• L'appellation "Flandre" est trompeuse, plusieurs dentelles portent ce nom, de plusieurs styles, plusieurs époques, plusieurs techniques.
    Il y a d'abord une appellation générique pour toutes les dentelles faites en Flandre au XVIIème, il y a  ce qu'on apelle "Vieux Flandre" et qui ressemble à du Milan, il y a un autre "Vieux Flandre" qui ressemble vaguement à de la Rosaline avec un réseau travaillé à l'aiguille.... bref, c'est une appellation à prendre avec précaution.


    Nous allons parler dans cette article de la
    Dentelle de Flandre
    aux fuseaux, à fils continus sur réseau carré dit  "Maille à 5 trous".


    Cette  dentelle de Flandre est issue d'une très ancienne, très noble et très riche famille de dentelles à fils continus de la région d'Anvers.
    Vous connaissez déjà, au moins de nom, certaines de ses soeurs les plus proches : la douce Valenciennes, Malines la précieuse et Binche la fantasque.

    La dentelle de Flandre telle que nous la connaissons (et pratiquons) actuellement est née dans la seconde moitié du XIXeme siècle.
    C'est la "rustique" de la famille. Elle va reprendre  les motifs des vieilles dentelles flamandes XVIIème, mais les simplifier a l'extrême, privilégier le fond très solide de la maille à 5 trous  et utiliser généralement du fil plus gros.
    Pour sa solidité, elle était souvent utilisée pour le linge de maison.






    Sa principale caractéristique est donc son réseau carré , appellé aujourd'hui d'ailleurs "Fond Flandre".

    Il était autrefois travaillé entièrement en passées tordues, ce qui donnait effectivement cette impression de petits carrés avec 5 ajours (points rouges sur la photo), d'où son nom de "maille à 5 trous".







    Aujourd'hui, il est souvent travaillé avec un mélange de demi passées et de passées tordues, ce qui lui donne plutôt un effet de cannage.

    Il est sans doute plus spectaculaire ainsi, mais à mon goût peut être trop spectaculaire, car il attire le regard au détriment des motifs qui ressortent moins.
    .... opinion qui n'engage que moi ....

    Il existe d'ailleurs beaucoup d'autres façons de travailler ce fond .... plus ou moins heureuses...





    Les motifs sont souvent inspirés de la nature, le plus souvent floraux , ou parfois des animaux.

    Ils sont généralement assez larges et occupent facilement toute la hauteur de la dentelle.

    Ils sont très majoritairement travaillés en toilé (mat) avec des ajours comme sur l'exemple de gauche, et avec parfois quelques accents en grille.

    Bien qu'aujourd'hui on travaille le Flandre comme sur l'exemple de gauche, en utilisant quasi systématiquement un cordon (=gros fil) qui cerne les motifs, ce cordon n'est pas omniprésent et ne doit pas être considéré comme une caractéristique du Flandre.





    Au contraire, les motifs des dentelles plus anciennes n'étaient généralement pas cernés d'un cordon, mais une paire du toilé faisait le tour de motif afin de le rendre plus net (paire soulignée en bleu sur la photo).


    Par contre, qu'il y ait un cordon ou pas, les motifs sont toujours cernés d'une "ceinture", c'est à dire d'une paire travaillée en passées tordues (ceinture signalée ici par les tirets rouges)

    La dentelle de Flandre a gardé de ses riches ancêtres anversois quelques fonds de fantaisie, surtout quelques fonds de neige (dont un exemple signalé à droite par des points jaunes).

    (c'est Malines, sa soeur, qui a raflé la quasi totalité des plus beaux fonds fantaisie de la famille....  pffff  .... )







    Voici pour finir une dentelle de Flandre actuelle









    et une vieille dentelle de Flandre au bord d'une petite coiffe-bonnet.

    J'ignore son origine ... et j'ignore pourquoi les initiales ont été brodées, me semble-t-il, à l'envers ??? !!! 












































  • Voici une petite dentelle échantillon,  typique de ce que l'on fait quand on débute.
    Ce petit exercice, cette petite bande droite sans angle, pourquoi ne pas la faire un petit peu plus longue et l'utiliser?

    Imaginez cette bande au centre d'un chemin de table, ou au bas d'un rideau par exemple?

