• aponce4 9 p400



    Et si nous retournions à notre petit atelier d'aponçage ?


    Aujourd'hui, place à la couture (et ça, pourtant, c'est pas mon point fort )

    D'abord et surtout on s'installe devant la baie vitrée pour être éclairé(e) au maximum.
    Ou bien on sort la grosse  loupe-lampe-lumière-du-jour, c'est comme on veut.



    Voici  quelques règles de base de l'aponçage.

    aponce4 3 p200 Quand il y a des passées tordues, dans le pied comme ici, ou par exemple sur les éventails quand il y en a, on fait une petite croix (en rouge sur la photo) pour bien resserrer le point.

    Au niveau des points de réseaux, surtout pas de petite croix car on fermerait le point.
    Il faut au contraire conserver un trou à l'endroit où il y avait l'épingle, alors on fera deux petits points sur les 4 côtés (en jaune sur la photo)

    Et enfin, sur toutes les barrettes, on fait deux points (en bleu sur la photo)


    Afin de rendre plus lisibles les dessins qui vont suivre, au lieu de faire ces 8 petits traits autour du réseau Torchon, je ferai un gros point comme le point jaune en bas à droite. 
    Le  gros point jaune = les 8 petits traits jaunes.



    Je parle de "petite croix", je dis de faire "deux points"
    c'est quoi ces "points".
    Et bien un point de surjet qui s'enroule autour des deux épaisseurs de dentelle.
    Tout simple

    aponce4 11


    Veillez bien à prendre les deux épaisseurs de dentelle quand vous enroulez
    Et quand vous piquez l'épingle au coeur d'un point de Torchon, veillez à ce qu'elle ressorte bien au coeur du point Torchon de l'autre couche de dentelle.


    Tout est prêt, on va donc se lancer  dans

    l'aponçage du fond Torchon
    ( Dieppe, Epingle close ou Bruxelles)

    Et là, ça se corse, car quand on parle aponçage, chaque dentellière a sa méthode
     .... la meilleure bien entendu
    Il y a celles qui aponcent sur 1 rang,
    celles qui aponcent sur 2 rangs,
    celles qui aponcent entre deux rangs,
    etc.


    La méthode que l'on rencontre le plus souvent est l'aponce en zigzags croisés.
    C'est à coup sûr la meilleure méthode

    ....
    enfin ...
    la meilleure pour que l'aponceuse débutante se trucide dès la première minute !


    ALors je vous en propose une autre, peut être pas très académique .... mais nettement plus simple.


    Pour aponcer, on va partir du pied, et on va coudre en suivant un premier rang de fond Torchon  (en rouge sur la photo), puis on va revenir jusqu'au pied en aponçant sur un deuxième rang de fond Torchon (en jaune sur la photo)

    aponce4 4 p400


    Pour démarrer, vous ne faites pas de noeud sur le fil: vous commencez  tout de suite à enrouler sur la lisière, en laissant environ 10cm de fil au départ.
    Vous faites donc les 2 ou 3 enroulements de départ pour remonter jusqu'à  l'endroit où il y avait l'épingle lisière, et là  vous enroulez sur 2 côtés.
    Puis vous ferez deux enroulements en croix à l'endroit de la passée tordue du pied .

    Ensuite 2 enroulements sur la barrette pour atteindre le premier point de réseau sur lequel  vous ferez 2 enroulements sur chaque côté comme on l'a vu précédemment.
    Ne pas oublier de faire un enroulement sur la barrette qui se situe entre les deux rangs d'aponce .

    Et ainsi de suite jusqu'au pied, où on fera des croix au niveau de la paire lisière en passées tordues.

    Puis vous aponcerez le deuxième rang en suivant le même principe que le premier .
    De retour au pied de la dentelle, on fera éventuellement un petit point d'arrêt final, et on laissera une dizaine de cm sur le fil avant de le couper.

    Oufffff .... c'est fini !!!

    c'était pas la mer à boire quand même, non ?


    Attention : il faut bien veiller à ne rater aucun point, à bien aponcer sur tous les point du réseau.

