• Le Buratto


    Larg : 14 cm
     

    Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous montre ce vieux "truc" bleu  tout usé ?

    Et bien parce que dans ma "boîte à p'tits bouts de dentelles", c'est un des plus précieux à mes yeux : il s'agit d'un ancêtre de la dentelle : le Buratto.


    Bien qu'il s'agisse plutôt d'une broderie sur un support pré-existant, le Burrato est généralement classé parmi les dentelles  car il fait partie de son histoire, il en est à l'origine comme le filet, le point coupé, le fil tiré, le fil écarté, etc.


    A première vue, on peut confondre le buratto avec le filet brodé. La technique de broderie est exactement la même :point de reprise ou point de toile(*), les motifs sont les mêmes : enroulements  renaissance comme sur la photo, personnages, scènes de chasses,  animaux réels ou imaginaires,etc, mais le support est différent.

     

    Le buratto est travaillé sur une toile tissée comme la gaze: c'est à dire que les fils de chaines sont tordus 2 à 2 à chaque passages (en inversant les torsions), tenant ainsi les fils de trame écartés et donnant au final une sorte de canevas ajouré.

    Sur la photo (fort grossissement), on voit bien les fils de trame toujours droits.
    Et les fils de chaînes tordus 2 à 2  avec les torsions inversées à chaque passage.


    Cette toile était à l'origine utilitaire (son nom vient du latin Bura = étoffe grossière) et pouvait servir par exemple à égoutter le fromage. Mais elle fut ensuite tissées plus finement, généralement en lin blanc (ou en chanvre) puis brodée en soie polychrome ou simplement en fil de lin  (de la même couleur que la toile, ou d'une couleur contrastée) .




    Même si on trouve au Buratto un aspect grossier aujourd'hui, il faut savoir qu'il fût très apprécié, au point d'avoir l'honneur de décorer le bonnet de Charles Quint , et pas n'importe quel bonnet : le bonnet sur lequel était posé sa couronne !!!
    Vous pourrez admirer ce bonnet en  cliquant  ICI

     

    Le morceau de Buratto photographié au début de cet article est brodé (en blanc) au point de reprise sur un lin bleu, ce qui etait peu courant car le lin prenait mal la couleur, on préférait donc au contraire le blanchir.

    Il présente un motif typique Renaissance ... mais il est cependant impossible de le dater. En effet, très prisé à la fin du XVIème, le Buratto fut peu à peu oublié, puis la technique fut reprise au milieu du XIXème, essentiellement en Sicile et en Sardaigne d'où elle est originaire.

    La production du XIXème et du XXème a copié fidèlement les motifs du XVIème ...  rendant délicates les datations. 

    En plus de l'Italie, le Buratto a aussi été fait au Pérou, propagé par les missionnaires. On peut donc retrouver des motifs sud américains sur certains Buratto.

    Pour voir d'autres exemples de Buratto :
    cliquez    ICI  pour voir 2 rectangles avec un motif de griffon, ou bien ICI   pour voir des paons.

    Vous pouvez aussi voir de nombreuses photos de Buratto dans le livret de Mick Fouriscot "Le secret des dentelles Volume 1", aux éditions Carpentier.



    (*) Voici la différence entre le point de reprise et le point de Toile
    A gauche, le Point de reprise : des points tissés dans un seul sens
    A Droite, le Point de toile : Des points tissées dans les deux sens

    Vous trouverez une illustration très parlante de la différence entre ces deux points avec la photo de deux petites fleurs en filet brodé  (voir lien plus bas)
    J'ai trouvé ces deux petites fleurs sur le magnifique blog d'Adriana sur la dentelle Randa : c'est ainsi qu'on nomme le filet brodé en Argentine.
    Puisque vous serez sur ce blog, profitez en pour le visiter, découvrir le Randa et admirer les réalisations spectaculaires d'Adriana.

                               Lien sur la photo des fleurs en point de reprise et point de toile  
    ICI
                               Lien sur la page d'accueil du blog d'Adriana  ICI




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