    Vous cousez cet entre-deux à la toile de chaque côté, avec un joli petit point de bourdon , et ça donne ceci :




    je vous sens pas emballées ...

    c'est pas transcendant, hein ?

    ça va faire riquiqui


    Ben oui .... c'est parce que je vous ai menti : on ne va pas faire un point de bourdon, on va faire un beau montage, une belle transition entre la toile et la dentelle, qui va l'élargir, l'anoblir, lui donner  un air précieux .

    Votre dentelle toute simple, on va lui faire faire un beau mariage !!!!!

    vous voulez voir ce que ça donne ?

    alors descendez .....
















    encore un p'tit peu .... pour ménager le suspens












    Alors ?
    c'est pas bôôôôôô ça ?

    C'est le mariage heureux de la dentelle et des jours sur toile.

    avouez que ça a de la gueule !





    Et, cerise sur le gâteau, c'est un vrai plaisir à faire.

    Imaginons un chemin de table avec cet entre deux au milieu.

    Vous coupez votre long rectangle en deux, et vous ourlez chaque côté en faisant un petit "jour simple".

    Puis, du côté où il y aura l'entre deux, vous rajoutez un petit jour échelle, suivi d'un autre petit jour simple.


    Je ne vous conseille pas de faire cette association des 3 jours tout autour du chemin de table.
    Il vaut mieux ne le faire qu'au milieu pour que toute la mise en valeur soit bien sur la partie centrale.











    Une fois vos deux côtés du chemin de table terminés, vous fixez la dentelle au bord des ourlets.

    Vous mettez la toile et la dentelle face à face (les deux endroits l'un contre l'autre) et vous cousez avec un point de surjet (que je double pour que ça tienne mieux).



    Attention à bien piquer l'aiguille très au ras de l'ourlet pour que la dentelle et la toile soient bien bord à bord quand vous les mettrez à plat.

    Vous voyez que votre dentelle n'a pas besoin d'avoir un bord lisse. Je dirais même qu'un bord avec picots rendra presque mieux.

    Si les picots sont un peu éloignés les uns des autres, vous pouvez cacher le fil dans l'ourlet quand il va d'un picot à l'autre.
    Si par contre vous avez un bord lisse, il faudra peut être faire un point (simple) entre les picots pour coller la paire du bord lisse à l'ourlet. C'est le cas sur  mon exemple, et sur le gros plan, on voit un peu le point doublé au niveau des picots, et simple sur la paire du bord lisse.






    Même les dentellières plus confirmées ont parfois envie de faire des petites dentelles simples : pour une démonstration lors d'une expo par exemple, ou comme travail reposant entre deux dentelles "prise de tête", ou encore pour essayer un petit motif simple avec un jeu de couleur qui fait envie.

    Regardez  ce chemin de table avec son cordon de couleur dans l'entre-deux, et la bonne idée de faire des franges au bout .... ce qui vous permet d'arrêter votre dentelle en faisant des petits noeuds et en laissant pendre les fils !   c'est pas le rêve ça !






    Je vous ai montré un exemple de jours, mais il en existe des dizaines, des centaines, avec des milliers de combinaisons possibles !
    Vous pouvez aussi vous amuser à travailler vos jours avec des fils de couleurs assorties à l'entre-deux .... laissez parlez votre imagination.


    Pour les jours, vous avez bien sûr l'incontournable "encyclopédie des ouvrages de dames" de Thérèse de Dillmont, mais vous avez un livre beaucoup plus récent et très agréable, très bien expliqué : il s'agit de :

    les jours brodés, 70 modèles traditionnels
    de Jacqueline Clech (aussi magnifique brodeuse que dentellière !!!!)
    aux éditions Carpentier.

    J'ai vu que cet ouvrage était toujours en vente à la Fnac par exemple, donc vous ne devriez pas avoir de problème à vous le procurer.




  •  




    Voilà un petit moment déjà que je nous avons parlé des principales couleurs du code des couleurs :
     le Rouge,        le Violet,           et    le Vert.

    Nous avons aussi vu les deux couleurs "de confort" :
     le Orange et     le Marron.



    Je vous avais dit qu'il en restait deux :
     le Bleu      et     le Jaune

    .... et bien les voici.



