• Tout à l'heure, en feuilletant un numéro daté de novembre 1932 de la revue "Les ouvrages" , Supplément au Jardin des Modes,
    je suis tombée sous le charme de cette broderie au Point Turc.


    C'est un point bien connu des dentellières car souvent utilisé pour le montage des dentelles (1) .
    Par contre, j'ai rarement eu l'occasion de le voir utilisé comme point de base pour une broderie.

    Parfois, quand je monte une pochette ou un napperon je trouve que le carré de tissu est trop grand et trop vide, surtout si la dentelle tout autour est de taille modeste.
    Alors d'habitude je me contente de faire un petit jour classique supplémentaire tout autour.
    Mais cette broderie me donne des idées : par exemple faire dans un angle un petit motif avec un rang de point turc, motif rappelant si possible celui de la dentelle (2).

    En tout cas, idée ou pas, je n'ai pas résisté à vous montrer cette jolie broderie, comme je ne vais pas résister à vous donner son descriptif et ses explications : même eux ont un petit goût rétro délicieux.
    (Et n'ayez pas peur des explications qui paraissent un peu embrouillées à la première lecture, mais qui sont finalement on ne peut plus claires si on les suit pas à pas à l'aide du schéma).



    "La broderie de cette jolie combinaison peut se faire sur crêpe de Chine ou Crêpe satin. Ci dessus, elle est faite en crêpe de Chine; les applications soulignant les espaces vides entre les fleurs sont seules en crêpe satin. Les contours des fleurs sont au point turc; les jours au point turc double; coeurs au plumetis."


    Le Point Turc : "Une débutante s'exercera à faire ce point si simple, mais qui semble compliqué, sur un morceau de tissu en marquant des petits points en forme de V, suivant les numéros 1, 2, 3, 4, 5, 6, etc. du schéma, ensuite l'aiguille (assez grosse, enfilée de fil fin) à la main, elle sortira l'aiguille à 1 pour piquer à 2, ressortir à 1 pour repiquer à 2, ressortir à 3, piquer à 1, ressortir à 3, chaque mouvement se doublant en serrant bien les fils pour former le jour."

    Le Point Turc Double  "est le point ajouré qui remplit les pétales des fleurs. On fait un premier rang de point turc en suivant les contours. Le deuxième rang se fait en suivant, sur le schéma ci dessous, les flèches du rang inférieur. Sortez l'aiguille à 1, piquez à 2, ressortez à 1, repiquez à 2, sortez à 3 pour repiquer à 1.  Sortez à 3, piquez à 1, sortez à 4, piquez à 1, sortez à 4, repiquez à 3, sortez à 5 pour repiquer directement à 4, c'est à dire qu'à la partie supérieure en V, on supprime le point horizontal du point turc simple."




    (1) monter une dentelle = la coudre au bord du tissu par un point turc, point de Paris, point de Bourdon , etc. ,  avec ou sans ourlet ..... il y a 1000 manières de faire !
    (2) si vous voulez faire un jour ou un autre type de broderie au milieu du carré, faites le AVANT de monter votre dentelle. Si vous brodez l'intérieur après, ça resserre le tissu et ça va gondoler
     !





  • Et oui, c'est bien Napoléon !

    Que vient-il faire ici ?

    Mais il a sa place, oui oui, il a sa place sur un blogue de dentelle,
    car il a "bataillé" pour elle !

    Ce ne fut pas une défaite .... mais ce ne fut pas une grande victoire non plus !


     Napoléon a essayé d'aider les industries du luxe, peut être plus pour des raisons de prestige d'ailleurs, que pour des questions économiques.

    Parmi ces industries : la porcelaine, les soieries lyonnaises par exemple ... et la dentelle qui avait particulièrement besoin d'aide à cette époque.
    Ce n'était  pas la révolution qui avait tué la dentelle, l'industrie dentellière était déjà sur son déclin. Il suffit de comparer la place qui lui était faite sur les costumes Louis XIV et Louis XVI pour s'en rendre compte.





    Pour mener la bataille et sauver la dentelle, Napoléon avait deux armées prestigieuses :

    les dentellières d'Alençon et celles de Bruxelles.

    Et oui, Bruxelles aussi , qui faisait partie à ce moment là de l'empire français!
    L'application de Bruxelles d'ailleurs se prêtait à merveille aux motifs d'abeilles, aigles et couronnes de laurier du style napoléonien.

    Il accorda d'abord des fonds importants destinés à ouvrir des écoles, à organiser des concours, mais l'effet de ces mesures sera de courte durée.


