• Je ne suis pas du tout une spécialiste des coiffes, je ne sais pas reconnaître leur région, leur époque , mais je sais reconnaître leurs dentelles.
    Inversement, de  nombreuses spécialistes et collectionneuses savent tout des coiffes, mais ne savent pas du tout reconnaître les dentelles qui les ornent.

    Je vous propose une petite méthode de reconnaissance des 3 dentelles qu'on retrouve le plus fréquemment sur les coiffes traditionnelles : La dentelle de Lille, celle de Malines et, un peu plus rare, celle de  Valenciennes.

    Voici trois exemples de petites dentelles qui pouvaient servir à border les coiffes.



    ... et oui, je vous l'accorde, ce ne sont pas des merveilles !!!!  Ce sont généralement des petites dentelles très "ordinaires" qu'on retrouve au bord des coiffes.

    La dentelle est arrivée dans les costumes traditionnels des campagnes et sur le bord des coiffes très tardivement, grâce à la généralisation de la mécanique (aux environs de 1835) et encore était-elle réservée aux classes les plus aisées.
    Ce n'est que dans la seconde moitié du XIXème siècle qu'on en trouvera aussi sur les coiffes plus modestes ... et pour une raison de coût évidente, on trouvera de la mécanique ou des dentelles à la main mais de moindre qualité.
    En effet, pour continuer à gagner difficilement leur vie, les dentellières vont faire des mètres et des mètres de petites dentelles étroites , vite faites, et souvent mal faites, que les colporteurs iront vendre dans toute la France.

    Alors oui, elles ne sont pas très belles, mais celles que je vous propose aujoud'hui sont au moins faites à la main (on verra un autre jour comment les distinguer de leurs copies mécaniques).

    Pour plus facilement les distinguer, il est préférable d'avoir un troisième oeil.
    Moi, j'ai toujours mon troisième oeil dans mon sac, que je peux sortir à tout moment dès qu'on me met un bout de dentelle sous le nez.

    Mon précieux troisième oeil, c'est ce qu'on appelle un "compte-fils" (*)




    Ne vous fiez pas aux motifs: les dentelles se sont toutes copiées les unes les autres. La dentelle de Lille par exemple était une championne du déguisement pour se faire passer pour de la Malines.
    Interressez vous surtout au réseau "genre tulle" qui relie les motifs, c'est lui qui fait la différence.
    Collons notre troisième oeil sur la dentelle.
    Attention à bien la regarder dans le sens dans lequel elle est travaillée : prenez la bande à la verticale, le pied de la dentelle à gauche.



    1ère chose : les motifs sont-ils cernès d'un fil nettement plus gros (dit "cordon" ou "cordonnet") comme sur la photo  ci contre ?

    Si oui, alors vous pouvez éliminer la Valenciennes, il s'agit de Lille ou de Malines


    2ème chose : comment est fait le réseau ?

    Les fond de la Malines et de la Lille sont formés de petits hexagones.

    Si tous les côtés de ces petits hesagones sont constitués de  deux fils tordus plusieurs fois (généralement 3 torsions), comme sur la photo ci contre, alors il s'agit de dentelle de Lille.













    Si en haut et en bas, vous voyez que les côtés sont aussi faits de deux fils tordus,
    mais que les deux côtés latéraux sont formés de tresses (de 4 fils) alors il s'agit d'un fond de Malines.






















    Quand à la Valenciennes, nous voyons sur la photo ci contre qu'il n'y a pas de gos cordon autour des motifs, et elle se reconnait aussi par son fond entièrement constitué de tresses de 4 fils.



    (voir aussi le troglodyte mignon qui est en Valenciennes :Un Troglodyte Mignon pour fêter le Printemps )

















    (La coiffe en tête de cet article est bordée d'une petite dentelle de Lille, les 3 photos suivantes sont dans l'ordre :  une Lille,  une Malines et  une Valenciennes)

    Bien sûr, la dentelle, c'est comme la grammaire française, c'est plein d'exceptions, de cas particuliers, de formes rares. Mais avec ce bref petit test, vous avez de grandes chances d'avoir juste dans la très grande majorité des cas.

    Autre petit chose à ne pas oublier : le nom d'une dentelle ne fait pas référence à la ville dans laquelle elle a été faite. A Lille, on a fait de la dentelle de Lille, mais aussi de la dentelle de Malines et de la Valenciennes ... et au Puy aussi on a fait de la Valenciennes !