    Ces deux dernières couleurs ont une petite particularité qui les différencie des autres.
    En effet, pour toutes les autres couleurs précitées, un trait = 2 fils = 1 paire

    Pour le Bleu, 1 trait = 4 fils = 2 paires .... et plus exactement = 1 corde (ou tresse).
    A une exception près, un trait jaune ne représente qu'un seul fil .




    Voyons d'abord ce premier schéma d'une classique rosace en Cluny


    1 = le bleu représente donc les cordes

    En 2,  vous reconnaissez les points d'esprit qui sont toujours dessinés en jaune
     (bien qu'ils soient faits avec plus d'un fil ... et oui, c'est justement eux l'exception).

    3 = Le jaune a aussi été utilisé ici pour les picots en bordure des cordes.
    En effet, les picots des cordes sont généralement faits avec un seul fil. (*)












    Sur ce deuxième schéma, en 4, vous voyez une  utilisation très courante du jaune qui représente le cordon.

    C'est logique puisque le cordon se travaille seul --> donc 1 seul fil --> donc jaune



    En 5 en haut, , vous remarquerez un tout petit rond blanc.
    Ce petit rond représente une épingle provisoire.

    Ici le schéma vous dit d'installer le cordon à cheval sur une épingle provisoire en haut du motif, épingle que vous devrez enlever après avoir commencé à travailler la grille pour tirer légèrement sur les cordons et éviter d'avoir une petite "bosse" en haut.


    En bas du motif, on voit la finition classique: les 2 cordons se rejoignent, se croisent sous la dernière épingle et "remontent" sur 1 ou 2 épingles avant d'être coupés.


















    Voici enfin le dessin technique d'un début de marque page.
























    En 6,  la boucle jaune vous indique qu'il faut rajouter une paire.
    (parfois le dessin n'est pas aussi précis et le rajout de paire sera indiqué comme sur les deux épingles  du bas à gauche)

    Parfois, on peut trouver des cercles sur les dessins (ici vous en avez deux).
    Ces cercles vous indiquent que cette partie du schéma a été redessinée en gros plan à côté.




    Profitons de ce dessin pour voir les indications concernant les ajouts de paires.

    Le "gros plan" du bas vous montre la façon de rajouter une paire en la posant à cheval sur les voyageurs du pied.
    Une boucle jaune autour d'une épingle (ici plus exactement autour de la paire de voyageur) indique qu'il n'y a qu'un seul fil à cheval sur l'épingle, et donc qu'on est en train de rajouter une seule paire.

    Par contre, l'épingle de départ, tout en haut, est entourée d'un trait rouge, c'est donc qu'il y a deux fils à cheval sur cette épingle, et par conséquent qu'on est en train de rajouter deux paires.
    Le gros plan montre les deux paires que l'on met à cheval, et que l'on a tordu deux fois comme indiqué par les deux petits traits rouges sur le schéma général.


    Vous voyez que le jaune sert à faire les dessins détaillés, fil à fil, mais pour être honnête, le  jaune ne ressortant pas très bien,  il est souvent remplacé par du noir.
    Il arrive aussi que les cordons autour des motifs soient dessinés en noir, mais c'est plus rare.






    Voilà, pour celles qui ne connaissaient pas le code des couleurs, vous avez fait le tour de la palette.  

    Regardez maintenant le dessin tout en haut de l'article : c'est le schéma de montage d'un petit lacet.
    Arrivez vous à lire le montage des paires ?


    tout à gauche: un épingle entourée de rouge = on installe deux paires à cheval sur une épingle
    Ensuite 4 épingles cernées de jaune = 1 paire à cheval sur chacune d'elle
    Enfin à droite, un petit rond évidé entouré de jaune = on monte une paire à cheval sur une épingle provisoire (quand on aura fait la première passée tordue de la lisière de gauche, on enlèvera l'épingle provisoire et on tirera sur la paire pour que la boucle vienne au ras du lacet.










    (*) en lisière d'une dentelle de Lille ou de Flandre par exemple, les picots sont faits avec deux fils tordus.

    Comme il y a deux fils, le picot n'est pas dessiné en jaune, mais généralement en violet avec les torsions (ou éventuellement en rouge).



  • "  Il est très utile pour les jeunes filles de savoir repasser leur linge fin, et nous avons pensé qu'en leur fournissant le moyen d'enjoliver tous les ustensiles qui leur serviront pour ce travail, elles prendraient, suivant toute probabilité, avec l'habitude de l'ordre, un certain plaisir à accomplir cette besogne "

    ... ...   C'est en tout cas ce que l'on peut lire dans La Mode Illustrée du 18 mars 1877.