    Par contre, si à certains moments vous n'êtes pas dans le bon sens pour continuer votre chemin, et qu'il vous faut faire un enroulement supplémentaire à un endroit pour retrouver votre route .... et ben c'est pas grave ..... y a des endroits où vous aurez trois enroulements, c'est tout
     si votre fil d'aponce est bien fin, ça ne se verra pas,
    ne vous mettez pas la rate au court bouillon pour ça.



    aponce4 1 p300



    Maintenant vous étalez votre travail

    et d'abord vous l'admirez fièrement : c'est votre première aponce
       

    et vous respirez à fond avant de commencer la dernière étape qui n'est pas la plus difficile, mais qui est de loin la plus dangereuse.


    Il faut couper les deux petits bouts de dentelle supplémentaires, les deux petites "ailettes" de chaque côté.

    Vous soulevez et vous tirez la petite ailette comme sur la photo,
    et vous coupez la base de l'ailette bien au ras de l'aponce avec des ciseaux fins.

    Coupez tout de suite bien au ras, ne vous avisez pas de vous laisser une marge de sécurité en vous disant que vous rognerez après : c'est pas possible de recouper bien proprement après, croyez moi.

    Voui ...  mais vous avez peur de couper au ras because j'ai dit que c'était dangereux.

    Ce n'est pas couper au ras qui est dangereux, ne vous inquiétez pas, l'aponce est très solide.

    Le danger, c'est de ne pas couper au bon endroit : 
    vérifiez bien que vous êtes en train de couper l'ailette
    ... et non la dentelle !

    Que toutes celles qui ont vécu cette triste mésaventure un jour lèvent le doigt




    Et une fois les deux ailettes coupées, vous obtenez
    ça

    aponce4 7 p300



    c'est à dire un aponcage solide et invisible

    heu .... invisible ... 
    c'est p'têtre pas un bon exemple ça 

    en tout cas, c'est bien la preuve que la grosseur et la couleur du fil d'aponce sont deux éléments super importants !



    Alors là c'est mieux, non ?

    aponce4 6 p300



    Et  oui, c'est mieux mais on le voit ... et pourtant je le trouve très réussi.

    Une aponce, quand on sait où elle est, quand on l'a trouvée
    ON    LA    VOIT

    c'est normal,  c'est inévitable.

    Alors pourquoi ai-je dit que cet aponce était réussie ?
    parce que pour vous faire la photo, j'ai été obligée de la CHERCHER
    J'ai été obligée de faire plusieurs fois le tour de ma nappe à thé des yeux pour trouver l'endroit de l'aponce.


    Vous ne pouvez pas être bon juge de votre propre aponce.
    Il faut que vous mettiez votre napperon sous le nez d'une copine dentellière ....  et vous fixez ses yeux ....
    si vous voyez que son regard  fait plusieurs fois le tour de votre napperon avant de trouver l'aponce
    C'est gagné  


    Ah oui, j'oubliais : les deux petits bouts de fil d'aponce, quoi qu'on en fait ?
    et bien si c'est un napperon, vous les cacherez quand vous mettrez le tissu au  centre.
    S'il n'y a pas de tissu à mettre, vous enfilez chaque bout de fil sur une aiguille et vous le "tissez" sur 1 cm dans votre dentelle.

    Et les deux petite ailettes ?
    Vous les mettez précieusement dans votre cahier secret s'il s'agit d'un fil et d'un pas que vous n'avez pas encore référencé.
    Où bien vous les utiliser dans la confection de jolies cartes de voeux par exemple, mélangées à du tissu, des boutons .... bref, je laisse parler votre imagination.



    heu.jpg
    j'ai été claire sur ce coup là ?
    pas sûr
    ...
    donc  si vous zavez  des questions, vous zézitez pas,
    les com', c'est aussi fait pour ça




    Et voilà, c'en est fini de mes articles consacrés aux bases de l'aponçage.

    On y a vu l'aponçage d'un fond Torchon
    mais il y a tout le reste


    Alors de temps en temps, je vous mettrai une courte "fiche" pour des exercices d'aponçage dans le mat, la grille, les cordes, et tous les autres réseaux : mariage, à la rose, fond clair, Flandre, Paris, etc






    guirlande_fleur.gif

    Vous pouvez faire un petit point d'arret à certains endroits que vous voulez bien consolider, mais n'en abusez pas, c'est inutile.
    Dans l'aponce que je vous ai montrée, je l'ai utilisé par exemple pour les deux petites croix sur la lisière extérieure, des deux côtés du picot.

    aponce4 10





    Et enfin, pour le plaisir, je vous montre le circuit qu'il aurait fallu suivre si je vous avais demandé de faire l'aponçage en zigzags croisés

    en rouge l'aller, en jaune le retour

    aponce4 5 p300


    hé hé .... ça fait peur hein ? 

    vous voyez qu'on passe deux fois à certains endroits.

