• Embobiner ses fuseaux - suite



    En ce moment, je dentelle un petit lacet entièrement en fil blanc ... et pourtant, sur mes fuseaux, on voit du bleu, du rose, un peu de marron, du noir .....
    Il s'agit en fait de leur "sous couche" dont vous avez peut être déjà entendu parler si vous avez lu les commentaires sur l'article Embobiner ses fuseaux


    De l'utilité de la "sous couche ".



    1ère utilité de la sous couche :  Protéger le fil


    Une grande partie de mes fuseaux ont, en permanence, une "sous couche", c'est à dire qu'il y a un peu de fil embobiné dessus, pas trop, juste de quoi couvrir le bois.
    Parfois je fais une sous couche avec du fil à faufiler par exemple, mais très souvent elle est constituée de restes de fils des travaux précédents. Ce qui fait que ma sous couche est souvent bariolée !

    J'avais d'abord utilisé le système de la sous couche pour protéger mon fil à dentelle.
    En effet, surtout sur les fuseaux en bois sombre, les fabricants doivent utiliser un vernis teinté qui jaunit le fil (quand les fuseaux sont neufs).

    On ne s'en rend pas forcément compte  en travaillant, et quand la dentelle est terminée, on s'aperçoit qu'elle était blanche au début ... et qu'elle a progressivement viré à l'ivoire ...  ou même au jaune  !
    Ma sous couche avait donc pour but de faire écran et de protéger mon fil blanc.



    2ème utilité de la sous couche :  Economiser le fil

    Je me suis très vite rendu compte que ma sous couche était pratique quand j'avais très peu de fil à embobiner sur un fuseau.
    Si vous ne faites que 2 ou 3 tours de fil directement sur le bois ça glisse, ça ne tient pas.
    Si vous les faites sur la sous couche, le fil est "agrippé" , il tient bien et vous pouvez travailler.

    C'est surtout utile pour les dentelles à fils coupés pour lesquelles on a souvent besoin de très peu de fil pour chaque motif.

    Si un modèle demande 14 fuseaux par exemple, il ne faut embobiner au départ que 7 fuseaux, c'est à dire la moitié, mais il faut les embobiner bien généreusement   (toutes proportions gardées bien sûr selon que l'on veut faire un grand napperon en fleuri de Bruges ou un tout petit motif figuratif !)
    Ces 7 fuseaux portent la réserve de fil, et ils serviront à plusieurs éléments de ma dentelle, tant qu'il restera du fil dessus.
    Sur les 7 autres fuseaux on ne mettra que la quantité nécessaire à chaque élément. Ils seront donc rembobinés à chaque fois.


    Dans les dentelles à fils coupés, il est assez facile d'évaluer (à peu près) la longueur de fil nécessaire aux paires pendantes (=passives).

    Si on fait un petit lacet en mat par exemple, la longueur de mon fil devra faire la longueur de mon lacet (+ une petite marge de sécurité), c'est à dire quelques centimètres seulement le plus souvent.

    On va donc coupler chaque fuseau plein avec un  fuseau libre sur lequel on fera le nombre de tours nécessaires à la longueur du lacet, disons par exemple 4 ou 5 tours. Grâce à la sous couche cela va tenir même avec très peu de tours. 

    En plaçant les fuseaux à cheval sur les épingles de départ, on veillera à positionner deux fuseaux pleins à l'endroit où démarrent les voyageurs.

    Les paires pendantes seront composés de fuseaux bien pleins et de fuseaux remplis du juste nécessaire.

    Sur la photo de gauche, vous voyez le fuseau de droite bien chargé dans mon fil à dentelle vert, et le fuseau de gauche avec sa sous couche sur laquelle j'ai fait  quelques tours en vert.




    Si le lacet est très court, ou si on doit faire un fond de remplissage dans un tout petit motif par exemple, on aura besoin parfois  de 3 ou 4 cm de fil, pas plus.
    Même si on ne fait que  2 ou 3 tours sur le fuseau, on aura déjà beaucoup trop de fil embobiné , c'est à dire qu'on sera obligé de jeter le petit bout de fil restant une fois le motif terminé.

    Et moi, je suis radine : le fil à dentelle ça coûte cher, je l'économise !

    J'accroche alors mon fil au fil de la sous-couche (par un noeud de dentellière ou tout autre noeud que vous savez faire ... pourvu qu'il soit solide).
    Je n'ai donc que mes 4 cm de fil nécessaires, qui ne touchent même pas le fuseau (voi photo ci dessous), mais je peux travailler, et je pourrai crocheter et nouer sans problème.
    Quand ma sous couche est d'une couleur différente de ma dentelle comme sur la photo, c'est plus pratique : ça me permet de surveiller plus facilement ce qui se passe  et d'intervenir à temps ...  des fois que j'aurais calculé vraiment trop juste !




    Quand il ne reste que  très peu de fil sur un fuseau comme sur la photo de droite, que faire ?    le jeter ?

    Non, non, il en reste bien assez pour une paire pendante : je retire complètement le fil du  fuseau et je l'attache à la sous-couche de 2 fuseaux libres.

    Sur la photo ci dessous, je n'ai pas tendu les fils, mais on voit qu'il restait finalement  bien de quoi faire une paire pendante  !
























    Pour les paires pendantes, j'ai parlé d'évaluer la longueur nécessaire, mais surtout ne perdez pas de temps à essayer de la mesurer de façon exacte, faites ça grosso modo.

    -   Avec l'expérience , le grosso modo deviendra plus précis, vous verrez

    -  S'il en reste sur le fuseau, nous venons de voir qu'on peut encore utiliser des très petits bouts, et au pire le reste deviendra une partie de la sous couche ou sera jeté (mais si, mais si ...  je jette aussi parfois !)

    -  S'il n'y en n'a pas assez, ce n'est pas grave, nous verrons dans un  prochain article comment le changer ou ... tricher.

    Dans certaines dentelles à fils coupés classiques dans lesquelles on répète toujours les mêmes motifs, les dentellières savaient (ou savent encore parfois ) le nombre exact de tours à faire pour tel modèle de fleur, ou pour tel type de feuille.
    Mais il s'agit là d'affaires de spécialistes !



    Je suis radine avec mon fil .... mais les dentellières d'autrefois l'étaient aussi, par nécessité.
    En effet, les marchands leur confiaient un modèle à faire et un certain poids de fil.
    Et il vérifiaient qu'il retrouvaient bien le même poids en dentelle, pour être surs que la dentellière n'avait pas travaillé quelques mètres supplémentaires qu'elle aurait vendu  pour son propre compte à un marchand concurrent.
    Il ne faut pas oublier aussi qu'elles étaient le plus souvent obligées d'acheter elles mêmes leur fil. Elles faisaient donc en sorte d'en jeter le moins possible, voire même pas du tout !


    Tags Tags : , , , ,