    LIENS : Pour plus de détails sur la Valenciennes, c'est   ici  , et pour la Malines, c'est   là  .


    (*) Vous pouvez trouver des compte fils chez les marchands de matériel de dentelle, mais aussi chez certains opticiens tout simplement
    un autre outil pratique dont je ne connais pas le nom exact :  ce sont des sortes de lampes torches grossissantes utilisées par les philatélistes. Elles ont l'avantage d'éclairer en même temps, par contre elles sont beaucoup plus encombrantes et lourdes, ... et puis comme toujours les piles ont tendance à vous lâcher au plus mauvais moment !




  • Françoise, fidèle visiteuse de ce blog, m'a posé une question il y a quelques temps pour savoir comment embobiner ses fuseaux et faire un noeud correctement pour ne pas qu'ils  se déroulent pendant le travail.

    J'allais lui faire une petite réponse perso, et puis je me suis dit que ça pourrait peut être en intéresser d'autres ... et vous faire patienter en attendant mon prochain article qui n'est pas prêt ... même pas commencé ... même pas choisi le sujet ... bref, je suis en retard !)

    Première règle d'or :  on embobine toujours ses fuseaux dans le même sens

    Dans quel sens ?
    Il y a ceux qui ont des avis très tranchés la-dessus, qui sont catégoriques.
    Je pense qu'ils ont tous raison ... en fonction de la torsion du fil qu'ils utilisent.
    Mais moi j'ai l'habitude de dire : embobinez le fil dans le sens qui vous est le plus naturel, comme ça au moins vous ne vous tromperez pas et vous aurez tous vos fuseaux embobinés dans le même sens.

    Par chance, Françoise embobine ses fuseaux dans le même sens que moi (je dis "par chance" car c'est plus facile pour moi de lui faire les schémas !) : c'est à dire qu'elle tient son fuseau de la main gauche, et embobine le fil avec la main droite dans le sens des aiguilles d'une montre.





    Une fois le fuseau suffisamment embobiné, on change de mains : on prend le fuseau de la main droite, et on passe le fil devant le pouce de la main gauche, puis derrière le pouce de la main gauche. on serre l'extrémité du fil contre la paume avec les autres doigts.








    La main droite vient alors enfiler la tête du fuseau dans la boucle, en passant par dessous.








    On retire le pouce pour lâcher la boucle, et on serre doucement la boucle sur le corps du fuseau.






    Les puristes qui ont suivi ce petit scenario vont me dire que j'ai fait un noeud simple au lieu d'un noeud double sur la tête du fuseau.
    A gauche, vous avez un fuseau français, avec une petite gorge sur la tête dans laquelle on devrait faire un noeud double.
    A droite vous avez un fuseau belge, avec une tête simple, et on fait un noeud simple sur le corps du fuseau.



    J'utilse souvent des fuseaux français type "Le Puy" et pourtant je ne fais jamais de noeud double sur la tête du fuseau, je trouve que ça tient mal, surtout si on utilise des fils de coton qui glissent, ou des fils métallisés par exemple.

    Quels que soient mes fuseaux, je fais donc le noeud "à la belge", sur le corps du fuseau et sur les fils embobinés.
    En effet, sur mes schémas, pour qu'ils soient plus lisibles, on a l'impression que le noeud est fait à un endroit où il n'y a pas de fil embobiné. Au contraire, je fais bien attention à ce que le noeud se ferme sur le fil embobiné pour qu'il reste bien en place.

    Voilà, il y a plein de méthodes pour embobiner et faire les noeuds, elles  sont toutes valables.
    Je ne dis pas que celle-ci est la meilleure ... mais c'est ma préférée.


    Ah oui, j'oubliais la deuxième règle d'or :

    Deuxième règle d'or :  on travaille toujours aves des fils de la même longueur

    Je veux dire par là que, en cours de travail, vos fuseaux doivent être au même niveau : on ne peut pas faire un croisement correct et une dentelle régulière avec la moitié des fuseaux au bord de la dentelle et l'autre moitié tout en bas du carreau !
    C'est normal que vos fuseaux se décalent : en effet les voyageurs par exemple raccourcissent beaucoup plus vite que les paires pendantes.
    Il ne faut donc pas hésiter à dérouler ou re-enrouler régulièrement vos fuseaux pour qu'ils soient à nouveau sur la même ligne. 




  • Dans l'article technique précédent  Dans quel sens travailler un mat en dentelle Torchon ?  , nous avons vu comment travailler un mat étroit en biais.

    Pour les courageuses ... et les perfectionnistes ...  voici la suite !


     

    Dans cet article, nous allons voir comment faire quand le mat  (ou la grille) en biais change de sens, c'est à dire quand on travaille une "rivière" pour éviter d'avoir ce qu'on voit sur la photo de droite :  un mat qui est alternativement dense et léger..












    Le schéma de gauche correspond au cas de la photo : au départ, on voit que le mat est dans le bon sens, on fait l'entrée (E) avant la sortie (S), le mat compte donc un maximum de paires pendantes.

    Mais après le virage, on fait la sortie avant l'entrée, on est dans le mauvais sens, le mat compte une paire pendante de moins et est donc plus mince.







    Voici une rivière bien régulière,
    de la même densité tout du long

    et à droite, le carton correspondant

    Que voit-on ?















    On remarque sur le carton que dans les creux, il n'y a pas 1 pose d'épingle, mais 2 poses d'épingle !
    Bon sang, mais c'est bien sûr ...  la voilà la solution  :  on repasse deux fois au même endroit, ce qui nous remettrait dans le bon sens !


    Faisons un petit schéma pour le prouver.

    Je commence mon mat (ou ma grille) dans le bon sens, c'est à dire que mes voyageurs font une entrée de paire avant de faire la sortie quand ils sont à l'horizontale .
    Ils vont donc de E vers S
    Au virage, je travaille mes deux épingles du creux (en rouge)

    .... et à la sortie du virage ?

    .... oh  ... déception : je suis dans le mauvais sens !
    .... je vais maintenant de S vers E, je fais ma sortie avant mon entrée de paire ... mon mat va être moins dense, c'est raté !




    Mais alors, pourquoi ça a marché sur la photo précédente ?

    Et bien parce que le mat (ou la grille) est travaillé dès le départ dans le mauvais sens : on fait la sortie avant l'entrée.

    Vous voyez qu'alors, après avoir travaillé les deux épingles du creux, on se trouve toujours dans le mauvais sens certes, mais au moins le mat est toujours régulier.

    Pour avoir un mat régulier, on choisit donc volontairement de le travailler dans le mauvais sens.
    On préfère avoir un mat un peu léger mais ayant toujours la même densité tout au long de la dentelle.
    De plus, si la rivière est en grille, le fait qu'elle soit un peu trop légère sera pratiquement imperceptible.





    Conclusion :
    Quand on fait des mats en biais qui ne zigzaguent pas, voir les conseils de l'article Dans quel sens travailler un mat en dentelle Torchon ?  pour les faire dans le bon sens et qu'ils soient le mieux remplis possible.

    Quand on fait une rivière, il vaut mieux choisir de la faire "dans le mauvais sens", et faire 2 poses d'épingles dans le creux pour qu'elle soit régulière sur toute sa longueur.




    Oui, mais si je veux un rivière régulière et bien remplie, travaillée dans le bon sens, je fais quoi ?








    Et bien je travaille comme sur ce schéma : je ne fais pas du tout de pose d'épingle dans le creux.

    Vous allez me dire que ça va se voir, ça va faire très écarté, surtout dans le mat.








    Et bien non, pas tant que ça , surtout avec de la grille.
    Et même pour le mat si on le fait avec attention : comme vous le voyez sur la photo ci contre, le mat est régulier tout du long, et le manque d'épingle dans le creux n'est pratiquement pas perceptible.

    De plus, si la personne qui fait le carton connaît la règle, elle pourra tricher en déplaçant légèrement les épingles pour cacher le creux et vous faciliter ainsi le travail.



     

    Sur des cartons bien faits, vous devriez donc voir 2 épingles dans le creux,
        ou aucune épingle dans le creux
    .
        
       









    Une autre solution consiste à utiliser 2 fois l'épingle de la pointe (H).
    Cette solution n'est pratiquement jamais utilisée car sur les mats géométriques, cela fait une sur-épaisseur disgracieuse, mais sur un torchon figuratif, s'il s'agit de la tige d'une fleur ou de la patte d'un oiseau par exemple, la sur-épaisseur ne sera peut être pas gênante, au contraire, elle pourra accentuer un détail important et donner plus de relief.











    Enfin, avec la grille (et uniquement la grille, pas le mat), on peut utiliser la solution suivante : l'astuce est
    pratiquement imperceptible.














    Je profite de cet article pour parler des livres de Lysiane Brulet  :"La dentelle aux fuseaux"  aux éditions Le Temps Apprivoisé.
              Tome 1 "Maîtriser la technique par l'apprentissage de la Dentelle Torchon"
              Tome 2 "Perfectionner la technique par l'étude approfondie de la dentelle Torchon"
              Tome 3 "Affinez vos connaissances techniques avec la dentelle Torchon"

    Plusieurs d'entre vous m'ont demandé des références de livres pour apprendre seule à faire de la dentelle.
    C'est à mon avis le meilleure livre disponible aujourd'hui, le plus sérieux.
    En tout cas, c'est le seul que je connaisse qui explique cette problématique du sens des mats (voir pages 120 à 127... je ne suis pas d'accord par contre avec sa solution de changements de meneurs dans les pages qui suivent puisque d'après moi il ne s'agit plus de grille et de mat, mais de fond mariage biaisé ... mais bon )

    Ce sont des livres un peu rébarbatifs au premier coup d'oeil, avec beaucoup d'échantillons et peu de modèles complets (surtout le premier tome) mais au moins ils vous donnent des bases très solides et sérieuses.
    De plus, l'utilisation de la couleur (sans en abuser) permet de bien comprendre le trajet des fils ... et peut vous donner plein d'idées pour personnaliser et ajouter un peu de fantaisie à des Torchons classiques.



  •  

    Larg : 5.5 cm   Haut : 8 cm   

    Nous sommes le 20 Mars, c'est le premier jour du Printemps, j'ai choisi de le fêter en vous présentant ce petit Troglodyte Mignon.

    Cet oiseau en dentelle de Valenciennes est très important pour moi : c'est ma première création.
    La première fois que je me suis prouvée qu'en partant d'une image dans un livre, je pouvais créer une dentelle.

    C'était  à l'occasion de mon dernier cours de Valenciennes. Le professeur a déposé devant nous une pile de livres  (pas des livres de dentelle !) , afin  que nous trouvions un motif pour réaliser un médaillon.
    Parmi eux, un livre sur l'identification des oiseaux de nos jardins : j'ai choisi le troglodyte !

    C'est donc un exercice, il y a des défauts ... mais j'en étais tellement fière : ma première création !!!

    Petit jeu : Il y a deux choses qui ne sont pas très conventionnelles pour une dentelle de Valenciennes. lesquelles  ? (réponse à la fin de l'article).

    La dentelle de Valenciennes a un réseau composé de tresses.
    C'est à dire que chaque côté des petits losanges du fond est constitué d'une tresse de 4 fils.
    Pour la Valenciennes, si fine et légère, je préfère employer le mot  "tresse" plutôt que le mot "corde" généralement utilisé en France, mais que je trouve plus adapté au Cluny.
    Mais techniquement, corde et tresse, c'est exactement la même chose.


    Cette dentelle a été réalisée en  Coton Égyptien 120/2.
    Un fil fin + un réseau de tresses =  beaucoup de fuseaux pour faire de la Valenciennes !
    Pour ce médaillon de 5.5 cm de large (la photo est un agrandissement), il a fallu entre 180 et 200 fuseaux d'après mes souvenirs.
    (Ce n'est pas un problème : plus j'ai de fuseaux devant moi, plus j'aime !!)



    Les deux libertés prises avec la Valenciennes traditionnelle :
        1 - Le motif : ce sont toujours des fleurs qu'on trouve dans la Valenciennes, pas d'animaux .
         2 - L'utilisation d'un peu de grille dans l'aile de l'oiseau, rarissime en Valenciennes dont les motifs sont normalement uniquement travaillés en toilé (mat).


    Le Troglodyte Mignon est un des plus petits oiseaux de nos jardins, mais c'est aussi le plus vif, le plus fier !
    Il faut l'entendre chanter : ce n'est pas un chant très joli, mais on se demande comment un si petit oiseau (environ 9 g) peut avoir une voix aussi éclatante et puissante.

    Et puis il a a une petite particularité charmante que je vais vous raconter :
    Au mois de Mars, chaque mâle construit plusieurs nids sur son territoire, ce sont des boules de mousse avec une toute petite ouverture latérale. Il fait juste le gros oeuvre, pas du tout l'aménagement intérieur.

    Madame Troglodyte, en se promenant, entre sur le territoire d'un des ces messieurs.
    Ce dernier lui fait alors visiter tous ses nids en espérant que Madame va en trouver un à son goût.
    Hélas, elle peut les trouver mal faits ou mal placés, elle passe alors son chemin et entre sur le territoire d'un autre Monsieur Troglodyte qui s'empresse à son tour de jouer les agents immobiliers.

    Quand finalement Madame trouve le nid de ses rêves, elle en prend alors possession  (à la grande joie du propriétaire bâtisseur) et c'est Madame, exclusivement, qui se charge de l'aménagement intérieur en le tapissant de plumes et duvets douillets pour accueillir leur heureuse progéniture.

    C'est pas une jolie histoire pour commencer le printemps, çà ?







  • Larg : 14 cm
     

    Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous montre ce vieux "truc" bleu  tout usé ?

    Et bien parce que dans ma "boîte à p'tits bouts de dentelles", c'est un des plus précieux à mes yeux : il s'agit d'un ancêtre de la dentelle : le Buratto.


    Bien qu'il s'agisse plutôt d'une broderie sur un support pré-existant, le Burrato est généralement classé parmi les dentelles  car il fait partie de son histoire, il en est à l'origine comme le filet, le point coupé, le fil tiré, le fil écarté, etc.


    A première vue, on peut confondre le buratto avec le filet brodé. La technique de broderie est exactement la même :point de reprise ou point de toile(*), les motifs sont les mêmes : enroulements  renaissance comme sur la photo, personnages, scènes de chasses,  animaux réels ou imaginaires,etc, mais le support est différent.

     

    Le buratto est travaillé sur une toile tissée comme la gaze: c'est à dire que les fils de chaines sont tordus 2 à 2 à chaque passages (en inversant les torsions), tenant ainsi les fils de trame écartés et donnant au final une sorte de canevas ajouré.

    Sur la photo (fort grossissement), on voit bien les fils de trame toujours droits.
    Et les fils de chaînes tordus 2 à 2  avec les torsions inversées à chaque passage.


    Cette toile était à l'origine utilitaire (son nom vient du latin Bura = étoffe grossière) et pouvait servir par exemple à égoutter le fromage. Mais elle fut ensuite tissées plus finement, généralement en lin blanc (ou en chanvre) puis brodée en soie polychrome ou simplement en fil de lin  (de la même couleur que la toile, ou d'une couleur contrastée) .




    Même si on trouve au Buratto un aspect grossier aujourd'hui, il faut savoir qu'il fût très apprécié, au point d'avoir l'honneur de décorer le bonnet de Charles Quint , et pas n'importe quel bonnet : le bonnet sur lequel était posé sa couronne !!!
    Vous pourrez admirer ce bonnet en  cliquant  ICI

     

    Le morceau de Buratto photographié au début de cet article est brodé (en blanc) au point de reprise sur un lin bleu, ce qui etait peu courant car le lin prenait mal la couleur, on préférait donc au contraire le blanchir.

    Il présente un motif typique Renaissance ... mais il est cependant impossible de le dater. En effet, très prisé à la fin du XVIème, le Buratto fut peu à peu oublié, puis la technique fut reprise au milieu du XIXème, essentiellement en Sicile et en Sardaigne d'où elle est originaire.

    La production du XIXème et du XXème a copié fidèlement les motifs du XVIème ...  rendant délicates les datations. 

    En plus de l'Italie, le Buratto a aussi été fait au Pérou, propagé par les missionnaires. On peut donc retrouver des motifs sud américains sur certains Buratto.

    Pour voir d'autres exemples de Buratto :
    cliquez    ICI  pour voir 2 rectangles avec un motif de griffon, ou bien ICI   pour voir des paons.

    Vous pouvez aussi voir de nombreuses photos de Buratto dans le livret de Mick Fouriscot "Le secret des dentelles Volume 1", aux éditions Carpentier.



    (*) Voici la différence entre le point de reprise et le point de Toile
    A gauche, le Point de reprise : des points tissés dans un seul sens
    A Droite, le Point de toile : Des points tissées dans les deux sens

    Vous trouverez une illustration très parlante de la différence entre ces deux points avec la photo de deux petites fleurs en filet brodé  (voir lien plus bas)
    J'ai trouvé ces deux petites fleurs sur le magnifique blog d'Adriana sur la dentelle Randa : c'est ainsi qu'on nomme le filet brodé en Argentine.
    Puisque vous serez sur ce blog, profitez en pour le visiter, découvrir le Randa et admirer les réalisations spectaculaires d'Adriana.

                               Lien sur la photo des fleurs en point de reprise et point de toile  
    ICI
                               Lien sur la page d'accueil du blog d'Adriana  ICI








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