    Alors à ces endroits là, il faudra penser à ne faire qu'un seul enroulement à l'aller, puisque le deuxième sera fait au retour

    un p'tit poil casse tête je trouve 

    Et son seul vrai avantage par rapport à ma méthode simplifiée, c'est que les  barrettes entre les rangs d'aponce sont mieux soudées ... c'est vrai .... mais bon, tant pis : c'est pas énormément visible et c'est tout aussi solide.



    POUR VOIR LE DEBUT DE L'APONCAGE, CLIQUEZ  ICI



  • cottier01 p500

































    Les collectionneurs de timbres ou les numismates par exemple sont à l'affût de la pièce rare : le timbre édité en toute petite série ou le tirage d'un billet comportant une erreur.

    Et bien les dentellières-collectionneuses de fuseaux ont aussi leurs pièces rares, leurs petites séries, leurs séries "ratées"

    Vous devriez voir le sourire ravi de la collectionneuse de fuseaux quand elle tient dans sa main ....

    un fuseau Cottier

    cottier06 p300
    ah ben oui ... on voit mal .... je sais ....
    because au moment où j'ai voulu prendre la photo du fuseau dans la main de la dentellière
    ...
    il a été odieusement 'rapté' par Papillon

    Une image insoutenable ....
    La police est sur l'affaire
    Je vous tiendrai au courant


    Tant pis, vous l'avez vu sur la photo du haut, en début d'article.

    Bon alors, pourquoi dit-on fuseau  "Cottier"   ?




    Et bien ce fuseau a été inventé par un certain
      Monsieur Jacques Cottier
     de Craponne.

    cottier08 p500


    Et pourquoi ce Monsieur Cottier était-il si fier de ses fuseaux ?

    Car pour être honnête, ils sont plutôt moches,
    z'ont une drôle de forme de tonneau avec un long cou maigre
    Sont même pas joliement décorés

    Alors ?


    Et bien  Monsieur Jacques Cottier, comme tous les fabricants de dentelle,  tenait à ce que les dentellières lui remettent
    des dentelles propres.

    En effet les dentelles étaient vendues sans être lavées au préalable, pour éviter de les déformer.
    Et pour avoir une belle dentelle immaculée, il faut travailler avec un beau fil immaculé.

    Mais ces mêmes marchands ne voulaient pas fournir le fil aux dentellières (de peur qu'elles ne fassent des dentelles qu'elles vendraient pour leur propre compte), 
    Ils  leur demandaient donc d'acheter leur fil.

    C'était une grosse mise de fond, alors elles avaient tendance à acheter le fil le moins cher au dépend de la qualité et elles cherchaient à ne pas en perdre un seul centimètre, même s'il était un peu abîmé ou sali.  

    Il y avait aussi les dentellières moins soigneuses qui touchaient leur fil avec les mains ....
    mains qui venaient juste de touiller la soupe ....
    forcément.... ça salit.

    De plus, elles travaillaient près des cheminées, des cuisinières à charbon, à la lumière des bougies, des lampes à huile ou à pétrole, autant de choses qui n'aidaient pas à garder le fil blanc.


    Alors Monsieur Cottier s'est dit que plutôt que d'enrouler le fil autour du fuseau,
    à l'air libre, sans protection,
    peut être pourrait-t-on le protéger
    DANS le fuseau.


    cottier07 p300

    Il inventa donc ce fuseau creux qu'on pouvait dévisser pour y loger une toute petite bobine de lin.

    Un petit trou dans le fuseau pour sortir le fil, deux morceaux de caoutchouc pour le coincer jusqu'à la tête, et enfin un autre petit trou dans la tête du fuseau pour y passer le fil, comme dans le chas d'une aiguille.

    cottier03 p500


    Ce système avait un autre avantage, celui d'éviter la corvée de l'embobinage des fuseaux.
    Jacques Cottier va proposer deux tailles différentes (je pense que celle que je vous présente est la petite, mais je n'en suis pas sûre)

    L'idée était excellente et fut de nombreuses fois primée, notamment à l'exposition universelle de Paris en 1900 !
    c'est pas rien quand même  !


    Mais si le fuseau Cottier plaisait beaucoup au jury dans les expositions, ce n'était pas du tout la même chose avec les dentellières qui ne l'ont jamais vraiment adopté.


    cottier05 p200
    Parce que bien sûr, si on avait des fuseaux Cottier,
    il fallait acheter le fil en petites bobines faites exprès,
    vendues dans la ravissante petite boîte que vous voyez sur la première photo

    ....  charmant tout ça, mais horriblement cher !

    dans son comm', Thomas m'a appris que ces fuseaux n'étaient pas vendus mais loués, et restaient la propriété de Cottier (merci pour l'info)



    De plus, ces fuseaux qu'on dévisse et qu'on revisse sont fragiles.

    Et puis, bien que je n'ai jamais essayé de travailler avec, vous ne m'enlèverez pas de l'idée qu'ils ne devaient pas être très pratiques.

    Je ne suis pas sûre que le fil était vraiment bien tenu par ces deux petits bouts de caoutchouc.
    N'avait il pas tendance à se dérouler plus vite que prévu dès qu'on tirait un peu trop dessus ?
    et quand le fil était trop long, pour le raccourcir, pas possible de le re-enrouler en le faisant rentrer à nouveau dans le coeur de la petite bobine
    (Dans sa notice Jacques Cottier dit qu'il faut pincer le surplus entre les deux caoutchoucs ... bof ...)



    Beaucoup d'honneurs et très peu de ventes,

    la production des fuseaux Cottier fut donc très limitée dans le temps

    .... c'est ce qui fait tout son succès aujourd'hui



    cottier04 p200
    Fuseau " Cottier "
    C'est comme le Port Salut  ...  c'est écrit d'ssus


    Si vous voulez vous amuser à lire toute la notice du fuseau Cottier,
    c'est ici, chez Sophie



    Lisez aussi les comm' de thomas sur cet article, entre autre sur l'utilité du fuseau Cottier comme barrière contre les microbes  

    A la lumière de ce comm', je pense que mes Cottier sont le petit modèle pour amateur (étant donné le joli carreau chic qui les accompagnait)





    Et ne manquez pas aussi de lire ici le comm' de Thomas sur l'article des fers à coque,  expliquant comment une repasseuse peut s'y prendre pour juger de la chaleur du fer. Super !













  •  

    MasqueR 003 p500




    Dans la même série que le   Masque de Venise  (clic)  que je vous montrais l'année dernière à peu près à la même époque,

    j'avais fait aussi

    un Masque en Dentelle Russe

    MasqueR 006 p300






    Il est fait dans un mélange de lin 60/2, de fil métallisé et de coton perlé


    C'est un bon petit exercice de quelques techniques particulières à la dentelle russe :

    le lacet avec une façon de travailler le coton perlé au milieu qui donne l'impression qu'on a fait du point de chainette

    et puis les fameuses petits araignées russes.








    russe01


    Pour les "point de chainette", le principe est simple. Vous placez deux paires de fils fantaisie au milieu de votre lacet.  Dans le masque, il s'agit de 2 paires de coton perlé, une argentée et l'autre verte.

    Sur mon dessin, j'ai une paire noire et l'autre jaune.

    Imaginons que nous soyons en train de travailler le dernier rang (signalé par la flèche bleue).
    On travaille le lacet normalement, et, arrivé au milieu, on soulève la paire jaune et on passe les voyageurs au milieu des 2 paires de coton perlé : au DESSUS de la paire noire et au DESSOUS de la paire jaune.



    Avant le prochain passage des voyageurs, il vous faudra inverser la position des deux paires de coton perlé,
     c'est à dire dans notre cas passer vos fils jaunes à l'extérieur 
    ( Torsion à gauche et Croisement à droite )

    Ce sont donc vos fils noirs qui seront au milieu lors du prochain passage des voyageurs.

    C'est simple comme tout, et ça fait un effet spectaculaire .... que vous pouvez utiliser au milieu de n'importe quel lacet, même si vous n'êtes pas en train de faire du russe
     




  • aponce3 5 p400



    Alors, où en sommes nous ?

    Et bien, comme vous le voyez,  j'ai continué mon petit carré.

    Pour ne pas être gênée par le gros noeud de fils et par les épingles du démarrage (qui se situaient au niveau du trait bleu sur la photo),  
    j'enlève les épingles au fur et à mesure que j'avance
    même celles du début
    (contrairement au crochetage où on doit les laisser).

    Je peux donc denteler tranquillement, en continuant à enlever mes épingles au fur et à mesure, la place est ainsi toujours libre autour de moi.
    Avec cette technique, si je travaille une grande dentelle sur une galette à cubes, je peux déplacer les cubes comme je veux puisque je n'ai pas à garder le démarrage en place.

    J'ai donc toujours la dentelle au milieu de la galette, bien en face.

    Et si je n'ai pas une galette à cube, et bien une dentelle, ça se déplace (vi vi ... on en reparlera un jour).

    Rien de tel pour faire de la vilaine dentelle que de se tortiller pour denteler tout au bord du carreau, voire même d'avoir ses fuseaux ... en dehors du carreau.


    aponce3 6 p200
    Après bien des effort et de loooooongues heures de travail

    je me retrouve enfin au niveau de ma ligne d'aponçage idéale (en rouge sur la photo).
    Youpi  c'est fini !


    Ben non ... et ça, c'est le gros inconvénient de l'aponçage : il faut encore continuer sur 3 cm environ.


    Ah bon ?
    ça c'est vache !

    aponce3 8 p200






    a-y-est ... c'est terminé, j'ai réalisé mes 3 cm supplémentaires.


    Je ne fais pas de noeuds, rien du tout, j'abandonne mes fils comme ça

    je noue la botte de fils sur une grosse épingle,
     et je coupe les fils à mi chemin entre le noeud et la dentelle
    (petits traits rouges sur la photo).

    J'enlève toutes mes épingles pour retirer la dentelle de la galette.


    aponce3 1 p200







    Comme vous le voyez, il y a donc toute une partie en double, plus ou moins longue selon le temps qu'il m'aura fallu au départ pour me mettre au point.






    L'essentiel est que, sur la ligne d'aponce, si on les met l'une sur l'autre,
    les deux "couches" de dentelle doivent coïncider PARFAITEMENT




    Je vais aponcer sur la ligne de réseau juste à gauche des tirets rouges, et comme vous le voyez,  on ne se rend pas compte qu'il y a deux couches de dentelle, elles se chevauchent parfaitement.

    aponce3 4 p400

    Pour me faciliter un peu le travail d'aponçage, j'ai faufilé des deux côtés de mon aponce pour que les deux morceaux restent bien soudés à la bonne place, quand je vais coudre.
    Plus tard, quand j'aurai l'habitude, je pourrai me passer de faufiler, mais au départ, c'est plutôt conseillé.

    Comme on ne voyait pas trop mon fil à faufiler bleu clair sur la photo, j'ai mis des points bleus sur mes lignes de faufilage qui encadrent donc ma ligne d'aponce (en rouge)



    Une petite chose .... toute bête  ... mais très importante à faire quand vous avez fini la préparation.
    Mettez votre dentelle à plat avant de commencer à aponcer.

    Pourquoi ?


    Et bien on est tellement obnubilé(e) par ces deux petits morceaux de dentelle qu'on doit bien appliquer l'un contre l'autre
    ....qu'on ne fait pas attention au fait que la dentelle s'est tournée

    aponce3 2 p200 comme ça, sur la photo de gauche


    Bien sûr, sur un tout petit carré comme celui ci, on le voit  tout de suite.
    Mais sur une grande dentelle, un tour de nappe à thé par exemple, je vous assure que ça peut arriver très facilement sans qu'on s'en rende compte (vi vi , c'est du vécu)
    Et vaut mieux s'en apercevoir maintenant qu'une fois toute la couture faite !








    Bon, et maintenant, j'aponce avec quoi ?

    avec une aiguille plus ou moins fine selon la grosseur de ma dentelle.

    Et avec du fil ... et le fil .... c'est le big problème de l'aponçage ! 


