de deux, trois ou parfois même quatre  couches de dentelles.

    Ces flots de dentelles, ces rangs de linon mousseux accompagnaient à merveille les gestes élégants et gracieux de ces bras à la peau si blanche, comme le voulait la mode à l'époque.






    Par contre ... l'hiver ...comme le montre ce dessin de Nicolas Bonnard, le manchon n'était pas superflu !










    Les portraitistes du XVIIIème siècle nous permettent enore  aujourd'hui d'admirer les engageantes les plus spectaculaires, notamment celles de Mme de Pompadour ci dessus.

    A ce moment là, les robes se sont allégées (bien que toujours très richement ornées malgré tout). On porte la robe dite "à la française" avec ses manches à double ou parfois triple pagode : 2 ou 3 volants du même tissu que la robe sont fixés à la manche par une large bande froncée.

    Comme les engageantes dont ils sont l'écrin, ces volants sont étroits à la saignée du bras et beaucoup plus longs à l'arrière.
    C'est ce type de manche que l'on voit sur le détail du portrait de Mme de Pompadour , ainsi que sur la photo en tout début de l'article, photo en noir et blanc d'une robe présentée lors d'une exposition du Musée de la Mode et du Costume de la ville de Paris, avec des engageantes en Valenciennes.




    Par la suite, même si les larges robes à la française seront toujours portées à la cour jusqu'à la révolution pratiquement, les engageantes vont nettement se simplifier et même disparaître progressivement avec l'arrivée des "polonaises" et des "robes  à l'anglaises", comme le montre la photo ci contre ou le simple petit volant de dentelle ne rappelle que de très loin les spectaculaires engageantes passées.








    Les engageantes étaient  constituées de plusieurs  volants superposés ,volants de dentelle ou volants de broderie blanche sur du linon léger, de la mousseline.

    Comme l'explique Anne Kraatz dans son ouvrage "Dentelles", il était rare de voir des dentelles fabriquées spécialement pour les engageantes.
    En effet, ces dentelles devaient alors  être étroites aux extrémités et très  larges au milieu .
    Des engageantes faites "en forme" coûtaient donc extrêmement cher.
    Comme de plus, une grande partie des volants étaient cachée par les volant supérieurs, les engageantes étaient très souvent fabriquées à l'économie :  en cousant une dentelle droite au bord  d'un large  tulle simple sans motif (le marli).
    Seule la bande de dentelle était donc visible, le marli étant caché par les volants  supérieurs.



    Qu'ils soient entièrement en dentelle, en dentelle et marli, en broderie, ou en simple mousseline légère, ces volants étaient froncés et fixés sur une bande de tissu, bande qui était ensuite cousue au bord des manches de la robe, à grands points, afin de pouvoir être facilement décousus et lavés.



    La photo de droite vous montre un exemple d'engageante en broderie de Dresde.
     Ce type de broderie blanche a beaucoup concurrencé la dentelle au XVIIIème siècle, pour les engageantes, mais aussi pour les fichus et les tabliers (qui étaient à cette époque un accessoire de mode très richement travaillé et pas du tout utilitaire !).








    Si vous voulez voir ces dames "en entier ":
    Vous pouvez voir le portrait de Mme de Pompadour par Maurice Quentin de la Tour ici.
    Pour voir d'autres tenues et d'autres engageantes de la même dame, vous pouvez aussi cliquer ici et ou encore  où vous remarquerez aussi la largeur de la dentelle en bas de la robe.
    Marie Antoinette par Vigée le Brun est ici.
    Et pour le plaisir de voir d'autres belles dames aux belles engageantes : ici Marie Leczibnska par Jean Marc Nattier, ici Dorothy Quincy par J Singleton Copley, et  Davig Garrick et sa femme par William Hogart





    Et si nous nous remettions à porter des engageantes ?

    Pas en dentelle ou en broderie blanche, non.

    Mais pourquoi pas  des chemisiers  ou même des  t shirt aux manches mi longues, avec des engageantes en tissus de fantaisie,  de matières et de couleurs différentes, ornés de broderies, breloques, boutons.....
    Il y a quelques créatrices dont je visite souvent les blogues ... et qui j'en suis sûre, feraient ça très bien ....





    Une partie de la bibliographie utilisée pour cet article :
    Le costume Français - Jacques Ruppert
    Dentelle - Anne Kraatz
    Histoire de la mode et du costume - James Laver
    Catalogue de l'exposition Mode en dentelle - Musée de la mode et du costume de la Ville de Paris.1983
    Embroidered with white by Heather Toomer


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