• Le musée bleu

     

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      Là, vous voyez le Musée Guimet à Paris

    ...  arrangé à ma façon

         

    Mais en fait, je vais vous parler ... lessive

     

     

     

    Que faisait-on au XIXème siècle  pour avoir du linge plus blanc que blanc ?

     

    Et bien on le passait au bleu

    on l'azurait.

     

     

    C'est à dire qu'on le plongeait dans une eau dans laquelle on faisait dissoudre

    au préalable un peu de pigment bleu .

     

     

    Ce fut d'abord du pastel , très cher,

    qui fut remplacé par l'indigo, moins onéreux car importé d'Amérique où il était cultivé par les esclaves.

     

     

    Tout l'art était dans le dosage : il fallait bleuir légèrement le linge pour que, par effet d'optique, il paraisse plus blanc.

      Mais pas trop, car trop d'indigo dans cette eau pouvait au contraire le teindre en bleu

     

     

    On achetait le bleu en poudre, en boules, en plaquettes, en pastilles, etc.

    Dans tous les cas, il fallait le mettre dans un petit sac de mousseline que l'on agitait et pressait dans l'eau pour en extraire le colorant.

    Le sac en mousseline était indispensable pour qu'aucun petit morceau ne puisse s'échapper, menaçant de tacher le linge.

     

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    Il fallait replonger de temps en temps le petit sachet dans l'eau pour rajouter du bleu au fur et à mesure que le linge qu'on y trempait absorbait la couleur.

     

    D'autant que certains linges étaient plus gourmands que d'autres :

     "le linge neuf et celui de coton retiennent beaucoup plus de bleu

    que le vieux linge et celui de fil"  (*)

     

    Il fallait aussi veiller à bien essorer le linge et l'étendre aussitôt pour éviter une accumulation d'eau dans les plis qui pouvait laisser des traînées bleues en séchant.

     

     

     

     

     

     

     

    C'est bien joli tout ça, mais quel rapport avec le musée Guimet ?

     

    Et bien il y a un homme qui fit fortune avec ce bleu qu'on trempait dans l'eau de rinçage,

    ce fût Jean-Baptiste Guimet

     

    Il découvrit en 1826 l'outremer artificiel, et mit ainsi sur le marché un bleu beaucoup moins onéreux que ceux utilisés jusque là.

     

    Ce fut l'invasion du Bleu Guimet

     

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    Jean-Baptiste eut un fils, Emile.

     

    Grâce à la fortune de papa, Emile fit de très nombreux et lointains voyages,

    en Egypte, en Grèce, en Inde, au Japon, en Chine, dans tous les pays d'Asie .... 

     

    Pour présenter au public la magnifique collection d'objets qu'il rapporta de ses voyages, il créa en 1879 un premier Musée Guimet à Lyon,

    puis il déménagea sa collection dans un autre Musée qu'il fit construire dans la capitale :  l'actuel  et célébrissime Musée Guimet de Paris.

     

    Emile Guimet ne se contenta pas de jouer au collectionneur, il reprit l'usine de son père à Fleurieu sur Saône dans la banlieue de Lyon.

     En 1878, cette usine employait eviron 150 ouvriers et produisait 100 tonnes de bleu ! 

     

     

    Et voilà pourquoi j'ai peint le Musée Guimet en bleu

     

    pour qu'on n'oublie pas que cette magnifique collection d'art asiatique doit son existence à toutes les petites ménagères et blanchisseuses qui azuraient leur linge avant de l'étendre dans les prés pour le faire sécher.

     

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    (*) Millet robinet : La Maison rustique des dames, Paris 1888

     

    Pour m'aider à rédiger ce petit billet, j'ai eu recours à :

    La Blanc, une invention choletaise - Elisabeth Loir-Mongazon - Musée du textile de Cholet

    Dans les armoires de nos grands-mères - Inès Heugel et christian Sarramon - Editions du Chêne

     


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