• Enquête sur des ustensiles de repassage



    "  Il est très utile pour les jeunes filles de savoir repasser leur linge fin, et nous avons pensé qu'en leur fournissant le moyen d'enjoliver tous les ustensiles qui leur serviront pour ce travail, elles prendraient, suivant toute probabilité, avec l'habitude de l'ordre, un certain plaisir à accomplir cette besogne "

    ... ...   C'est en tout cas ce que l'on peut lire dans La Mode Illustrée du 18 mars 1877.



    Je vous propose donc de découvrir ces ustensiles, dont certains sont très mystérieux pour moi, j'ai donc mené ma petite enquête.


    On va commencer par les faciles :

    La poignée du fer à repasser.

    Que vous pouvez admirer sur la gravure en début d'article. Elle est faite de 2 morceaux de toile bleue entre lesquelles on mettra une couche de crin. On capitonne avec de petites houppes de laine rouge. On encadre avec un cordon brodé, et des rubans permettent de la  fixer à la poignée du fer à repasser.

    ça c'est facile, on devine que c'est pour tenir le fer (chauffé à la braise) sans se brûler.


    Tapis pour essuyer le fer à repasser.

    On le voit aussi sur la gravure du haut, il mesure 15 cm sur 30 cm, et est réalisé en macramé avec une grosse ficelle.





    Facile aussi : la couverture à repasser.

    Elle est en feutre blanc et fait 80 cm sur 58cm.
    Le journal propose de la décorer avec un petite point de broderie et une bordure au crochet.

    Je présume qu'elle servait de molleton et qu'on repassait dessus.









    A  partir de là ....  ça devient plus.... "exotique"  , j'ai en effet  découvert les objets suivants :

           


     le Sac à cire

    Il est en toile blanche. le fond est un disque de 9 cm de diamètre, avec un rebord de 4cm de largeur (brodé), Puis le bord supérieur est orné d'une coulisse que traverse un cordon.









    Ensuite nous avons la Bourse à Indigo

    Ce sont deux morceaux de flanelle blanche de 10cm de large sur  17 cm de haut, dont on arrondi le bord inférieur et que l'on coupe en pointe vers le haut. On brode les coutures sur le côté.
    On rattache un cordon au crochet aux deux pointes. On passe ce cordon dans un anneau en os, et on le fixe sur un des côtés de la bourse
    .







    Puis l'énigmatique forme du Sac à Empois

    Il est d'une  gaze épaisse de 50 cm de large et 72 centimètre de long que l'on replie en deux dans le sens de la largeur.
    Le sac est garni à chaque bout d'un ourlet dans lequel on passe des baguettes de bois percées de trous et garnies d'une boule à chaque bout.

    Quand l'empois cuit est placé dans le sac, on noue celui ci, on le tord à l'aide des baguettes de bois, de telle sorte que l'empois ne passe pas par les mains.






    Enfin nous avons les cordelettes à sécher le linge .



    On nous dit qu'elle sont  très faciles à faire puisqu'il suffit de recouvrir  12 brins de coton en faisant des noeuds de frivolité.














    Pour ranger vos cordelettes, n'oubliez pas bien sûr

      le sac à cordelettes 
    qui est en plus très décoratif !

    Il  est en toile bleue avec des bandes brodées.









    Et maintenant que j'ai tout cousu, trout brodé, appris pour l'occasion le macramé et la frivolité, je m'en sers comment de tout ça pour repasser ? 
    hein ?



    Pour essayer de comprendre l'utilisation de tout ces objets, je me suis aidée d'un ouvrage de Paul Masson sur les coiffes Nantaises (*) et d'un article de l'Almanach de la servante chrétienne de 1930 !  !


    On me dit de tremper d'abord mon linge dans l'empois : dans de l'eau, on mélange de l'amidon, de la gomme arabique, un petit morceau de cire vierge et  quelques gouttes de bleu.
    Ce mélange est cuit jusqu'à former une bouillie épaisse dans lequel on trempe le linge, on le presse pour qu'il s'imprègne bien de l'amidon, puis on l'essore afin d'enlever l'excès d'amidon.

    Bon, là, je viens de comprende à quoi allait me servir mon sac à empois.



    Le sac à cire : à mettre ma réserve de cire ?
    Avant de repasser, Paul Masson me  conseille de frotter le fer avec un morceau de cire enveloppé dans un gros linge, puis de l'essuyer, et de recommencer l'opération plusieurs fois en cours de travail.
    Tout ceci de façon à ce que le fer glisse bien et ne rouille pas
    .
    Pour avoir pris le peine de faire le sac à cire avec un disque rond et bien plat dans le fond, je pense que ce petit sac était peut être destiné à cet usage.



    Et la bourse à Indigo ?
    Bien sûr Indigo fait penser à bleu .... peut être a-t-elle  un rapport avec le bleu que l'on met dans l'empois, mais sur ce coup, Paul Masson ne m'aide pas beaucoup, il dit simplement qu'il faut avoir du "Bleu à linge, enveloppé dans un linge, trempé dans l'eau et essoré"
    Les 5 à six gouttes que l'on met dans l'empois sont obtenues "en essorant le linge contenant le bleu".
    Ce bleu servait à "blanchir" le linge disait-on; en fait il donnait plutôt un léger reflet bleuté qui renforcait l'impression de blancheur.
    La petit bourse à indigo servait elle à mettre ces petites boules de bleu ? Mais sa forme particulière avait-elle un but pratique précis ?
    là, je sèche.



    Et à propos de sécher, vennons-en à mes cordelettes pour sécher le linge : j'ai supposé que c'étaient nos pinces à linge actuelles.    Mais comment s'en servait-on ?
    Et puis pourquoi les mettre dans les ustensiles de repassage, alors que le repassage se fait une fois le linge sec en général.
    La "servante chrétienne" m'a appris qu'après avoir fortement pressé le linge pour enlever l'excès d'empois, il fallait l'étendre pour le faire sécher ... c'est peut être à ce moment là qu'interviennent les cordelettes ?


    Quand au tapis à nettoyer le fer ,  avec tout cet empois et cette cire, je comprend maintenant pourquoi il fallait de temps en temps le nettoyer en le frottant sur un gros tapis de corde.




    Vous voyez que mon enquête est loin d'être terminée. alors je lance un
    appel à témoins
    Si vous pensez détenir des informations susceptibles de faire avancer l'enquête, merci de laisser votre message sur ce blogue !

      Pour tout vous dire, je compte assez peu sur les témoins de 1877 ...  mais peut être sur  quelques  "servantes chrétiennes" qui repassaient en 1930 ?  ou leurs filles,  petites filles,  ou arrières petites filles ?



    Ah oui, j'oubliais  :  si, dans une souci d'écologie, vous décidez d'abandonner l'électricité et de vous confectionner les outils de repassage à l'ancienne , n'oubliez pas aussi de réaliser votre

    Panier à linge fin  .

    Il est en osier, avec un couvercle.
    Le devant et les côtés sont garnis à l'extérieur de poches de toile bleu foncé destinées à contenir les dentelles, les fers à gaufrer, etc.
    On garnit aussi l'intérieur du panier, et des galons fixés au couvercle permettent  de ranger des fers à gaufrer.



    Avouez maintenant que ça va être un vrai plaisir de repasser, non ?


    NON ?????  !!!!!!!!!

    pfffffff......  c'était bien la peine que j'me décarcasse !  
     






    (*) Paul MASSON - La Dormeuse ou l'art de la coiffe nantaise. 1979 . Editions du Pays de Retz.


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