    Pour relancer l'industrie dentellière il fallait surtout relancer les commandes, et pour relancer les commandes, il fallait mettre les dentelles en valeur, leur faire de la "pub".





    Pour cela, Napoléon emploiera deux méthodes :

    Les commandes impériales et les expositions internationales.



    De  nombreuses et importantes commandes impériales donnèrent une bouffée d'oxygène à cette industrie.


    Ces commandes donnaient parfois à Napoléon l'occasion de faire des visites de prestiges
    ,
    à Bruxelles en 1803 dans la firme de Mme Vanderborght,

    à Alençon le 31 mai 1811 chez Mme Crérambault à qui il avait commandé une garniture de lit pour Joséphine, garniture de lit "parsemée d'abeilles et bordée de branches de lilas"
    ....  qui fut terminée un peut trop tard pour Joséphine et qui nécessita  un changement d'initiales de dernière minute pour mettre celles de Marie Louise.


    Il s'agissait véritablement de visites de prestige puisque Napoléon  arriva à Alençon avec un cortège composé de "50 voitures, attelées de de 250 chevaux de poste, 17 bidets pour les piqueurs, 6 brigades de chevaux de selle, 6 berlines de ville, 3 calèches à la Daumont, et 50 chevaux de carrosse. Il y avait pour les escortes 150 grenadiers, 230 chasseurs, autant de dragons et 15 gendarmes d'élite" (1) . 

    Et les dentellières de Mme Crérambault étaient là à l'arrivée,  pour lui faire une démonstration de leur art .
    A-t-il dit  les phrases que l'on entend à chaque démonstration : "il faut de bons yeux" .... "j'aurais pas la patience" ....      
         ...    ça m'amuse de l'imaginer   




    Les expositions nationales et internationales étaient aussi l'occasion de mettre les dentelles à la main en valeur, car n'oublions pas qu'elles étaient menacées, étouffées par la concurrence des ouvrages mécaniques anglais.

    Commandes impériales et expositions  suscitèrent un nouvel intérêt pour la dentelle, entraînèrent quelques commandes qui permirent de à la dentelle de prestige et à quelques grandes firmes de survivre, mais pas à l'industrie dentellière de faire vivre les milliers de petites dentellières des siècles précédents.



    Comme sous la monarchie où le port de la dentelle était obligatoire, Napoléon exigea aussi que l'on porte de la dentelle pour les réceptions officielles .
    Pour les hommes, même sur les costumes d'apparat, il n'y avait guère que le jabot qui était en dentelle. Et en dehors des très riches costumes de  cour, elle n'était pas présente sur les tenues masculines.

    Quant à Napoléon, à part le petit jabot d'Alençon et le col à la Médicis de son couronnement .... on ne le voit guère porter de dentelle sur les différents portraits connus !









    Par contre, les dames de l'empire portaient beaucoup de dentelles (au moins sur les robes d'apparat) .

    On aime beaucoup aussi à l'époque les cols relevés "à la Médicis", un peu comme celui de Joséphine que l'on voit ci contre

    La dentelle d'application de Bruxelles était la plus appréciée, mais on portait aussi beaucoup de  Blonde qui avait surtout l'avantage d'être peu chère.












    Les robes en Point d'Alençonsont quand même plus rare .... imaginez le temps que j'ai passé à admirer cette robe entièrement en Alençon lors d'une exposition des Musées Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles (hélas la photo ne lui rend pas  vraiment hommage) . 

    Regardez bien : toute en Point d'Alençon !!!!!





    Les photos "dans leur ordre d'apparition à l'écran" :
    - Napoléon en costume de sacre par Robert Le Fèvre
    - Voile en application de Bruxelles sur réseau Drochel
    - Portrait du Maréchal Duroc en  costume de cour par Baron Gros
    - Josephine - Détail du Sacre de Napoléon par Jacques-Louis David
    - Robe en Point d'Alençon 1805. Musées Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles
    (1) "La dentelle d'Alençon". Felix Boulard  1924


    -


  •  




    Voici un petit cheval en dentelle que j'ai créé en reprenant un dessin de cheval celte.

    Il est réalisé pratiquement d'un seul tenant en commençant par le haut de l'oreille et en terminant sous le cou. Seule la queue a été rajoutée après coup.

    Les points ? 
    les plus simples : que de la grille et du mat !
    Il est réalisé en lin Bockens 60/2 et mesure 20 cm





    Je profite de ce petit cheval pour montrer un "truc" à celles qui ne le connaîtraient pas déjà.

    Si vous regardez par exemple la partie en mat de la jambe arrière du cheval, vous voyez que le mat devient plus étroit (il faudrait donc enlever des paires) et s'élargit à nouveau tout de suite après (il faudrai donc rajouter des paires).