    Je vous propose donc de découvrir ces ustensiles, dont certains sont très mystérieux pour moi, j'ai donc mené ma petite enquête.


    On va commencer par les faciles :

    La poignée du fer à repasser.

    Que vous pouvez admirer sur la gravure en début d'article. Elle est faite de 2 morceaux de toile bleue entre lesquelles on mettra une couche de crin. On capitonne avec de petites houppes de laine rouge. On encadre avec un cordon brodé, et des rubans permettent de la  fixer à la poignée du fer à repasser.

    ça c'est facile, on devine que c'est pour tenir le fer (chauffé à la braise) sans se brûler.


    Tapis pour essuyer le fer à repasser.

    On le voit aussi sur la gravure du haut, il mesure 15 cm sur 30 cm, et est réalisé en macramé avec une grosse ficelle.





    Facile aussi : la couverture à repasser.

    Elle est en feutre blanc et fait 80 cm sur 58cm.
    Le journal propose de la décorer avec un petite point de broderie et une bordure au crochet.

    Je présume qu'elle servait de molleton et qu'on repassait dessus.









    A  partir de là ....  ça devient plus.... "exotique"  , j'ai en effet  découvert les objets suivants :

           


     le Sac à cire

    Il est en toile blanche. le fond est un disque de 9 cm de diamètre, avec un rebord de 4cm de largeur (brodé), Puis le bord supérieur est orné d'une coulisse que traverse un cordon.









    Ensuite nous avons la Bourse à Indigo

    Ce sont deux morceaux de flanelle blanche de 10cm de large sur  17 cm de haut, dont on arrondi le bord inférieur et que l'on coupe en pointe vers le haut. On brode les coutures sur le côté.
    On rattache un cordon au crochet aux deux pointes. On passe ce cordon dans un anneau en os, et on le fixe sur un des côtés de la bourse
    .







    Puis l'énigmatique forme du Sac à Empois

    Il est d'une  gaze épaisse de 50 cm de large et 72 centimètre de long que l'on replie en deux dans le sens de la largeur.
    Le sac est garni à chaque bout d'un ourlet dans lequel on passe des baguettes de bois percées de trous et garnies d'une boule à chaque bout.

    Quand l'empois cuit est placé dans le sac, on noue celui ci, on le tord à l'aide des baguettes de bois, de telle sorte que l'empois ne passe pas par les mains.






    Enfin nous avons les cordelettes à sécher le linge .



    On nous dit qu'elle sont  très faciles à faire puisqu'il suffit de recouvrir  12 brins de coton en faisant des noeuds de frivolité.














    Pour ranger vos cordelettes, n'oubliez pas bien sûr

      le sac à cordelettes 
    qui est en plus très décoratif !

    Il  est en toile bleue avec des bandes brodées.









    Et maintenant que j'ai tout cousu, trout brodé, appris pour l'occasion le macramé et la frivolité, je m'en sers comment de tout ça pour repasser ? 
    hein ?



    Pour essayer de comprendre l'utilisation de tout ces objets, je me suis aidée d'un ouvrage de Paul Masson sur les coiffes Nantaises (*) et d'un article de l'Almanach de la servante chrétienne de 1930 !  !


    On me dit de tremper d'abord mon linge dans l'empois : dans de l'eau, on mélange de l'amidon, de la gomme arabique, un petit morceau de cire vierge et  quelques gouttes de bleu.
    Ce mélange est cuit jusqu'à former une bouillie épaisse dans lequel on trempe le linge, on le presse pour qu'il s'imprègne bien de l'amidon, puis on l'essore afin d'enlever l'excès d'amidon.

    Bon, là, je viens de comprende à quoi allait me servir mon sac à empois.



    Le sac à cire : à mettre ma réserve de cire ?
    Avant de repasser, Paul Masson me  conseille de frotter le fer avec un morceau de cire enveloppé dans un gros linge, puis de l'essuyer, et de recommencer l'opération plusieurs fois en cours de travail.
    Tout ceci de façon à ce que le fer glisse bien et ne rouille pas
    .
    Pour avoir pris le peine de faire le sac à cire avec un disque rond et bien plat dans le fond, je pense que ce petit sac était peut être destiné à cet usage.