    AVANT même de commencer la dentelle,
    vérifiez que vous aurez le bon fil pour aponcer


    Pour aponcer, il faut un fil de coton en général,
    un fil beaucoup plus fin que celui de la dentelle,
    et de la même couleur exactement
    (ou un tout petit peu plus clair .... mais vraiment un tout p'tit peu)

    Ne pas utiliser de synthétique : ça ne réagit pas de la même façon au lavage et ça ne vieillit pas de la même façon non plus.
    Même si votre dentelle est en lin, 'n'utilisez pas un lin plus fin.
    Même très fin, le lin n'est pas assez souple.

    Alors si votre fil de dentelle est blanc ou noir, vous ne devriez pas avoir trop de problèmes à trouver un fil de coton plus fin (attention quand même aux différentes intensité de blanc : blanc, blanc optique, 1/2 blanchi, etc)

    Si votre fil  dentelle est grège, déjà ça se complique, car il y a plein de teintes de grèges différentes.

    Et si votre fil à dentelle est bleu, rouge, vert ou n'importe quelle autre couleur ... là, ça va être galère de trouver le fil d'aponçage !

    Enfin si votre dentelle est polychrome, en général, il vaut mieux oublier l'aponçage et crocheter.

    Si vous n'avez pas le bon fil, oubliez le démarrage avec la botte de fils, démarrez avec les paires à cheval et crochetez


    Et maintenant, vous enfilez une aiguillée,
    et là commence le véritable travail d'aponçage

    ..... qu'on verra la prochaine fois !

       

    Sadique !   je suis sadique, je sais ... 
    Pffff et ça m'amuse en plus : je devrais avoir honte.


    guirlande_fleur.gif





    Pour nouer la botte de fil en fin de travail :

    aponce3 7




    Alongez éventuellement un peu vos fuseaux pour avoir une dizaine de cm de fil environ entre la dentelle et les fuseaux.

    Pincez toute la botte de fil entre vos doigts, et passez l'épingle comme indiqué sur le schéma A :
    par le haut et par la gauche,
    et vous la tournez dans le sens des aiguilles d'une montre.

    Vous mettez votre épingle bien à l'horizontale, et vous la faites éventuellement glisser plus près des fuseaux afin d'avoir une longueur de fil suffisante au dessus.

    Tandis que vous tenez toujours votre épingle de la main droite, vous prenez la botte de fil au dessus de l'épingle avec la main gauche, et vous formez une boucle (voir dessin B)

    Vous enfilez la pointe de l'épingle dans cette boucle (en passant par dessous)

    Et voilà, c'est solide



    Pour suivre le fil des articles sur l'aponçage, cliquez ici
    Et pour retourner au premier article sur le sujet, cliquez ici


  • font2 p300

    Des souris sur des palissades ?


    De quoi vais-je bien pouvoir parler avec un titre pareil ?

    et bien ....  de coiffure, et plus exactement,

    de coiffure  à la Fontanges


    Imaginez la charmante scène que je vais vous conter :

    lors d'une partie de chasse, Marie Angélique, duchesse de Fontanges, la ravissante favorite de Louis XIV, se trouve soudain décoiffée par un malencontreux coup de vent ... 
    ou une branche d'arbre ... on ne sait plus très bien ....
    ...  et puis on s'en fiche, là n'est pas le sujet.  

    Bref, pour ne pas être gênée, elle prend alors un ruban
    (certains disent même qu'il s'agissait en fait d'une  jarretière )  
    pour nouer ses cheveux en haut de sa tête.

    Le roi trouve cette coiffure improvisée si charmante qu'il lui demanda de la garder
     et du coup ... toutes les dames de la cour vont se coiffer de la sorte.



    font5 p300 C'est ainsi que naquit vers 1675 la coiffure à la Fontanges, mode qui dura plus d'une vingtaine d'années.

    Alors non, n'imaginez pas que toutes les dames se promenaient avec une jarretière sur la tête


    J'imagine que la coiffure improvisée et naturelle d'origine devait un peu ressembler au portrait que j'ai mis en début d'article (même s'il est beaucoup plus tardif)

    Mais tout le monde chercha à rivaliser, c'était à qui mettrait le plus de rubans, de dentelles ou de bijoux dans ses cheveux, cheveux que l'on se mit à coiffer de plus en plus en hauteur.


    La coiffure à la Fontanges consiste donc à dresser sur la tête une véritable pyramide de boucles et de tortillons

    on rivalisait d'inventions, et chaque façon de mettre une mèche de cheveux avait un nom :
    Les choux pour les cheveux noués en chignon,
    la passagère , touffe bouclée près des tempes, devenait une favorite si elle pendait sur la joue.
    Une cruche était une petite boucle sur le front, la même petite boucle plus près des oreilles devenait une confidente, ou un crève coeur si elle était plaquée sur la nuque ,
    ou encore un berger si, tournée vers le haut, elle formait une houppette.

    Les rubans, les épingles et autres colifichets que l'on mélangeait avec les boucles avaient aussi leurs noms :
    souris (voilà la souris du titre ), duchesse, firmaments, guêpes, papillons,  etc



    font3 p200
    Bien sûr, il va sans dire que les cheveux de ces dames n'y suffisaient pas, et que nombre de ces mèches étaient des postiches.

    Les coiffures devenant de plus en plus hautes, et les rubans et autres dentelles de plus en plus nombreux, il fallut consolider ces édifices avec des armatures de laiton.

    Pour simplifier, on peut dire qu'il y aura, alternativement,
    deux types de coiffures à la Fontanges

    Une en cheveux

    et l'autre ...  en fil de fer


    La coiffure à la Fontanges
    devint progressivement une sorte de

    bonnet à la Fontanges :

    une véritable palissade dressée sur la tête et constituée de plusieurs étages de dentelle (sans doute beaucoup de Point de France à l'aiguille)

    La hauteur devint telle que les dames durent se courber pour passer les portes.



    eng04_p200.jpg
    Cet édifice savant de fer et de dentelle se composait de plusieurs éléments qui portèrent eux aussi des noms délicieux :
    la palissade (et voilà la palissade ), le monte-là-haut, la commode, la culbute, etc....

    On y fixait aussi parfois une ou deux  longues bandes de dentelles dites les cornettes  
    (ou la jardinière s'il n'y en avait qu'une),
    ces deux bandes de dentelles pouvaient flotter dans le dos, ou bien elles étaient ramenées sur le devant, dans le cou, telle une mèche de cheveux .... en dentelle.


    Il va sans dire que ces coiffures devenaient vraiment risibles au fur et à mesure qu'elle prenaient de la hauteur, et de nombreux contemporains s'en agacèrent et s'en moquèrent, on fit même des pièces de théâtre qui les tournaient en ridicule.

    Même Louis XIV n'aimait plus, et il tenta maintes fois d'interdire le port de ces coiffures surdimensionnées.



    Alors, sous la pression, ces dames revenaient pour un moment à des coiffures plus basses, à l'idée des cheveux noués par un simple ruban,

    mais très vite ...
    hop .... hop .... hop ....
    la Fontange remontait encore un petit peu plus haut sur la tête.



    Et oui, même le grand Louis XIV ne faisait pas ce qu'il voulait en son royaume !

    Et qui réussit là ou le roi soleil échoua ?

    Une anglaise !

    Oui, une anglaise qui se pointa un jour de 1714 à la cour avec une coiffure plate qui fit fureur et mit à terre d'un seul coup toutes les Fontanges de France


    Le roi fut vexé parait-il, qu'une "guenille d'Angleterre, avec une petite coiffe basse" ait réussi là où il avait échoué. 


    font1 p200



    Évidemment bien sûr ....  je n'ai rien inventé et rien découvert, j'ai butiné mes infos entre autre dans les ouvrages suivants :

    Histoire de la mode et du costume - James Laver
    Histoire du costume en France - de Monsieur Quicherat, si précis (c'est chez lui que j'ai trouvé tous les petits noms des mèches de cheveux) et au langage si délicieux.
    Le costume français - ouvrage collectif chez Flammarion




    Les différentes coiffures vous ont été présentées par :

    La duchesse de Beaufort, 1714. par Nicolas de Largillière. Paris, musée Cognac-Jay
    Une inconnue, dont le portrait a été fait par Nicolas de Largillière vers 1710
    2 dames Par Nicolas Bonnart
    et enfin la petite Marie Thérèse Sturat, Par Nicolas de Largillière encore. National portrait Gallery de Londres

    et pour les impatientes de l'aponçage .... le prochain article, promis, on s'y remet  






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