    Enlever des paires pour les rajouter tout de suite après .... c'est bête

    Les laisser, tant pis ?
    Le mat serait beaucoup trop serré à l'endroit le plus étroit et ce ne serait pas joli.



    Le plus simple dans ce cas est d'écarter momentanément la  (ou les) paire(s) en trop : on la met sur le côté et on la  réintégrera dans le mat un peu plus loin, quand il s'élargira à nouveau.

    Deux petite précautions: d'abord, quand je dis d'écarter une paire, je devrais dire plus exactement écarter 2 fuseaux, mais 2 fuseaux qui ne se touchent pas (il faut laisser un fil entre eux) pour éviter que cela fasse un trou trop visible.
    De même, quand on les réintégrera dans le mat, on ne mettre pas les deux fils côte à côte.

    Bien sûr, on prend des fils au milieu du mat, pas des fils en bordure.

    Enfin, si on doit enlever plusieurs paires, on ne le fait pas en même temps, sur le même rang, on échelonne les retraits et les rajouts.




    Si la distance est un peu trop importante entre le retrait le rajout, si l'enjambée est trop longue, je conseille d'échanger : on rentre la paire écartée et on en sort une autre à la place afin d'avoir plusieurs petites enjambées plutôt qu'une trop longue qui risque de mal se placer, et dans laquelle on pourra facilement s'accrocher, au repassage entre autre (c'est ce que j'ai fait sur la photo ci dessus).

    On sera obligé aussi de faire ce genre d'échange si on travaille un lacet qui tourne, afin que les enjambées de fils suivent le lacet et ne traversent pas sauvagement au virage !.

    Enfin, il faut être raisonnable ! ce système est à réserver aux petites distances malgré tout !



    Bien entendu, ces enjambées se verront : votre dentelle aura donc un envers et un endroit.

    Sur un motif à fils coupés comme ce petit cheval, cela n'a pas d'importance, il y a d'office un envers et un endroit , mais on peut aussi avoir le cas sur une dentelle Cluny par exemple.
    A vous alors de trancher, de savoir si vous souhaitez que votre dentelle soit parfaite des deux côtés, réversible ou pas.


    On trouve ce principe dans beaucoup de dentelles : autrefois les dentellières qui avaient besoin de gagner leur vie avec leur ouvrage n'hésitaient pas à utiliser tous les  petits trucs qui leur faisaient  gagner du temps ... et du fil.

    A Brioude, chez Mme Arpin, je sais qu'elles appellent ce système les fils de flotte, ou paires flottantes. Je ne sais pas si c'est une appellation traditionnelle ... mis en tout cas j'aime bien l'employer car je la trouve jolie et l'image est juste.




    Demain c'est dimanche, et c'est l'été !
    quittez votre ordi, et allez courir dans les prés  !

    (conseil d'un petit cheval celte ...  et Papillon est 100% d'accord avec lui ! )








  • Je ne sais pas si l'accessoire de mode le plus adapté à la dentelle n'aura pas été  les engageantes, ces volants de dentelles ou de fines broderies blanches , parfois ornés de rubans, qui prolongèrent les manches mi longues des robes pendant un peu plus d'un siècle, de 1670 environ, sous Louis XIV, jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, jusqu'à la révolution.

    Voyez sur cette photo combien ces engageantes sont faites pour mettre magnifiquement en valeur la dentelle, mais aussi ... et surtout....  la grace et la féminité de cette main.







    Les engageantes apparaissent sur les robes somptueuses du règne de Louis XIV, ces robes surchargées de noeuds, de rubans, de broderies d'or, d'incrustations de dentelles.

    Les manches de la robe s'arrêtaient légèrement au dessous du coude et étaient bordées de deux, trois ou parfois même quatre  couches de dentelles.

    Ces flots de dentelles, ces rangs de linon mousseux accompagnaient à merveille les gestes élégants et gracieux de ces bras à la peau si blanche, comme le voulait la mode à l'époque.






    Par contre ... l'hiver ...comme le montre ce dessin de Nicolas Bonnard, le manchon n'était pas superflu !










    Les portraitistes du XVIIIème siècle nous permettent enore  aujourd'hui d'admirer les engageantes les plus spectaculaires, notamment celles de Mme de Pompadour ci dessus.

    A ce moment là, les robes se sont allégées (bien que toujours très richement ornées malgré tout). On porte la robe dite "à la française" avec ses manches à double ou parfois triple pagode : 2 ou 3 volants du même tissu que la robe sont fixés à la manche par une large bande froncée.

    Comme les engageantes dont ils sont l'écrin, ces volants sont étroits à la saignée du bras et beaucoup plus longs à l'arrière.
    C'est ce type de manche que l'on voit sur le détail du portrait de Mme de Pompadour , ainsi que sur la photo en tout début de l'article, photo en noir et blanc d'une robe présentée lors d'une exposition du Musée de la Mode et du Costume de la ville de Paris, avec des engageantes en Valenciennes.




    Par la suite, même si les larges robes à la française seront toujours portées à la cour jusqu'à la révolution pratiquement, les engageantes vont nettement se simplifier et même disparaître progressivement avec l'arrivée des "polonaises" et des "robes  à l'anglaises", comme le montre la photo ci contre ou le simple petit volant de dentelle ne rappelle que de très loin les spectaculaires engageantes passées.








    Les engageantes étaient  constituées de plusieurs  volants superposés ,volants de dentelle ou volants de broderie blanche sur du linon léger, de la mousseline.

    Comme l'explique Anne Kraatz dans son ouvrage "Dentelles", il était rare de voir des dentelles fabriquées spécialement pour les engageantes.
    En effet, ces dentelles devaient alors  être étroites aux extrémités et très  larges au milieu .
    Des engageantes faites "en forme" coûtaient donc extrêmement cher.
    Comme de plus, une grande partie des volants étaient cachée par les volant supérieurs, les engageantes étaient très souvent fabriquées à l'économie :  en cousant une dentelle droite au bord  d'un large  tulle simple sans motif (le marli).
    Seule la bande de dentelle était donc visible, le marli étant caché par les volants  supérieurs.



    Qu'ils soient entièrement en dentelle, en dentelle et marli, en broderie, ou en simple mousseline légère, ces volants étaient froncés et fixés sur une bande de tissu, bande qui était ensuite cousue au bord des manches de la robe, à grands points, afin de pouvoir être facilement décousus et lavés.



    La photo de droite vous montre un exemple d'engageante en broderie de Dresde.
     Ce type de broderie blanche a beaucoup concurrencé la dentelle au XVIIIème siècle, pour les engageantes, mais aussi pour les fichus et les tabliers (qui étaient à cette époque un accessoire de mode très richement travaillé et pas du tout utilitaire !).








    Si vous voulez voir ces dames "en entier ":
    Vous pouvez voir le portrait de Mme de Pompadour par Maurice Quentin de la Tour ici.
    Pour voir d'autres tenues et d'autres engageantes de la même dame, vous pouvez aussi cliquer ici et ou encore  où vous remarquerez aussi la largeur de la dentelle en bas de la robe.
    Marie Antoinette par Vigée le Brun est ici.
    Et pour le plaisir de voir d'autres belles dames aux belles engageantes : ici Marie Leczibnska par Jean Marc Nattier, ici Dorothy Quincy par J Singleton Copley, et  Davig Garrick et sa femme par William Hogart





    Et si nous nous remettions à porter des engageantes ?

    Pas en dentelle ou en broderie blanche, non.

    Mais pourquoi pas  des chemisiers  ou même des  t shirt aux manches mi longues, avec des engageantes en tissus de fantaisie,  de matières et de couleurs différentes, ornés de broderies, breloques, boutons.....
    Il y a quelques créatrices dont je visite souvent les blogues ... et qui j'en suis sûre, feraient ça très bien ....





    Une partie de la bibliographie utilisée pour cet article :
    Le costume Français - Jacques Ruppert
    Dentelle - Anne Kraatz
    Histoire de la mode et du costume - James Laver
    Catalogue de l'exposition Mode en dentelle - Musée de la mode et du costume de la Ville de Paris.1983
    Embroidered with white by Heather Toomer



  • Après les 2 fonds que nous avons déjà vus : 



     Fond Torchon à gauche

    et

    Fond Dieppe
    à droite
    ,






    voici les 2 autres fonds de la "bande des quatre" :




       Fond Bruxelles à gauche

    et

    fond Épingle Close à droite





     
    Je dis la bande des 4, car ils sont tout à fait interchangeables.
    Si un modèle qui vous plait est réalisé en Fond Torchon, rien ne vous empêche d'utiliser un des trois autres à la place si vous le souhaitez..

    (cependant, le Bruxelles, très raide et un peu lourd, est rarement utilisé)






    Le schéma en couleur du fond Épingle close



    Avec 2 paires ( 2 traits sur le schéma ), vous faites une demi-passée C T + 1 torsion
    ( les deux traits se croisent en vert  pour indiquer la demi passée, et le petit trait rouge signale la torsion supplémentaire sur chaque paire)

    Vous posez l'épingle  dessous, entre les deux paires ( le point noir)

    Puis, sous l'épingle, avec les deux mêmes paires, vous faites à nouveau une demie-passée C T + 1 torsion
    ( les deux traits se croisent en vert  + un petit trait rouge sur chaque paire)


    Fond Épingle close 
    =  C T  T  C T T

    Pour chaque point, il y a 4 petits traits rouges pour les torsions supplémentaires. Sur un dessin technique avec toute une partie en épingles closes, c'est assez embrouillant, peut être est-ce pour cela que le Fond épingle close a eu droit à une couleur particulière : le marron.

    Si 2 traits se croisent en marron, vous devez donc faire C T T


    Le point se termine par deux torsions,
    Souvenez vous du principe évoqué à propos des fonds Torchon et Dieppe : on commence un point comme on le termine.
    Donc pour le fond Épingle close, comme pour le fond Dieppe, les paires doivent être tordues 2 fois avant de commencer le point.





    Le schéma en couleur du fond Bruxelles


    Ce fond est aussi appelé Fond Épingle close du Velay


    Je préfère l'appellation Bruxelles qui est plus généralisée. Même en France, sur les vieux journaux de la fin XIXème, ou dans l'incontournable "bible" de Thérèse de Dillmont "L'Encyclopédie des ouvrages de Dames", il est appelé Bruxelles.


    Avec 2 paires ( 2 traits sur le schéma ), vous faites une passée tordue C T C T
    ( les deux traits se croisent en rouge)

    Vous posez l'épingle  sous la passée tordue, entre les deux paires( le point noir)

    Puis, sous l'épingle, avec les deux mêmes paires, vous faites à nouveau une passée tordue
    ( les deux traits se croisent en rouge)


    Fond Bruxelle
    s=  C T  C  T  .  C T C  T
    Le point se termine par une torsion
    ,
    Donc pour le fond Bruxelles comme pour le fond Torchon, les paires doivent être tordues 1 seule fois avant de commencer le point.






    Imaginons maintenant ces deux fonds en bordure du pied de la dentelle.

    Voici ce que ça donne avec le dessin technique en couleurs.



    Commençons d'abord par voir un fond Bruxelles au bord d'un pied épinglé à 4 (à bord lisse) avec une paire pendante travaillée en passées tordues.
    Tout est en passes tordues, le dessin est donc entièrement rouge.


    On a 3 éléments :

    le pied (3 paires)
    Le réseau
    et la ligne de LIAISONS  entre le pied et le réseau.


    Dans le cas des 4 fonds dont nous parlons, la liaison se travaille exactement comme le réseau.

    Pour la liaison, le voyageur va donc faire  un point de Bruxelles.
    Avant de faire le point de Bruxelles, il doit être tordu 1 fois.

    Comme il sort d'une passées tordue (avec la paire pendante du pied) il a déjà une torsion naturelle.
    Donc on ne rajoute pas de torsion et on fait le point de Bruxelles directement.








    Voyons le même pied mais avec un fond Épingle close.

    Avant de faire la liaison en épingle close, les voyageurs doivent être tordus 2 fois.

    Sortant d'un passée tordue, ils n'ont qu'une torsion naturelle, il faut donc rajouter une torsion symbolisée comme d'habitude par le petit trait rouge sur le schéma.


    Cette règle est souvent oubliée sur les pieds des dentelles, donnant ainsi un pied irrégulier : en effet, en appliquant la règle, on a toujours 2 torsions entre la liaison et le pied (à l'endroit des 2 petits ronds).

    Si vous oubliez la torsion supplémentaire, vous aurez 1 seule torsion dans le rond du haut et 2 torsions naturelles dans le rond du bas, d'où l'allure légèrement irrégulière du pied.




    Voici le même principe appliqué à un pied où la paire pendante en passées tordues à été remplacée par 2 paires pendantes en mat
    (Mat = passées = CTC)

    Sortant du mat, les voyageurs ne sont pas tordus du tout.
    Il faut donc rajouter 1 torsion avant de faire la liaison avec le fond Torchon, et 2 torsions pour faire la liaison avec le fond Dieppe.

    Vous remarquerez aussi que le principe est le même à l'intérieur du pied :

    Sortant du mat, les voyageurs ne sont pas tordus. Comme ils doivent faire une passée tordue avec la paire lisuère, il faut au préalable leur rajouter une torsion







    Voilà,  c'est le troisième article consacré au code des couleurs pour les schémas techniques,

    nous avons vu le Rouge, le Vert, le Violet, le Orange et le Marron

    Il nous reste encore le Jaune et le Bleu , ce sera pour la prochaine fois ...






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