    Et la bourse à Indigo ?
    Bien sûr Indigo fait penser à bleu .... peut être a-t-elle  un rapport avec le bleu que l'on met dans l'empois, mais sur ce coup, Paul Masson ne m'aide pas beaucoup, il dit simplement qu'il faut avoir du "Bleu à linge, enveloppé dans un linge, trempé dans l'eau et essoré"
    Les 5 à six gouttes que l'on met dans l'empois sont obtenues "en essorant le linge contenant le bleu".
    Ce bleu servait à "blanchir" le linge disait-on; en fait il donnait plutôt un léger reflet bleuté qui renforcait l'impression de blancheur.
    La petit bourse à indigo servait elle à mettre ces petites boules de bleu ? Mais sa forme particulière avait-elle un but pratique précis ?
    là, je sèche.



    Et à propos de sécher, vennons-en à mes cordelettes pour sécher le linge : j'ai supposé que c'étaient nos pinces à linge actuelles.    Mais comment s'en servait-on ?
    Et puis pourquoi les mettre dans les ustensiles de repassage, alors que le repassage se fait une fois le linge sec en général.
    La "servante chrétienne" m'a appris qu'après avoir fortement pressé le linge pour enlever l'excès d'empois, il fallait l'étendre pour le faire sécher ... c'est peut être à ce moment là qu'interviennent les cordelettes ?


    Quand au tapis à nettoyer le fer ,  avec tout cet empois et cette cire, je comprend maintenant pourquoi il fallait de temps en temps le nettoyer en le frottant sur un gros tapis de corde.




    Vous voyez que mon enquête est loin d'être terminée. alors je lance un
    appel à témoins
    Si vous pensez détenir des informations susceptibles de faire avancer l'enquête, merci de laisser votre message sur ce blogue !

      Pour tout vous dire, je compte assez peu sur les témoins de 1877 ...  mais peut être sur  quelques  "servantes chrétiennes" qui repassaient en 1930 ?  ou leurs filles,  petites filles,  ou arrières petites filles ?



    Ah oui, j'oubliais  :  si, dans une souci d'écologie, vous décidez d'abandonner l'électricité et de vous confectionner les outils de repassage à l'ancienne , n'oubliez pas aussi de réaliser votre

    Panier à linge fin  .

    Il est en osier, avec un couvercle.
    Le devant et les côtés sont garnis à l'extérieur de poches de toile bleu foncé destinées à contenir les dentelles, les fers à gaufrer, etc.
    On garnit aussi l'intérieur du panier, et des galons fixés au couvercle permettent  de ranger des fers à gaufrer.



    Avouez maintenant que ça va être un vrai plaisir de repasser, non ?


    NON ?????  !!!!!!!!!

    pfffffff......  c'était bien la peine que j'me décarcasse !  
     






    (*) Paul MASSON - La Dormeuse ou l'art de la coiffe nantaise. 1979 . Editions du Pays de Retz.





  • Dans le Fleuri de Bruges , dans les dentelles figuratives.... et ailleurs, on rencontre souvent des 

    épingles pivot




    On parle d'épingle pivot quand les voyageurs utilisent plusieurs fois la même épingle (*).

    Cela se situe normalement dans les virages assez accentués, "en épingle à cheveux",  où toutes les épingles de l'extérieur du virage reviennent vers la même épingle du centre (épingle en rouge sur le schéma).




    Sur la feuille de trèfle (un des motifs traditionnels du Fleuri de Bruges) qui est en haut, il n'y a pas moins de 6 épingles pivot !

    Le petit cheval celte que je vous montrais il y quelques temps présente aussi une belle collection d'épingles pivot. En plus de celles de la têtes, y en a au niveau des pieds qui comptent de très nombreux passages sur la même épingle.




    Je vous propose de voir dans le détail le travail d' une épingle pivot


    Pour l'exemple, j'ai dessiné un lacet genre Fleuri de Bruges, mais le principe serait le même si tout était en mat, en grille ou autre.  On peut aussi utiliser cette technique pour certains éventails des dentelles Torchon.




    1er passage sur l'épingle pivot.

    Le point A est le point de l'épingle pivot qui sera utilisée plusieurs fois.
    Quand on se dirige pour la première fois vers l"épingle A, on travaille toutes les paires passives normalement, SAUF la dernière paire.

    Tout d'abord, on fait 2 ou 3 torsions sur cette dernière paire passive que nous appellerons la paire de coulisse.

    La paire de voyageurs passe SUR cette paire de coulisse (= on ne fait ni croisements, ni torsions, les deux fils de la paire de voyageurs passent vraiment par dessus les deux fils de la paire de coulisse).

    On pose l'épingle A entre les voyageurs et la paire de coulisse.
    On fait 1 ou 2 torsions sur les voyageurs
    Puis ces mêmes voyageurs vont passer SOUS la paire de coulisse.

    Et on recommence à travailler les autres paires passives comme d'habitude.





    2ème passage sur l'épingle pivot (et passages suivants)


    Au deuxième passage, on passe à nouveau SUR la paire de coulisse, on fait 1 ou deux torsions sur les voyageurs à qui l'on fait faire le tour de l'épingle A.
    Puis les voyageurs passent SOUS la paire de coulisse et reprennent le travail.

    Ainsi de suite à chaque passage.

    Un petit truc TRES TRES important :

    Petit truc à faire à chaque passage, quand les voyageurs sont à droite , avant de fermer l'épingle de la lisière droite :

    Tout en tirant les voyageurs vers la droite, vous tirez C et X vers la gauche,  en les plaquant bien contre l'épingle A.

    Pour les autres paires pendantes, au contraire, veillez à ne pas trop les tirer, ou les tirer légèrement mais vers l'autre côté (comme indiqué avec la paire Y) pour que les paires pendantes remplissent bien tout le mat ou la grille (en effet, à cet endroit, le mat est plus large et vous n'avez pas plus de paires, il faut donc les diriger intelligemment).






    Au niveau de la première épingle qui suit l'épingle pivot.




    Quand vous arrivez à la première épingle qui suit l'épingle pivot (épingle B sur le schéma), vous travaillez la paire de coulisse normalement (en passée tordue dans notre exemple).

    Puis vous posez l'épingle B et surtout, avant de la fermer,  vous allez enlever délicatement l'épingle pivot A, et tirer un peu sur la paire de coulisse afin que tous les passages successifs des voyageurs s'étalent en éventail sur cette paire de coulisse .

    (Pour enlever l'épingle A, appuyez avec un doigt sur la dentelle au bord de l'épingle, afin que la dentelle ne se soulève pas, et ne se déforme pas, quand vous tirerez sur l'épingle A)








    Et voici le résultat :



    Vous voyez d'abord que la lacet est beaucoup plus large au niveau du virage, d'où la nécessité de diriger astucieusement les paires pendantes afin qu'elle occupent bien l'espace.


    On ne voit plus les boucles qui étaient autour de l'épingle A. Elles se sont étalées en éventail bien au ras de  la paire de coulisse.

    C'est ce résultat qu'il faut obtenir.

    Si au contraire vous avez de grandes bouclettes disgracieuses à ce niveau (défaut assez fréquent au début), si vous n'avez pas ce bord lisse au niveau de l'épingle A, c'est que vous n'avez pas bien appliqué le "petit truc TRES TRES important" de l'étape 2 

    Il faut bien le suivre à chaque passage des voyageurs.


    En effet, plus il y a de passages sur l'épingle pivot, plus ça va s'empiler, plus les bouclettes formées à cet endroit par les voyageurs seront larges.
    Le fait de tirer sur C et Y a pour but de "fermer" le plus possible ces bouclettes.

    Quand il y a vraiment beaucoup de passages successifs, on peut enlever l'épingle pivot en cours de chemin pour lâcher les premières bouclettes avant de continuer .... mais la manoeuvre n'est pas toujours facile à réussir ...




    OUF, ça y est, les plus courageuses sont arrivées au bout de leur lecture !
    C'était long, hein ?


    Ben oui .... mais j'ai beau essayer, je sais pas faire autrement ...
    et puis quand vous serez en train de faire votre première épingle pivot, je me dis que ces petits détails ne vous seront peut être pas inutiles ....





    (*) le principe de l'épingle pivot ne s'applique sue si l'épingle est utilisée + de 2 fois. Si elle n'est utilisée que 2 fois ... c'est une autre histoire ....pour plus tard 







    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires